mardi 19 août 2008 par Nord-Sud

La réunion du conseil municipal a provoqué un incident entre les militants du Rdr et les partisans de Zémogo Fofana à Boundiali. Dans cette interview, le Pr Bamba El Hadj Sawaliho, un proche du président de l'Anci revient sur des faits qui ont failli tourner au drame.





?Comment expliquez-vous les incidents qui se sont déroulés vendredi entre les partisans de l'Anci et ceux du Rdr ?

J'estime que dans la phase actuelle du processus de retour à la paix, il est bon que chaque institution joue son rôle comme il le faut. Dans ces conditions là, on est sûr que nous allons avancer. Pour ce que je sais contrairement à ce qui a été écrit c'est que le président Zémogo n'a pas été exfiltré ni par l'Onuci ni par un groupe quelconque. Et au moment où je vous parle, il ne négocie pas pour sortir de Boundiali comme certains l'ont écrit. Il est là et je l'ai eu au téléphone. Il était en réunion avec l'ensemble des délégués de l'Anci. Conformément à notre programme d'implantation, il était en train de faire le travail du parti.





?Les choses ne se sont donc pas passées comme relatées par la presse ?

N'étant pas présent, ayant bénéficié des mêmes sources d'information que vous, je retiens que des personnes se réclamant du Rdr et l'affichant ont trouvé nécessaire d'aller faire des casses de biens publics, de la mairie. Et cela s'est produit vers 5 heures du matin. Les jeunes de Boundiali ont ensuite fait revenir l'ordre comme il le fallait.





?Vos partisans ?

Mais vous savez, quand on menace les biens d'une jeunesse, il n'y a plus d'appartenance politique pour réagir. Je peux donc dire que ce sont des personnes se réclamant de l'Anci. A la demande du président, il n'y a pas eu de chasse à l'homme. Il a seulement insisté pour que la réunion ait lieu. Elle a finalement eu lieu à 13 heures devant toutes les autorités administratives et s'est achevée à 15 heures.





?Ce qui s'est passé était-il prévisible ? Y avait-il des signes qui montraient que des personnes pourraient s'opposer à la tenue de cette réunion ?

Une note a été écrite à l'autorité administrative et revendiquée par un des responsables du parti dont vous parliez tout à l'heure et qui a participé à une de nos réunions avec le secrétaire général de préfecture. Nous étions donc prévenus. Ce responsable de parti a été mis face à ses responsabilités.





?Selon les témoignages que vous avez reçus, est-ce qu'il y a eu des blessés dans un ou dans l'autre camp ?

Il n'y a pas eu de blessés. Cependant nous souhaitons que la classe politique élève le niveau du débat. La politique étant un art, la violence y est proscrite. Les biens publics n'ont rien à voir avec les problèmes d'idéologie et des personnes. En plus, la Côte d'Ivoire a eu assez de pertes en vies humaines pour continuer à réfléchir après les évènements. Il faut réfléchir avant. Zémogo est maire de Boundiali, cela va de soi. Une fois que vous êtes élu, vous êtes désigné par l'autorité administrative. Et à ce titre, vous assumez vos responsabilités. De deux choses, l'une. Soit on reconnaît qu'il y a des lois et on les respecte ou on ne les reconnaît pas et on fait ce qu'on veut. Pour la réunion qui s'est tenue, il y avait 17 conseillers sur les 25 conseillers. Parmi les 17, il y avait 13 présents et 4 par procuration. Le quorum était atteint. La réunion s'est tenue. Donc même s'il y avait une procédure engagée par ceux qui veulent qu'on démissionne, je ne crois qu'ils auraient gain de cause. Il ne faut pas se presser. Ce n'est pas le seul poste où les élus sont encore en fonction. Il y en a plusieurs. Pour les autres, ils ont accepté.





?Y a-t-il selon vous des implications politiques derrière ces incidents ?

Ce sont des personnes qui sont connues et identifiées. Ce sont des responsables du Rdr qui ont écrit des courriers mais qui refusent de les publier. Mais le conseil municipal n'est pas une nomination, c'est une élection de personnalités avec un mandat qui court.





?Par rapport au contexte de paix que vous évoquiez, est-ce qu'il ne serait pas judicieux de décaler votre réunion pour éviter un affrontement ? C'était une voie à explorer.

Nous sommes avec des personnes et tout le monde se dit républicain. On ne peut donc pas imaginer que la République recule, c'est-à-dire reporter le conseil municipal parce que des personnes estiment que ce n'est pas le moment. Ce n'est pas responsable. Nous avons la gestion de la mairie. Nous l'assumons.





?Donc M. Zémogo Fofana demeure à son poste malgré la procédure engagée auprès de la Cour suprême par un des membres du conseil pour le faire partir ?

Est-ce qu'user d'un droit constitutionnel qui est une simple procédure vous donne automatiquement droit à vous autoproclamer ? Non, je pense que le 11 juillet 2007, le ministre de l'Intérieur a adressé un courrier à ces personnes pour leur rappeler que la démission d'un parti n'est pas motif de démission d'un maire. Pour l'instant, nous nous en tenons à cela. Je ne crois pas qu'il soit fondé à le faire.





?M. Zémogo ne sent donc pas concerné par cette procédure engagée par les responsables du Rdr ?

Pourquoi voulez-vous qu'un citoyen se sente concerné parce que quelqu'un revendique un droit ? Pour être concerné, il faut qu'il soit interpellé par la justice.





?Ce n'est donc pas le cas jusqu'à présent ?

Je n'ai aucune note pour l'instant relative à cela. Zémogo n'a pour l'instant pas été interpellé ni en qualité de témoin ni en qualité de prévenu.





?Zémogo ne bougera donc pas?

Ce sont des formules lapidaires. Ce n'est pas notre propriété. C'est le peuple de Boundiali qui nous a votés. Tant que le mandat court, il n'y a pas de raison d'abandonner. C'est cela faire preuve de responsabilité. Vous ne pouvez pas être élu et parce qu'une partie infime de votre électorat demande votre départ que vous devrez jeter l'éponge.





?L'Anci se sent-il menacé au Nord?

Non, pas du tout. Nous n'avons aucune inquiétude et nous continuons de nous implanter au Nord. Il faut corriger cela parce que nous n'avons pas de bastion. Notre bastion c'est la Côte d'Ivoire. Nous ne souhaiterions pas être cantonnés dans les débats primaires de Nord, du Sud C'est cette originalité que nous voulons apporter à la politique ivoirienne. Pour Boundiali nous couvrons pratiquement toutes les sous-préfectures. Nous y avons quelque 500 comités de base qui sont sur le terrain et qui travaillent. Cela est vérifiable.





Entretien réalisé par Bakayoko Youssouf

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