mercredi 20 août 2008 par Fraternité Matin

Le directeur de cabinet du secrétaire général des Forces nouvelles se prononce sur les événements du 18 août à Bouaké, dont les responsables sont les ex-combattants démobilisés des Forces nouvelles.

M. le directeur de cabinet, comment expliquez-vous les récurrents mouvements de protestation des ex-combattants des Forces nouvelles?

C'est avec beaucoup de gêne que nous constatons que de façon récurrente, les jeunes démobilisés des Forces nouvelles manifestent pour réclamer le paiement de leurs primes. Nous l'avons constaté à plusieurs reprises; vous comprenez que cela ne peut pas faire plaisir aux responsables des Forces nouvelles que nous sommes. Surtout quand on sait que ceux-ci déploient des efforts énormes pour aider ces jeunes à se réinsérer dans le tissu social. C'est donc avec regret que nous constatons ce comportement qui n'est pas digne de ses auteurs.
Vous avez dit que les responsables des Forces nouvelles déploient des efforts pour aider ces jeunes à se réinsérer dans le tissu social. Quels sont ces efforts?
Les efforts qui sont déployés, ce sont des dispositions qui ont été arrêtées par l'Accord politique de Ouagadougou pour chacun d'eux. Il y a d'abord ceux qui doivent être totalement démobilisés et réinsérés dans la vie sociale. Il a été prévu pour eux un certain nombre de choses pour leur permettre une réinsertion normale. Ensuite, ceux qui sont aptes à être militaires qui sont au sein du groupe qu'on appelle VAN (Volontaires pour la nouvelle armée). Enfin, il y a ceux qui suivront des formations au sein du service civique. Toutes ces populations identifiées comme membres des Forces armées des Forces nouvelles, ont été prises en compte dans l'Accord politique de Ouagadougou. Et l'application justement de ces dispositions est en cours d'exécution. Dans ce cas, d'où viennent donc ces mouvements de protestation?
Les mouvements de protestation, à ce que je sache, viennent des retards d'exécution. Mais je crois que cela ne doit pas servir d'alibi pour manifester de cette manière-là. Ces jeunes doivent comprendre que des efforts importants sont en train d'être faits pour eux. Parce que quand on regarde aujourd'hui la situation économique de notre pays, elle est assez difficile. Des responsables des finances de l'Etat sont intervenus plusieurs fois pour nous expliquer l'état de la trésorerie de notre pays. Il ne faut pas être un devin pour le savoir, car pour un pays qui a vécu 6 ans de guerre et qui est en train d'en sortir, il ne peut pas avoir une situation économique des plus brillantes. Surtout quand on sait aussi que les opérations de sortie de crise demandent beaucoup d'argent puisqu'il faut satisfaire plusieurs attentes en même temps. Alors, il est aisé de comprendre que le gouvernement ne dispose pas à tout moment de moyens nécessaires à sa politique. De sorte que si les primes promises aux jeunes tardent ne serait-ce qu'une semaine à être payées, cela ne devrait pas donner lieu a des manifestations de cette nature. Je crois qu'il faut être patients et faire confiance aux responsables de ce pays. Après avoir longtemps revendiqué la prime forfaitaire de 90 mille francs, aujourd'hui ils réclament 5 millions par personne. Qu'est-ce qui leur avait été promis au moment de leur enrôlement au sein des Forces nouvelles ?
Je ne sais pas d'où vient cette revendication de 5 millions de francs. En ce qui me concerne, je sais que lorsque j'ai rejoint personnellement la rébellion, on ne m'a rien promis. C'est par conviction que je suis venu dans ce mouvement. Et je n'ai pas eu connaissance d'une quelconque promesse faite par un responsable de la rébellion à qui que ce soit, surtout portant sur le montant 5 millions. Le mouvement semble se généraliser et il a même touché la direction générale de la police et de la gendarmerie. Est-elle concernée par la prime forfaitaire de 90 mille francs ?
La direction de la police et de la gendarmerie n'est pas concernée par la prime de 90 mille francs. Je crois que les jeunes de là-bas réclament leur perdiem des audiences foraines. Ils auraient participé aux audiences foraines après que des promesses leur avaient été faites. A ce niveau, je crois que ce sont ces promesses qui tardent à être tenues. Mais en tout état de cause, je dis qu'on n'a pas besoin de manifester de cette façon-là, surtout pour des hommes en tenue, pour se faire entendre. Aujourd'hui, quelles solutions durables peut-on envisager pour que de telles manifestations ne se reproduisent plus?
La solution, il faut qu'il y ait d'abord une prise de conscience. Il faut que les jeunes comprennent que ce n'est pas avec les armes qu'il faut chaque fois revendiquer. Il faut qu'on se fasse confiance. Et il faut que les jeunes fassent confiance à leurs chefs et aux responsables de ce pays. Nous sommes dans un processus qui est irréversible. Maintenant l'irréversibilité de ce processus nous commande qu'on aille pas à pas pour pouvoir réaliser de façon responsable les différentes étapes du processus. Des promesses ont été faites, mais elles seront exécutées. Les primes ont été prévues pour être payées en 3 fois (90 mille X 3); mais si l'on a payé un mois ou deux, il n'y a pas de raison que le troisième mois ne soit pas payé. S'il y a un retard d'une ou deux semaines, cela ne doit pas donner lieu à de tels comportements. Donc, il faut que les jeunes adoptent de plus en plus un comportement responsable. Maintenant, du côté de nos décideurs, dès que la trésorerie le permettrait, il faudrait que les responsables appliquent ces dispositions dans le temps. Cela nous éviterait des événements de cette nature.

Interview réalisée par Adjé Jean-Alexis

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