samedi 23 août 2008 par Le Temps

D'ici quelques mois, la Côte d'Ivoire va expérimenter le système à péage sur les routes et les ponts en construction. Dans cet entretien, Goth G. Philippe, le Directeur général du Fonds d'Entretien routier (FER) s'ouvre à Le Temps. Vous êtes depuis quelques mois le Directeur général du Fonds d'Entretien routier (FER). Pouvez-vous nous le présenter ?
Le Fonds d'Entretien routier (FER) est une structure légère apparemment pas très connu du grand public. Créé en septembre 2001, il a un personnel composé d'une quinzaine d'individus. Ses principales missions sont entre autres de pourvoir au financement de l'entretien routier courant et périodique. On entend par entretien routier courant, toutes les opérations d'entretien à périodicité inférieure à 1 an et qui n'apporte pas une valeur ajoutée économique à la voie qui est réparée. Mais surtout son aspect fonctionnel. S'il s'agit de route en terre, nous finançons les travaux de reprofilage sur les routes en terre et sur les routes revêtues, il s'agit des travaux de point à temps (colmatage des brèches et des nids-de-poules) et du nettoyage des accotements. Entre autres. Mais aussi le financement de la construction des postes à péage et celui des études de projets comme celui de l'autoroute Abidjan Grand-Bassam ainsi que d'autres infrastructures. C'est quoi un poste à péage ?
C'est une infrastructure qui est mise sur une voie et qui permet de collecter quelques ressources pour assurer la maintenance de l'axe sur lequel ce poste est fixé. Je précise que ce n'est pas un impôt, mais une redevance. Dans le cadre de cette opération, nous essayons de ne pas le faire à prix coûtant, pour tenir compte de la modicité des revenus des Ivoiriens et ne pas sortir déficitaire dans l'exploitation. Toutes choses qui nous permettront de maintenir un bon niveau de circulation. Pour l'année 2008, il y a trois postes à péage qui sont prévus. Il s'agit de celui installé au PK 31 sur l'autoroute du Nord (Attinguié), il y a le poste qui est installé au "carrefour Tomassé" sur l'axe Adzopé-Abgoville. Pendant que le troisième sera placé entre Adzopé et Moapé. Ces trois postes seront fonctionnels courant premier trimestre 2009. Mais au fait quels sont les avantages d'un poste à péage ?
Comme je le disais plus haut, ça permet, de récolter des ressources, pour assurer un meilleur niveau de service sur l'axe sur lequel, le poste est installé. Du coup, sur le plan entretien des véhicules, le poste à péage représente également des avantages. Car, plus la route est entretenue moins les propriétaires déboursent de l'argent pour l'entretien des véhicules. Au sein des différents postes, il y aura une brigade de sécurité. En cas de problèmes, l'usager peut saisir cette équipe, soit pour se sortir d'affaires, soit pour retrouver un véhicule braqué par exemple. Est-ce vrai que dans les pays où il y a le système de péage, les usagers ne payent pas la patente ?
Je préfère ne pas en dire plus. Parce qu'en Côte d'Ivoire, un effort est fait pour ne pas accentuer davantage de pressions sur le contribuable. Dans d'autres pays, en plus des ressources qui proviennent des produits pétroliers, il y a un impôt qui est prélevé sur les salaires pour venir financer l'entretien routier. Nous sommes en train de voir avec les faîtières agricoles, pour arriver à la mise en place, d'un seul organe chargé du financement des travaux de réhabilitation aussi bien des pistes villageoises que des grands axes routiers. Pour permettre l'évacuation des produits agricoles. D'où proviennent les ressources que vous utilisez ? Et comment ça se passe ailleurs ?
Elles proviennent d'une taxe spécifique sur les produits pétroliers à usage routier. Citons, entre autres, le gas-oil et l'essence. Aussi, une autre partie de nos ressources doit-elle provenir des redevances des produits des postes à péage en instance de réalisation. Aujourd'hui, la tendance au niveau des pays africains, c'est d'avoir un fonds d'entretien routier ou un fonds routier. Ailleurs (Bénin et Cameroun), ces fonds sont adossés à une taxe de 100% sur les produits pétroliers indiqués plus haut pendant qu'en Côte d'Ivoire, nous sommes pour l'instant à 25%, compte tenu des difficultés de l'Etat. Ce qui ne couvre que 15% de nos besoins. Mais les démarches en cours, auprès de la tutelle, nous laissent entrevoir une révision à la hausse de ce pourcentage. Ne pouvez-vous pas imaginer d'autres produits. Sur les panneaux, par exemple ?
Nous y avons pensé dans la mobilisation des ressources additionnelles, à travers la commercialisation de l'emprise de nos routes. Nous sommes en train de voir également comment nous pouvons engranger des ressources sur l'aménagement de certaines aires de stationnement avec toutes les commodités à mettre à la disposition des routiers de la sous-région, de passage en Côte d'Ivoire. Vous financez de nombreux travaux. Mais faute de surveillance, les ouvrages réparés sont l'objet d'acte de vandalisme. A quand votre brigade ?
Mettre en place une brigade ne relève pas des compétences d'une structure comme le FER, ni l'AGEROUTE. Mais de la tutelle; c'est-à-dire, du ministère des Infrastructures économiques. Cela est en gestation et je pense qu'il faut étoffer l'équipe. Nous sommes en train de dégager toutes les ressources nécessaires pour que cette brigade soit opérationnelle sur toute l'étendue du territoire national. Pour sécuriser le patrimoine routier ivoirien dans lequel l'Etat a investi plus de 4 mille milliards de FCFA.

Interview réalisée par
Bamba Mafoumgbé
bamaf2000@yahoo.fr

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