samedi 23 août 2008 par Nord-Sud

La situation actuelle dans la capitale du Centre rappelle étrangement cellui qui a prévalu avant l'opération Noël à Abidjan?.

La capitale de la paix est à nouveau dans la tourmente. Des ex-combattants manifestent pour disent-ils réclamer le paiement à chacun d'une prime de 5 millions de Fcfa. Curieusement, aucune autorité ne reconnaît leur avoir promis cette somme. L'Opération des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire (ONUCI) qui observe un lourd silence sur le sujet a engagé un programme de micro-projets d'un coût individuel de 450.000 Fcfa. Elle leur a conseillé des regroupements de 10 personnes, ce qui donne une somme comprise entre 4,5 et 5 millions. Mais, rien n'y fait. Les manifestants continuent d'exiger 5 millions pour chacun. Ils bloquent régulièrement les corridors de la ville, soumettant la population à un blocus de fait. Surtout, ils restent sourds à tout appel à la raison venant des responsables militaires et demandent au Premier ministre de venir à Bouaké les rencontrer. Fait troublant, la revendication a évolué au fil des jours. Les premiers jours, il s'agissait de réclamer le paiement de l'allocation forfaitaire. Un argument fragile, visiblement. Car, selon une source bien informée, il n'y a aucun arriéré d'allocation. Chaque ex-combattant démobilisé devait percevoir une allocation de 90.000 Fcfa pendant trois mois. Pour ce faire, une régie spéciale a été mise en place et le calendrier de paiement a toujours été respecté, selon une source proche du dossier. Mieux, certains manifestants ont même reconnu être entrés en possession de la totalité de leur allocation. Très vite, l'argument de la promesse des 5 millions a été brandi. Un simple calcul fait ressortir qu'une telle promesse devrait coûter 180 milliards Fcfa pour les 36.000 combattants concernés. Si ce montant n'apparaît nulle part depuis la signature de l'accord de Ouaga, qui en a pris la responsabilité en quelques jours alors que le pays a dû racler les fonds de caisse pour enclencher l'indispensable processus de l'enrôlement ?

L'on ne peut s'empêcher alors de penser aux évènements de la fin 2007.

Rappel. Le 18 décembre, des "bérets verts", sous contrôle du commandant Chérif Ousmane et en formation dans le camp d`Angouayaokro sur la route de Béoumi, se font entendre pour réclamer leur prime de savon . Moins d`une semaine après c`est au tour de la confrérie des dozos (chasseurs traditionnels), de bloquer le 24 décembre les corridors Nord et Sud de la ville de Bouaké. Ils soutenaient alors avoir été oubliés par le processus de sortie de crise. Les médiations entamées par la hiérarchie militaire ne donneront rien. Les dozos exigeront même que le secrétaire général des Forces nouvelles, Guillaume Soro, vienne à Bouaké pour négocier avec eux. Plus tard, le mécontentement montrera son vrai visage, une tentative de prise par les armes du fief des Forces nouvelles. Les enquêtes montreront que le mouvement était entretenu par des hommes proches de Ibrahim Coulibaly, alias IB, sous la houlette de Seydou Traoré dit L`imam?. Les insurgés qui demandent alors ouvertement la chute des dirigeants politiques et militaires des Forces nouvelles feront en vain le tour des casernes pour obtenir le ralliement des hommes en armes.
Puis, les pièces du puzzle se mettront en place avec l'arrestation à Abidjan d'un certain Jean Paul Ney et la saisie de séquences filmées qui montrent que IB n'était pas étranger à ce qui s'est passé à Bouaké. Ce sera l'affaire Noël à Abidjan .
Les ressemblances entre les évènements qui ont précédé l'opération Noël à Abidjan et ceux qui se déroulent actuellement ne sont donc plus à démontrer. Ce qui fait planer un vrai danger sur le processus de sortie de crise par des élections justes et transparentes.

Kesy B. Jacob

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