mercredi 5 novembre 2008 par Notre Voie

Le journaliste Alafé Wakili, plus connu sous le pseudonyme d'Assé Alafé, est aux mains de la Police nationale depuis le lundi 3 novembre dernier. Il sera déféré ce matin au parquet du Tribunal de première instance d'Abidjan-Plateau.
Le journaliste, patron du quotidien L'Intelligent d'Abidjan? est arrêté par la police pour faux et usage de faux. Il pèse en vérité, sur Assé Alafé, de sérieuses charges de fraude sur la nationalité ivoirienne. C'est ce que révèle le communiqué de presse lu hier par le commissaire principal Diagouri Gnawa, porte-parole de la Police nationale. Voici le texte de ce communiqué.
Suite à une dénonciation anonyme, les services de police ont interpellé, le jeudi 30 octobre 2008, le nommé Alafé Wakili plus connu sous le nom de Assé Alafé, pour fraude sur son identité. L'attestation d'identité trouvée en possession du susnommé révèle que, Alafé Wakili dit Assé Alafé, est Journaliste, domicilié à Cocody-Riviera, Directeur général du quotidien L'Intelligent d'Abidjan, né le 09 juillet 1971 à Agboville, de Bakayoko Brehima, Ivoirien et de Assé Gbangbo Suzanne, Ivoirienne.
L'enquête préliminaire conduite par la Police nationale a permis de découvrir que ce dernier a disposé, de façon successive, des documents suivants : un extrait d'acte de naissance n° 933 du 11 juillet 1971 établi par la mairie d'Agboville, indiquant la naissance du nommé Alafé Wakili, fils de Moustapha Amao, nigérian et de Abissatu Abiby, nigériane; un extrait d'acte de naissance n° 02921 du 31 décembre 1987 établi par la mairie d'Agboville sur la base du jugement supplétif n° 569 du 24 juin 1987 délivré par la Section du Tribunal d'Agboville, indiquant la naissance du nommé Alafé Wakili, fils de Moustapha Amao, nigérian et de Assé Gbangbo, ivoirienne; deux (02) passeports ordinaires ivoiriens n° 96LA60566 en date du 02 mars 1999 et n° 04LE56549 du 05 avril 2006 établis au nom de Alafé Wakili; un certificat de nationalité n° 040915/074 du 15 mars 2006 établi par le Tribunal de 1ère Instance d'Abidjan au nom de Alafé Wakili, fils de Moustapha Amao, nigérian et de Assé Gbangbo Suzanne, ivoirienne; une attestation d'identité n° 8191/PU-11 Williasmville du 04 avril 2006 établie au nom de Alafé Wakili né le 09 juillet 1971 de Moustapha Amao et de Assé Gbangbo Suzanne; un extrait d'acte de naissance n° 20500 du 14 août 2008 établi par la mairie d'Agboville indiquant la naissance de ALAFE Wakili fils de Bakayoko Brehima, ivoirien et Assé Gbangbo Suzanne, ivoirienne; une attestation d'identité n° 0000-8101766991D/01O08/MI/ONI/DECI du 17 octobre 2008 établie au nom de Alafé Wakili né le 09 juillet 1971, de Bakayoko Brehima et de Assé Gbangbo Suzanne; une carte nationale d'identité ivoirienne de couleur jaune n° 126/01613/86 du 25 août 1986 établie à Agboville au nom de Assé Gbangbo Suzanne née le 27 juillet 1957 à Dimbokro.
A l'analyse, les documents en possession du nommé Alafé Wakili révèlent ceci : de 1971 à 1987, Alafé Wakili dit Assé Alafé a utilisé un acte de naissance au terme duquel son père s'appelait Mustapha Amao, de nationalité nigériane et sa mère Abissatu Abiby, également de nationalité nigériane; à partir du 31 décembre 1987, Alafé Wakili dit Assé Alafé a utilisé un acte de naissance au terme duquel son père s'appelait Mustapha Amao, de nationalité nigériane et sa mère, Assé Gbangbo Suzanne de nationalité ivoirienne; depuis le 14 août 2008, Alafé Wakili dit Assé Alafé utilise un acte de naissance au terme duquel son père s'appelle désormais Bakayoko Brehima, de nationalité ivoirienne et sa mère Assé Gbangbo Suzanne de nationalité ivoirienne.
Ainsi, Alafé Wakili dit Assé Alafé a eu successivement pour père Mustapha Amao, de nationalité nigériane et pour mère Abissatu Abiby également de nationalité nigériane, puis pour père, Mustapha Amao, de nationalité nigérianne et pour mère Assé Gbangbo Suzanne de nationalité ivoirienne, et enfin pour père Bakayoko Brehima, de nationalité ivoirienne et pour mère Assé Gbangbo Suzanne de nationalité ivoirenne.
Ces documents révèlent donc que l'individu Alafé Wakili dit Assé Alafé a utilisé successivement plusieurs actes de naissance, depuis sa naissance, actes dans lesquels les noms de ses père et mère ont changé au fur et à mesure. Bien que né en Côte d'Ivoire, il est, au regard de notre code de la nationalité, nigérian.
