mercredi 20 août 2008 par Le Patriote

Une fois de plus, les hommes de troupe de l'ex-rébellion se sont soulevés contre leur hiérarchie. Pour primes non payées, disent-ils. Si dans la forme, le soulèvement des hommes de Guillaume Soro est contestable, il n'en demeure pas moins qu'il cache un malaise qu'il importe de soigner à la racine. L'attitude des soldats des Forces Nouvelles s'explique en partie par le retard qu'accuse le processus de désarmement dans son ensemble. Plus d'un an après la signature de l'accord politique de Ouagadougou, le désarmement, la démobilisation et la réinsertion traînent. Les structures et les institutions qui sont chargées d'accueillir les ex-combattants n'existent que de nom pour bon nombre d'entre elles. Le Programme national de Réinsertion et Réhabilitation communautaire qui devait absorber une bonne partie des ex-combattants n'a pas un sou pour prendre en compte tous ceux qui ne souhaitent plus embrasser le métier des armes. Malgré la bonne volonté du directeur Daniel Ouattara et son équipe, les fonds tardent. Les projets de réinsertion et de réhabilitation communautaire stagnent. Pendant ce temps, les quelques centaines d'ex-combattants démobilisés s'impatientent. Le service civique qui devait également prendre en compte plusieurs milliers d'entre eux est encore au stade des professions de foi. Bien que l'équipe chargée de le piloter soit installée, sa mise en ?uvre effective est loin d'être acquise. Et pourtant, le service civique est une idée qui vient du chef de l'Etat. C'est la solution qu'il a trouvée pour non seulement régler le problème du chômage qui frappe la jeunesse dans sa grande majorité. Mais aussi son remède pour casser le trop plein de miliciens et d'ex-combattants tant dans son camp que dans celui des Force Nouvelles. Aujourd'hui, avec le grand retard qu'accuse ce projet qui devrait absorber plus de 80 mille jeunes, c'est tout le processus de paix qui en pâtit. Que dire de la refonte des deux armées qui doit régler la question des anciens éléments des FANCI devenus rebelles et des éléments des Forces armées des Forces Nouvelles qui désirent intégrer la nouvelle armée ? Pour le moment, rien qui vaille. Malgré les nombreuses réunions à Bouaké et à Yamoussoukro, le projet marque le pas. Il est vrai qu'il y a un embryon de cette nouvelle structure qui est le Centre de commandement intégré. Mais cela reste insuffisant. Mieux, les résultats satisfaisants récoltés par cette structure dans la sécurisation des audiences foraines et la gestion de la zone de confiance doit plutôt inciter les signataires de l'accord politique de Ouagadougou à accélérer l'avènement de cette armée républicaine nouvelle. Et ce qui s'est passé ces derniers jours à Bouaké doit militer dans ce sens. Les généraux Phillipe Mangou et Soumaïla Bakayoko des FDS et des FAFN ont donc intérêt, au-delà des problèmes de grades et des quotas, à faire vite avancer les choses. Car il y va de la paix en Côte d'Ivoire. Au total, il faut rapidement mettre en route le plan global de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants pour ne plus avoir à assister aux scènes malheureuses auxquelles l'on a assisté à Bouaké le lundi dernier. Ce plan passe nécessairement par le PNRRC, le service civique et la refonte de l'armée. Sinon, il ne servira à rien de désarmer et démobiliser les anciens combattants si on ne leur propose pas une autre porte sortie de pour leur reconversion ou leur avenir militaire.

Jean-Claude Coulibaly

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