samedi 23 août 2008 par Le Temps

La rébellion ivoirienne n'a pas fini de compter ses créatures. La dernière née se nomme MPDCI (Mouvement patriotique des démobilisés de Côte d'Ivoire). Un nouveau foyer qui en dit long sur l'avenir politique de Guillaume Soro. Le quartier général des forces nouvelles est en ébullition depuis le début de la semaine. De fait, 300 soldats démobilisés appuyés par des Dozo sont en colère contre leurs autorités. A qui ils réclament pour chacun d'eux, la somme de 5 millions de FCFA. Selon leurs dires, cette somme est une promesse à eux faite par le Secrétaire général des Forces nouvelles, le premier ministre Soro Guillaume. Le porte-parole de ces insurgés, le caporal Diaby crie même à une trahison de la part du Premier ministre. Hier encore, ces soldats révoltés continuaient d'occuper les corridors nord et sud de la capitale du Centre. Des rafales se sont fait entendre. Le porte-parole des insurgés soutient, par ailleurs, qu'ils entendent rester sur leurs positions tant qu'ils n'obtiennent pas satisfaction. Avant-hier jeudi, ils avaient lancé un ultimatum de trois jours pour voir leur requête satisfaite. Mais en réaction, le Secrétaire général des Forces nouvelles a nié avoir tenu une promesse de 5 millions à ses soldats. Ce qui se passe à Bouaké relève de la désinformation et de l'intoxication. Chaque combattant doit être financé à hauteur de 450 mille francs CFA. Les services des nations unies ont demandé aux jeunes de se regrouper par 10 pour avoir un montant de 10 à 15 millions de francs CFA. Il y a des petits malins qui ont déformé les propos tenus par les agents onusiens?, a expliqué le chef du gouvernement le jeudi dernier, en marge d'une cérémonie de réception de véhicules offerts par la Banque mondiale.
C'est un bras de fer qui ne dit pas son nom qui est ainsi engagé entre Soro et ses hommes. Ce, d'autant que depuis hier, les insurgés ont changé de fusil d'épaule. Adieu les promesses de 5 millions. Ils viennent de mettre sur pied un courant d'idées. Les trois cents insurgés ont, en effet, créé le Mouvement patriotique des démobilisés de Côte d'Ivoire (MPD-CI), conduit par le caporal Diaby. Métamorphose somme toute rapide et suspecte, selon certains observateurs de la scène politique ivoirienne. Mais à y voir de près, la méthode n'est pas aussi nouvelle qu'elle paraît. Il s'agit d'une métastase. Quand on remonte les faits de la guerre en Côte d'Ivoire, on se rend compte que tout est parti d'une revendication de primes des soldats qui se faisaient appelés Zinzin? et Bayofouè?. Ensuite, le mouvement de colère s'est mué en Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI). Lorsque sont intervenues les premières négociations à Lomé, d'autres branches telles le MPIGO et le MJP se sont signalées. En s'emparant de certaines localités de l'Ouest du pays pour rejoindre le MPCI. Afin d'affaiblir davantage le pouvoir en place. En effet, le MPCI, le MPIGO et le MJP ne forment qu'un et même mouvement qui s'appellera plus tard les Forces nouvelles. Aujourd'hui dirigé par Guillaume Soro, ce mouvement est au gouvernement avec comme Premier ministre, leur Secrétaire général, grâce à l'accord politique de Ouagadougou signé avec le Président Laurent Gbagbo en mars 2007. Pour ceux qui savent lire entre les lignes, les adversaires du Premier ministre utilisent la même stratégie que les rebelles au début de la guerre dans le but de l'affaiblir. Et remettre à plat tous les accords précédemment signés. Qui tire les ficelles ? On ne saurait répondre. Mais il est probable qu'on assiste à une récupération en douceur des insurgés pour déstabiliser Guillaume Soro. Qui, faut-il le rappeler, a toujours été contesté à la tête de ce mouvement. Son plus grand ennemi demeure à ce jour, le Sergent-chef Ibrahim Coulibaly dit " IB ", rejoint plus tard dans sa fronde par Koné Zacharia, l'ex-homme fort de Vavoua. Soro a du pain sur la planche.

Fabrice Tété
Stagiaire

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