mardi 19 août 2008 par L'intelligent d'Abidjan

Malgré leur mise à la disposition de la justice et le repos de deux semaines, des ministres cités dans l'affaire du café-cacao se sont signalés dans leurs cabinets respectifs le lundi 18 août 2008. Un geste humblement apprécié par des observateurs qui voient en ces ministres, un réel patriotisme.

Dano Djédjé, Paul Antoine Bohoun Bouabré, Charles Diby Koffi, Amadou Gon Coulibaly et Alphonse Douati sont les cinq ministres qui devront être auditionnés en tant que témoins, dans le cadre de l'enquête ouverte sur la gestion de la manne cacaoyère et caféière. Ces deux produits qui sont les principales ressources de l'économie nationale, représentent 40% des recettes d'exportation et contribuent pour 10 % à la formation du Produit Intérieur Brut (PIB). Certains de ces ministres, quoique bénéficiant de deux semaines de repos, ont repris le service hier, lundi 18 août 2008, pour évacuer les derniers dossiers et surtout encourager les collaborateurs à poursuivre le travail. Le ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques, Alphonse Douati, était donc à son poste hier, comme il en a l'habitude. Il n'a quitté son cabinet qu'aux environs de 16 heures. Le ministre de l'Agriculture était, lui, à Korhogo. Du côté du ministère de l'Economie et des Finances, l'on annonce que Charles Diby Koffi serait de retour d'un voyage. Outre ces ministres dont l'agenda est resté accessible, celui du Plan et du Développement demeure un mystère. L'assistante de Paul Antoine Bohoun Bouabré qui revendique son droit de réserve, indique ne pas être en mesure de donner un moindre détail sur l'agenda de son ministre. Mais, le plus important, c'est le fait que tous ces ministres soient décidés à se mettre au service de l'Etat. Visiblement, l'on s'aperçoit qu'ils continuent de servir la République, en attendant donc leur audition et surtout la mise sur pied d'un tribunal spécial. Toutefois, il faut indiquer que ces ministres subissent les pressions de toutes parts, notamment d'agents ou lobbystes et même d'intercesseurs auprès de Dieu qui prétendent agir pour que le remaniement n'ait pas lieu ou pour empêcher le juge d'instruction de les inculper. Vraiment, une affaire de vendeur d'illusions! Pire, une liste des biens de certains ministres circule visant à les discréditer, comme si pour des gens ayant travaillé depuis plusieurs années, c'était un délit d'avoir des plantations, des résidences çà et là. L'opération mains propres n'a pas fini de faire des vagues.

Comment Banny a été sauvé

Le nom du Premier ministre Charles Konan Banny ne figure pas sur la liste des autorités à entendre par le doyen des juges d'instruction. Et cela suscite de nombreux commentaires. Premier ministre, Charles Konan Banny a assuré aussi le portefeuille de ministre de l'Economie et des Finances, de 2005 à 2007. Il est donc normal que l'on s'interroge sur sa non comparution en tant que témoin aussi dans le dossier de détournements de fonds dans la filière café/cacao.. En effet, le nom du Premier ministre Charles Konan Banny aurait bel et bien été évoqué au cours des débats liés à ce dossier lors du dernier Conseil des ministres, qui a livré? Bohoun Bouabré, Charles Diby Koffi, Alphonse Douaty, Amadou Gon Coulibaly et Dano Djédjé, à la justice. Selon des sources concordantes, c'est le Président de la République qui aurait soutenu que l'ex-Premier ministre ne serait pas du tout concerné par cette affaire. C'est donc Laurent Gbagbo, selon nos sources, qui a blanchi Charles Konan Banny, alors que son nom aurait été cité pour faire partie de la liste des ministres à auditionner par le doyen des juges d'instruction à titre de témoin. Si le Premier ministre Banny peut dormir tranquille, il n'en est pas de même pour les cinq ministres à entendre comme témoins. Malgré l'assurance de la solidarité que leur a promise le gouvernement au cours de cette réunion, les ministres concernés ne semblent pas être rassurés. Ce déséquilibre est dû, selon nos sources, aux propos du chef de l'Etat qui aurait promis que le gouvernement resterait solidaire des ministres, même s'ils ont commis des fautes.. Malgré donc la solidarité du gouvernement, le fait d'admettre qu'ils ont pu commettre des fautes, ne les rassure pas.

Huberson Digbeu

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023