Interrogé sur les différents changements d'identité de ses père et mère, et sur l'usage d'autant d'actes de naissance, le sieur Alafé Wakili a déclaré n'y être pour rien et qu'en réalité le nommé Mustapha Amao est son père adoptif. Poursuivant, il a ajouté qu'il n'a été reconnu par son véritable père, le nommé Bakayoko Brehima, qu'en 1987, et que ce dernier lui a établi, le 31 décembre 1987, son nouvel extrait d'acte de naissance. Auditionné, le sieur Bakayoko Brehima a nié être le père du mis en cause et a indiqué qu'il n'est l'auteur d'aucun des actes de naissance trouvés en possession de Alafé Wakili dit Assé Alafé. Par ailleurs, il a confirmé que la mère du nommé Alafé Wakili est bel et bien Abissa tu Abiby de nationalité nigériane. Il affirme n'avoir jamais connu dame Assé Gbangbo Suzanne présentée par Alafé Wakili comme étant sa prétendue mère. Par ailleurs, le Service d'état civil de la mairie d'Agboville, saisi aux fins d'authentification de l'extrait d'acte de naissance n° 20500 du 14 août 2008 établi au nom de Alafé Wakili, a déclaré que cet extrait est un faux document parce que ne figurant dans aucun registre de la circonscription d'état civil d'Agboville.
Ainsi, le nommé Alafé Wakili est passé de la nationalité nigériane, parce qu'étant de père et de mère nigérians à la nationalité ivoirienne par confection d'actes de naissances successifs dans lesquels il a substitué les noms de ses véritables père et mère de nationalité nigériane par ceux de personnes de nationalité ivoirienne, en l'occurrence Assé Gbangbo Suzanne de nationalité ivoirienne comme mère et Bakayoko Brehima, de nationalité ivoirienne comme père.
Interpellé le lundi 03 novembre 2008, il sera déféré devant le Procureur de la République près le Tribunal de 1ère Instance d'Abidjan Plateau. Cette affaire appelle les observations et précisions suivantes :
Alafé Wakili, qui assure les fonctions de Directeur général d'un quotidien de la place, est un personnage connu du monde médiatique national et international. Il a exercé, jusqu'à ce jour, sans entraves ses fonctions.
En dépit de cette notoriété, Alafé Wakili dit Assé Alafé vient d'être arrêté et sera déféré devant les tribunaux, en raison des indices graves et concordants de faux et usage de faux relevés à son encontre. Sa notoriété n'a donc pas été un obstacle au bon déroulement de l'enquête qui vient de s'achever.
Il faut en tirer la leçon que tout fraudeur, quelles que soient ses fonctions, son rang social et sa notoriété en Côte d'Ivoire, sera poursuivi dans les mêmes conditions s'il est démasqué.
Notre pays, la Côte d'Ivoire, est à une étape essentielle de la sortie de crise. Cette étape doit aboutir à l'organisation d'élections justes et transparentes. La transparence du scrutin exige une identification honnête des citoyens en vue de l'établissement d'une liste électorale sur laquelle ne figurent que ceux qui en remplissent les conditions. Cela est d'autant plus nécessaire que tous ceux qui seront inscrits sur la liste électorale auront la nationalité ivoirienne et obtiendront une carte nationale d'identité ivoirienne. La liste électorale doit donc être exempte de toute fraude et ne doit point être gangrénée par la présence d'étrangers qui n'ont pas le droit d'y figurer.
La situation dans laquelle se trouve Alafé Wakili dit Assé Alafé interpelle donc l'ensemble des Ivoiriens et particulièrement les acteurs de l'opération d'identification et de recensement électoral sur la nécessité de redoubler de vigilance, à l'effet de détecter tous ceux qui, indûment et à tort, utilisent la nationalité et l'identité ivoiriennes.
Le ministre de l'Intérieur, à la suite de la campagne de lutte contre la fraude sur l'identité lancée par le Premier ministre, invite toute personne qui se trouverait dans la même situation que Alafé Wakili dit Assé Alafé, soit parce qu'elle est née de parents étrangers, soit parce qu'elle aura confectionné de faux documents pour obtenir la nationalité ivoirienne, à s'abstenir de se faire enrôler sur la liste électorale. Il a donné à la Police nationale les instructions nécessaires pour rechercher, arrêter et traduire devant les juridictions compétentes, les auteurs de telles fraudes sur l'identité.

Fait à Abidjan, le 04 novembre 2008.

Le Porte-parole de la Police nationale
Diagouri Gnawa Commissaire principal
de police

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