lundi 3 novembre 2008 par Notre Voie

L'Abissa 2008 a connu son apothéose, samedi, à la place Abissa du kartier France de Grand-Bassam, dans une ambiance de légende.
Le samedi 1er novembre sonne la grande journée de l'Abissa 2008 ou l'apothéose de cette fête de réjouissance et de critique sociale au pays des N'Zima Kotoko. Aux environs de 17h, la cérémonie démarre à l'espace Abissa du Quartier France de Grand-Bassam. Il est bondé de monde venu de partout et de qualité variée.
Roi des N'Zima depuis le 23 décembre 2003, Sa Majesté Awoula Amon Tanoé gonfle davantage la foule; il en est à sa seconde sortie officielle à la fête. Outre toute sa notabilité, les chefs des villages de Grand-Bassam et leurs homologues de la communauté n'zima à travers toute la Côte d'Ivoire, il y a l'ex-premier ministre ivoirien, Charles Konan Banny, le président du Parti ivoirien des travailleurs (PIT), le professeur Francis Wangah Wodié, l'ambassadeur d'Ethiopie à Abidjan.

Demain cette peau sera arrachée et jetée?

Le roi est de nouveau là parce que c'est la fin de l'Abissa. Il a été appelé par le grand tambour Edo (détendre) N'Gbellé (grand). Ce tambour qui a le pouvoir de résoudre tous les grands conflits. On lui demande donc d'animer les gens, de donner la force aux gens de pouvoir formuler toutes sortes de critiques et permettre à la société d'avancer?, commente Joachim Angbroffi. Et le sociologue de préciser que la société n'zima croit que toutes les critiques formulées lors de l'Abissa sont comme imprimées sur une page, cette page qui n'est autre que la peau de ce grand tambour Edo N'Gbellé. Vous verrez que demain (dimanche, ndlr) matin, cette peau sera arrachée et jetée. Le tambour lui-même sera soigneusement gardé renversé jusqu'à l'Abissa prochain. Cela veut dire quoi ? Que le rôle du roi sera de faire une analyse pointue des critiques qui ont été formulées afin qu'il en dégage des projets de bonne gouvernance et de développement?.

Allégeance et bonne année

Aux avant-postes de la tribune royale, on voit se trémousser, tout en douceur, les bustes cassés vers l'avant, tournoyant sur eux-mêmes, des femmes et des hommes badigeonnés, tout de blanc vêtus. On les appelle Komians ou animistes sensées voir dans le monde invisible. Leur mission ce samedi ? Purifier et sécuriser mystiquement l'espace ainsi que la manifestation. Ils sont en transe, manifestement emballés par la cadence frénétique d'Edo N'Gbellé, le grand tambour sacré, qui n'épargne non plus personne. Pour l'Abissa, ils ont dû suspendre toutes leurs activités d'exorciseurs pour mieux se concentrer. C'est une invite à la transparence et à la bonne visibilité. Il fallait qu'il en soit avant tout ainsi?, se réjouit le sociologue Joachim Angbroffia.
C'est donc à leur suite que les 7 grandes familles distinctes mais complémentaires des N'Zima se succèdent devant le roi pour lui faire allégeance et lui présenter leurs v?ux de nouvel an, l'Abissa marquant chez les N'zima la fin d'une année et le début d'une autre. Les Adahonlin, Allonwomgba, Azanhoulé, Mafoulé, N'Djouaffou ou Mahilé sont précédées des N'Vavilé, dépositaires du rythme, dont le symbole est le maïs. Bien d'autres villages n'zima, notamment, Modeste et Quartier France, ne demeurent pas en reste.
A l'instant de la critique, la cérémonie prend son air le plus symbolique des principes démocratiques que revendique la fête de l'Abissa. Deux groupes de poêtes-chanteurs sont face au roi et lui assènent, au nom du peuple, des vérités codées pour la bonne marche de la société n'zima. Elles sont plus corsées que celles de mardi. On souligne aussi les bienfaits de la société. C'est dans cet esprit qu'on célèbre par exemple ceux qui ont transcendé dans leurs différents domaines. C'est le cas cette année du cinéaste et premier conseiller du roi, Roger Gnoan M'Bala. Il a eu droit aux honneurs des N'Zima ce matin (samedi, ndlr) au Centre culturel Jean-Baptiste Mockey?, précise le professeur Angbroffi.

Une fois n'est pas
coutume
Au terme des critiques, le souverain ne dansera pas, comme lors de sa première sortie, mardi. Il prend plutôt bonne note, en attendant la grande cérémonie de purification du peuple, à l'aube du dimanche 2 novembre et celle le concernant, au lever du soleil. Sans oublier, dans l'après-midi, un échange avec le peuple, suivi de son message de nouvel an au peuple N'Zima. Selon la tradition, il devrait donner son programme de gouvernance de l'an prochain, après avoir fait un tour d'horizon de tous les sujets d'envergure afin d'amener chaque citoyen à devenir un homme de valeur ou un exemple de réussite. Le roi est de nouveau là parce que c'est la fin de l'Abissa. Il a été appelé par le grand tambour Edo (détendre) N'Gbélé (grand). Autrement, c'est le grand moment de détente. C'est pourquoi, on l'appelle le tambour détenteur, tambour qui a le pouvoir de résoudre les grands conflits. Toi, gestionnaire des grands conflits, toi nanti de tous les pouvoirs, anime les gens, donne la force aux gens de pouvoir formuler toutes sortes de critiques pour permettre à la société d'avancer?.




Schadé Adédé schadeci@yahoo.fr

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