mardi 4 novembre 2008 par Notre Voie

L'effet Bradley hante l'Amérique. L'expression a vu le jour en 1982 après la défaite imprévue de l'ex-maire démocrate de Los Angeles, le noir Tom Bradley, qui briguait le poste de gouverneur de Californie. Il était opposé à George Deukmejian, un républicain blanc. Selon la littérature américaine, le candidat noir jouissait d'une solide avance dans les sondages à quelques jours du scrutin. Et quand le dépouillement effectif a été fait, c'est le blanc George Deukmejian qui a été proclamé vainqueur. Et cela, à la surprise générale.
C'est ce scénario qui fait peur à bon nombre d'Américains surtout dans le camp démocrate et qui donne des raisons d'espérer au camp républicain. En effet, depuis plusieurs mois, Barack Obama, le candidat démocrate de race noir, caracole en tête des sondages devant son homologue républicain John McCain, de race blanche. La situation est tellement inédite qu'elle paraît incroyable à se réaliser. Un noir à la Maison blanche ? Tout le monde à la fois veut y croire et ne pas y croire.
En réalité, on pense que les Blancs qui constituent la majorité de la population américaine ne livrent pas aux instituts de sondage leur véritable intention de vote concernant Barack Obama. Ils disent qu'ils vont voter pour lui (Obama) pour faire bien. Le jour du vote, ils iront voter pour McCain , affirme une électrice noire interrogée par le journal Le Monde. Pour autant, les héritiers de Martin Luther King osent croire que c'est possible. Pour eux, l'effet Bradley n'aura pas lieu. Et pour cause. Des spécialistes des sondages américains pensent qu'en 1982, les instituts de sondage ont très tôt arrêté les études d'opinion. De fait, ils n'ont pas pris en compte la campagne agressive des républicains en faveur, par exemple, du port d'arme qui, selon toute vraisemblance a convaincu l'opinion.
Aujourd'hui, 26 ans après, les instituts de sondage sont plus rodés dans leur technique. Donc, les sondages sont plus crédibles qu'il y a 20 ans. En outre, le fait que Barack Obama ait gagné l'investiture démocrate devant Hillary Clinton, une ex-Première Dame des Etats-Unis d'Amérique, par ailleurs forte d'une expérience de 30 ans de haute politique, prouve que l'Amérique a profondément changé. Cela veut dire que les clichés racistes se sont fortement estompés.
De sorte que créditer Barack Obama de 11 points d'avance sur son adversaire républicain dans les sondages au jour j de l'élection incite à croire que la chose est pliée pour le candidat démocrate. Cependant, Barack Obama, dans ses tournées électorales, exhorte ses partisans à ne pas tomber dans l'excès de confiance. Faisant référence au scénario des primaires où il avait été donné favori par les sondages dans le New Hampshire contre Hillary Clinton qui a fini par l'emporter. Aujourd'hui, l'Amérique et le monde entier retiennent leur souffle à quelques heures du verdict.

Coulibaly Zié Oumar

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