mercredi 5 novembre 2008 par L'intelligent d'Abidjan

Joseph Holland N'Da est le Président du Conseil d'Administration de la Mutuelle Générale des Fonctionnaires et Agents de l'Etat de Côte d'Ivoire (MUGEFCI). Difficulté sur les bons de santé, crise avec une centrale syndicaleDans cette interview, il nous parle entre autres des problèmes actuels de cette mutuelle.


Monsieur le président du conseil d'administration de la MUGEF-CI, comment se porte la Mutuelle des Fonctionnaires ?



La MUGEF-CI revient de loin. Elle a traversé beaucoup de soubresauts l'année dernière. Le nouveau Conseil d'Administration a été élu le 30 août 2007. Toutefois, la Mutuelle se porte relativement bien, malgré la situation difficile. A notre prise de fonction, nous avons fait l'essentiel pour ramener la confiance et assurer nos prestations dans les meilleures conditions possibles.







L'Assemblée Générale du 30 août 2007 avait pris une résolution qui demandait la modification des statuts et règlement intérieur dans un délai de 45 jours. Les textes n'ont été modifiés que lors de l'Assemblée Générale du 16 octobre 2008. Pourquoi ce retard ?




On dit que l'Assemblée du 30 août 2007 qui nous a élu aurait pris la décision de faire entrer deux centrales syndicales, à savoir DIGNITE et l'UNAFCI au conseil d'administration. Nous étions à cette Assemblée, mais il ne nous était pas revenu qu'une telle décision avait été prise. C'est au sortir de cette assemblée qu'on a reçu un document émanant de l'UNAFCI, qui indiquait qu'une telle résolution avait été prise. On ne va pas rentrer dans la polémique, mais les investigations menées pour voir comment cette résolution est venue nous ont laissé sur notre faim. Parce qu'il n'appartient pas à un délégué ou une entité qui bénéficie d'une résolution de l'écrire elle-même et de l'imputer à l'assemblée. Le conseil d'administration sortant n'a pas rédigé cette résolution.. Quand on nous a opposé cette résolution, nous avons voulu aller à l'essentiel. On nous a dit que les centrales auraient passé des accords pour intégrer d'autres centrales dans le conseil d'administration. J'ai répondu à un courrier de l'UNAFCI, pour leur demander de me laisser le temps de prendre contact avec les centrales pour vérifier ces informations. Les centrales ne nous ont pas dit qu'elles ont rédigé une résolution. Toutefois, nous avons noté qu'il y a eu effectivement des négociations pour permettre à DIGNITE, qui est une centrale reconnue, d'intégrer le Conseil d'Administration. Nous savions tous que nos textes ont besoin d'être révisés, parce que des produits nouveaux ont été introduits. Il fallait adapter les statuts, mais pas en 45 jours. Il fallait aussi voir comment intégrer ces nouvelles centrales, puisque nos textes ne mentionnent ni DIGNITE, ni l'UNAFCI. Au départ nous nous sommes dit que puisqu'il y a postes, il faut les attribuer à ceux qui attendent. C'est ainsi que deux postes sont revenus à DIGNITE et un à l'UNAFCI, au Conseil d'Administration.





L'union des Forces du Travail (UNAFCI) a donc un représentant au Conseil d'Administration ?





Oui, le président de l'UNAFCI, Tra Bi Koré est membre du conseil d'administration. Mais l'UNAFCI a un problème interne. Elle a changé de président, on dit maintenant que c'est un certain N'dri Benjamin qui est le président. S'il y a un nouveau président, ils doivent à leur niveau saisir la justice, au lieu de mêler la MUGEFCI à cela. Si Tra Bi Koré n'est plus le président, c'est à la justice de décider. L'UNAFCI nous a écrit pour qu'on le fasse sortir du Conseil d'Administration. Nous savons tous dans quelles conditions elle a été constituée. Elle dit qu'elle est une centrale, mais il faut noter que c'est un groupe de 14 syndicats.







L'UNAFCI a donc porté plainte contre la MUGEFCI et demande la dissolution du Conseil d'Administration...





Il faut qu'elle reconnaisse qu'elle a un problème interne et cherche à le régler. Dans le cas contraire, qu'elle nous dise le problème qu'elle a avec la MUGEFCI. L'Assemblée élective a été organisée le 30 août 2007. On ne peut pas attendre un an pour dire que nous sommes devenus illégitime et illégal, parce qu'on veut intégrer le Conseil d'Administration. Quand on est illégitime et qu'on vous convoque à une assemblée, vous ne venez pas. Pourtant, l'UNAFCI était présente à l'Assemblée du 16 octobre 2008. Leur problème est qu'ils font du chantage. Ils ont fait chanter le Conseil d'Administration sortant pour avoir des subsides. Habitués à cela, ils ont voulu nous faire plier en pensant qu'on avait quelque chose à leur donner. Je n'ai rien à donner à qui que ce soit et je ne céderai pas au chantage. Ils parlent du nombre de personnes qui composent le Conseil d'Administration. Depuis 1990, il est de 25 personnes. Quand la MUGEFCI a été donnée aux fonctionnaires en 1989, où était l'UNAFCI ? Lorsqu'on ne maîtrise pas un sujet, on se renseigne. Ils n'ont rien à nous apprendre. Les textes de la MUGEFCI s'appuient sur la loi Française, celle des sociétés de secours mutuels.





Pourquoi ?





