mercredi 20 août 2008 par Le Patriote

Mercredi 6 août 2008, la Côte d'Ivoire s'apprête à célébrer le 48e anniversaire de son indépendance. C'est ce jour là, que nous avons commencé notre randonnée qui va nous conduire à Koumassi, à Abobo à Grand-Bassam et dans d'autres quartiers d'Abidjan. Ce mercredi là donc, il est un peu plus de 16 h lorsque nous débarquons à Wassakara (quartier rendu célèbre par l'artiste Billy Billy qui raconte la misère que vivent les populations de ce sous quartier de la commune de Yopougon). Dans les environs du marché, un attroupement de plusieurs personnes de tous âges autour d'un kiosque à café est perceptible. Nous y sommes accueillis par une empoignade verbale. Le ton monte au fur et à mesure que nous approchons du kiosque. Notre premier interlocuteur, qui se présente comme le secrétaire à l'organisation ne tarde pas à nous mettre dans le bain. C'est ainsi ici. Nous discutons de tout et souvent cela se fait comme vous venez de le constater à haute voix. Nous sommes invité à prendre place et séance tenante nos hôtes nous proposent un café ou un thé. Nous optons pour le thé. Nous échangeons les civilités. Le maître de cérémonie, nous rappelle que nous sommes à Marcoussis, du nom de la banlieue française ayant prêté son cadre à la table ronde sur la crise ivoirienne en janvier 2003. Marcoussis, est plutôt la dénomination du Grin, espace d'échanges et de débats entre militants du RDR du quartier Wasakara, dans la commune de Yopougon. C'est juste un petit espace coincé entre plusieurs habitations et magasins au bord d'une voie très fréquentée dans le quartier populaire de Wassakara. Marcoussis n'a donc vraiment rien d'extraordinaire. Ici nous discutons de tout, souvent avec un ton si élevé, qu'on pourrait croire à une bataille rangée entre des antagonistes. Ce qui n'est pas le cas, explique Bakayoko Aliou, un habitué des lieux. La journée à Marcoussis commence par un premier regroupement le matin. C'est en ce moment que nous faisons la revue de la presse avant que chacun ne parte pour vaquer à ses occupations, raconte Koné, un autre habitué des lieux. Puis le groupe se disloque pour se retrouver dans l'après midi autour de 17 h pour se séparer peu avant 20 H. Samedi 9 août, nous mettons le cap sur Grand-Bassam, après un tour à Koumassi, plus précisément dans le sous quartier Campement. A Koumassi, dans les environs du 2e petit terrain, se dresse un hangar, sous lequel sont juxtaposés plusieurs bancs. Nous sommes accueillis par, Koné Siaka. Ce dernier, nous explique : Ici c'est Marcoussis. C'est ici où nous nous réunissons pour passer en revue les questions de tout ordre. L'histoire des Grins remonte au début de la crise militaire que vit le pays. Le 19 septembre 2002, en effet, un coup d'Etat militaire se mue en une rébellion armée. Pour le pouvoir FPI, c'est le RDR et son leader qui sont à la base de cette rébellion armée. L'occasion est toute trouvée pour anéantir ce parti. La traque aux militants du RDR se met en branle. Son leader, manque d'être assassiné. Plusieurs autres leaders prennent le chemin de l'exil. C'est dans ce contexte que, selon nos investigations, les premiers regroupements clandestins se mettent en place.

De la création des ?Grins'

Non content de traquer les militants du parti logé à la rue Lepic, le pouvoir décide de lui couper toutes les sources d'information autre que le filtre des médias d'Etat. Les chaînes des radios étrangères sont interrompues. L'information devient alors une denrée rare. Et c'est Koné Siaka, rencontré au quartier Campement de Koumassi qui a planté le décor. Le choix du lieu, a, selon lui, une histoire. Au début de la guerre, les chaînes étrangères étaient interrompues, nous étions en manque d'informations, regrette t-il. Et Siaka de poursuivre : l'un des locataires (la maison donne dos à Marcoussis), le nommé Mamery, avait une radio qui captaient les différentes chaînes étrangères. Nous nous réunissions donc ici pour nous informer. Une fois les esprits calmés, Siaka et ses amis ont commencé à s'y réunir au grand jour. Nous avons donc décidé d'appeler notre espace Marcoussis, insiste Siaka. En plus des soucis de s'informer et d'entretenir la flamme, il fallait aussi contrer l'intoxication distillée dans les Agoras et autres parlements favorables au FPI, où l'image du RDR est continuellement ternie. C'est là l'autre raison de l'existence du SENAT à Grand-Bassam. Situé, derrière la grande mosquée du quartier phare, dans les environs du carré des Camara, se dresse une clôture, surmonté d'un hangar, le tout protégé par un gros arbre. C'est ici que le SENAT, a pris ses quartiers. Sous la direction de Ousmane Ouattara, N'Golo dit Zagalo. Ici, de jour comme de nuit, nous nous réunissons pour porter la réplique à nos frères des parlements et autre agoras favorable au FPI, explique Zagalo. Selon lui, la désinformation était telle qu'il fallait réagir. Au plus fort de la crise, nos camarades du FPI, se réunissaient quasi permanemment pour porter le discrédit sur notre parti et son leader. Nous avons créé le SENAT, pour les contrer et nous croyons avoir réussi notre mission. A côté des hommes, les femmes aussi se sont engagées. Et elles n'hésitent pas à s'afficher publiquement, même si elles sont moins nombreuses.

Les femmes aussi

Notre action, raconte Kady Soumahoro, vice présidente des Senatrices de Grand-Bassam, est beaucoup plus discrète. Selon elle, c'est par naïveté que certaines de leurs s?urs se perdent. Nous informons donc nos s?urs. Pour cela, nous investissons les ?ton' groupement de femmes, pour leur passer les informations, explique-t-elle. Pour ne pas fermer la porte, toutes les femmes sont invitées aux manifestations des Senatrices. Lors de la dernière fête des mères, nous avons organisé une grande cérémonie où plusieurs de nos mamans issues de plusieurs partis politiques ont été honorées. Ce geste a impressionné, explique Kady Soumahoro. N'empêche que tous les dimanches, entre 16 et 18h, ces femmes se réunissent de façon publique, pour elles aussi, évoquer l'actualité sociopolitique.
Quand nous nous retrouvons entre nous les femmes, généralement les dimanches, nous parlons certes politiques, mais nous parlons aussi de nos problèmes de femmes et donc de foyer, poursuit la vice présidente des Senatrices. Selon Kady, elles savent faire la différence entre leur foyer et les affaires politiques. Nos maris sont avant tout nos papas. Nous prenons donc bien soin d'eux. C'est pourquoi, nous demandons toujours à nos membres de ne pas les négliger, prévient- elle. Comme à Grand-bassam, des groupes de femmes sont rattachés à chaque Grin. A Yopougon, ce sont plus de 200 femmes qui, sous la houlette de Mme Sié Remi, leur présidente, s'évertuent quotidiennement à entretenir leur s?ur sur l'actualité sociopolitique. Certes, le rôle de ces femmes est beaucoup plus discret, mais revêt un caractère primordial pour la diffusion des messages du RDR au niveau des femmes.
Thiery Latt (Stagiaire)

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