samedi 23 août 2008 par Nord-Sud

Le doyen honoraire de la faculté de droit de Cocody a cloué au pilori, les chefs d'Etat qui assassinent les démocraties sur le continent au nom de leurs intérêts personnels.

Il n'a pas usé de la langue de bois. Le professeur Francis Wodié a fait connaitre hier à la fondation Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro ses vérités aux hommes politiques. Et ce lors de la conférence inaugurale du 10ème anniversaire du Réseau des instances africaines de régulation de la communication (Riarc). Pour lever toute équivoque, le constitutionnaliste a d'entrée de jeu fait la part des choses. De fait, il a indiqué qu'il n'intervenait pas en tant qu'homme politique dirigeant du Parti ivoirien des travailleurs (Pit) mais en tant que praticien du droit. A ce titre, il n'a pas manqué d'éclairer et de faire partager ses connaissances sur le thème "Régulation dans une société". Abordant le sujet, l'universitaire a mentionné qu' "assurer la régulation d'une société, c'est assurer la régulation du pouvoir politique". Or en la matière, le pouvoir est devenu selon ses termes un moyen illicite d'enrichissement personnel en Afrique . Avant de faire remarquer que sous les tropiques, tout est focalisé sur le pouvoir du chef de l'Etat. De sorte que l'élection présidentielle en Afrique a toujours pris un virage tragique. "Le fait de tout ramener au président de la République fait de lui un homme éminemment très fort. Ceci entraîne des dysfonctionnements et des règlements dans la société", a-t-il affirmé. Avant de regretter qu'"en Afrique, des chefs d'Etat manipulent les Constitutions soit pour rester au pouvoir ou permettre à leur fils d'accéder à la magistrature suprême". Toute chose qui a amené l'ancien doyen de la faculté de droit de Cocody à s'interroger si les élections ont encore un sens sur le continent? Pour éviter ou sortir des crises, Francis Wodié a demandé qu'on invente de nouvelles formes de démocraties reposant sur des valeurs fondamentales. "Aucune société, a-t-il dit, ne peut vivre durablement sans un minimum de consensus. D'où la nécessité de la concertation sur la base de laquelle la société va se renouveler" Et d'ajouter que la régulation s'adresse à la société globale certes, mais est également sectorielle et individuelle. Séry Bailly, président du comité scientifique, a indiqué pour sa part que la régulation doit conduire à la capacité de prévoir afin d'arbitrer entre le présent et le futur en ce qui concerne l'allocation des ressources, de faire converger l'intérêt public et les avantages personnels. Avant de souhaiter que le code de bonne conduite instauré en Côte d'Ivoire par la CEI et soumis aux hommes politiques soit reproduit dans d'autres domaines. Urbain Traoré, président du Riarc a rappelé le rôle de la régulation dans un Etat. "Dans un contexte de démocratie pluraliste, la régulation des médias vise à veiller à la protection de la liberté de la presse, laquelle apparaît de nos jours comme un des piliers de l'architecture institutionnelle de tout Etat de droit démocratique", a-t-il indiqué. Et d'ajouter qu'"une autre dimension de la régulation de l'information, c'est aussi et surtout de garantir le droit d'accès du citoyen à l'information, l'équilibre et le pluralisme de l'information, la protection et la promotion des valeurs culturelles dans les programmes des médias publics et privés". Le ministre de la Communication, Ibrahim Sy Savané avant de déclarer ouverts les travaux, a affirmé que la base de la régulation est le renforcement de la culture pour lutter contre la barbarie.

Issa T. Yéo (Envoyé spécial à Yamoussoukro)

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