La Côte d'Ivoire n'a pas de loi sur le sujet. Quand elle aura sa propre loi, c'est-à-dire quand le code de la mutualité va sortir, la MUGEFCI fonctionnera alors avec tout au plus 12 membres au conseil d'administration. Ce n'est pas parce que l'UNAFCI regroupe 14 syndicats de la Fonction publique qu'elle est une centrale. Je dirigeais à l'époque la coordination nationale des syndicats de la Fonction publique ?'CONASYFOP'', qui regroupe 52 syndicats. Nous n'avons jamais dit que nous étions une centrale syndicale. Pourquoi est-ce qu'ils font tant de bruits ? Il n'appartient pas à la MUGEFCI de reconnaître qui est centrale syndicale ou pas. Dans nos textes, il est mentionné les centrales prises en compte, à savoir l'UGTCI, la FESACI et maintenant DIGNITE.







Lors de l'Assemblée générale du 28 août 2008, vous avez évoqué les problèmes de cotisation et de reversement de certaines sommes dues à la MUGEFCI. Qu'en est-il exactement ?





Nous avons porté à la connaissance de cette Assemblée que la MUGEFCI se trouve dans un contexte difficile, pas de son fait, mais à cause de la situation générale du pays. On le sait tous, le Trésor public a quelques difficultés. Il est engagé sur plusieurs fronts, entre autres le remboursement de la dette et l'organisation des élections. Depuis le mois de mai 2008, on ne reçoit plus régulièrement le reversement des cotisations. Si sur le terrain les fonctionnaires ressentent des difficultés dans la prise en compte de leur santé, il fallait qu'ils sachent la réalité. Cela nous met en difficulté puisque nous accumulons des retards dans le règlement de nos prestations et d'autres factures. Nous avons pris des dispositions pour que le minimum soit fait de façon continue. Nous pensons que c'est une situation provisoire. Les prestations sont pour nous une priorité, mais à l'impossible, nul n'est tenu. Il nous fallait attirer l'attention des autorités pour qu'ensemble on trouve des solutions idoines. S'il y a arrêt des prestations, la santé des fonctionnaires va prendre un coup. Il ne faut pas qu'on en arrive là. Je pense que les responsables du Trésor sont conscients de la situation. Malgré les difficultés, ils nous aident à faire le minimum. Toutefois, je lance un appel au ministère de l'Economie et des Finances, pour que le reversement des cotisations de la MUGEFCI soit une priorité, autant que les salaires. La santé du fonctionnaire doit être une priorité. Quand il est en santé, son rendement suit. L'objectif pour nous est d'honorer nos engagements quelle que soit la situation. Même si nous avons des retards de règlement des factures de nos prestataires, cela porte sur deux ou trois mois. C'est difficile pour tout le monde. Dans notre plan de gestion, nous avons toujours payé ce que nous devions, sans accumuler des arriérés.





Est-ce que c'est cette situation qui a amené la MUGEFCI à planifier ses dépenses ?





Non, il ne faut pas confondre. La planification est due à la fraude, qui a été constatée bien avant que le Trésor n'ait des difficultés à reverser les cotisations. La fraude est une réalité quotidienne. Dans le passé, elle émanait des mutualistes essentiellement. Depuis quelque temps, elle émane aussi des prestataires. A notre prise de fonction, nous avons fait une analyse des dépenses de prestations allant de la période du deuxième trimestre jusqu'en décembre 2007. On a constaté l'augmentation des prestations. Il y a des prestataires qui d'habitude présentent une certaine facture. Sur une période de trois à six mois, ces factures ont radicalement augmenté. Des pharmacies qui présentaient par exemple trois millions de dépenses sont passées à dix ou quinze millions de francs. Il faut pouvoir l'expliquer. Nous avons eu un séminaire avec nos partenaires en juin dernier à Grand-Bassam, pour attirer leur attention. C'est ensuite que nous avons décidé de planifier, c'est-à-dire ramener chaque pharmacie à sa consommation ordinaire. La planification n'est pas un quota et elle n'est pas liée aux difficultés de reversement des cotisations par le Trésor. C'est une situation transitoire.



L'ordre national des pharmaciens parle de quota...



Je ne veux pas entrer dans la polémique. Lors du séminaire, tous nos partenaires étaient présents. Depuis que nous sommes là, on a instauré le dialogue avec ceux-ci. Nous les avons reçus plusieurs fois pour exprimer nos préoccupations et recueillir les leurs. S'il y a un problème, que l'ordre national des pharmaciens vienne nous voir pour qu'on en discute. Les pharmaciens qui ont fraudé sont venus nous voir pour reconnaître. Nous n'avons pas imposé de quota ; il ne faut pas confondre quota et planification. Ce sont plutôt les pharmaciens qui imposent un quota aux mutualistes. Si on voulait imposer un quota, on allait prendre la décision et expliquer pourquoi on l'a prise. Dans notre politique, la priorité est de soigner et nous ne pouvons pas empêcher aux mutualistes de consommer les médicaments.







L'Etat doit quatre milliards de francs à la MUGEFCI. Quelle démarche avez vous entreprise pour récupérer cette somme ?



Depuis le mois d'octobre 2006, le Trésor ne reverse pas les cotisations prélevées sur la pension de retraite des fonctionnaires. Cela fait plus de quatre milliards de francs. Malgré cela, la MUGEFCI fait tout pour soigner l'ensemble de ses mutualistes y compris les retraités. Le contexte du pays est malheureusement difficile, c'est pourquoi nous négocions avec le Trésor pour avoir le minimum et régler les problèmes quotidiens. Nous souhaitons que les choses reviennent à la normale, pour que chaque mois, nous ayons le volume d'argent nécessaire pour payer nos prestations. Aux mutualistes, nous disons que la situation qui

Prévaut n'est pas de notre fait.


Interview réalisée par Calvin Wandji

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