dimanche 17 août 2008 par L'intelligent d'Abidjan

Les ministres qui ont géré ou qui ont sous leurs tutelles actuelles, la filière café/cacao, doivent passer dans les jours prochains au quatrième cabinet du doyen des juges d'instruction, pour répondre à titre de témoins, à certaines questions liées aux détournements de fonds, dans la filière café/cacao.

Paul Antoine Bohoun Bouabré, Charles Koffi Diby, Amadou Gon Coulibaly, Alphonse Douaty et Sebastien Dano Djédjé, tous ministres en ce moment en fonction passeront devant le doyen des juges d'instruction pour être entendus à titre de témoins sur la gestion de la filière café/cacao, depuis sa libéralisation en 2001. Au ministère de l'Economie et des Finances, ce sont Paul Antoine Bohoun Bouabré, actuel ministre d'Etat, ministre du Plan et du Développement, qui a occupé ce poste de 2000 à 2005 et Charles Koffi Diby, actuel titulaire de ce portefeuille, qui seront auditionnés par Joachim Ladji Gnakadé. Alphonse Douaty, actuel ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques, qui a occupé le poste de ministre de l'Agriculture de 2000 à 2001, Sébastien Dano Djédjé actuel ministre de la Réconciliation nationale, chargé des relations avec les institutions, qui est passé à la tête de ce département de 2001 à 2003 et Amadou Gon Coulibaly, actuel ministre de l'Agriculture, témoigneront aussi de ce qu'ils savent de la gestion de la filière café/cacao, après sept ans de libéralisation. Tous ces cinq ministres ont été donc autorisés par le dernier conseil des ministres à être auditionnés par le doyen des juges d'instruction, à titre de témoins.

Quand le gouvernement limite les pouvoirs du doyen des juges d'instruction

Les ministres cités ci- haut seront auditionnés seulement à titre de témoins, selon le communiqué du gouvernement. Sans préciser la nature des témoignages que donneront lesdits ministres. Des témoins à charges, des témoins à décharges ou des simples témoins qui se présenteront au cabinet du doyen des juges d'instruction, pour seulement narrer des faits... en tout cas, le communiqué n'a pas fait de précision. En précisant déjà que ces ministres seront entendus à titre de témoins, le gouvernement a limité les pouvoirs du juge en charge du dossier. Tout porte à croire que le doyen des juges d'instruction ne peut outrepasser l'étape de l'audition, même s'il a des preuves qui accablent certains ministres après qu'ils seront entendus. Alors qu'il est clair que des ministres ont été bel et bien été cités par certains dirigeants de la filière café/cacao pour justifier certaines sorties de gros sous. Et cela avec des preuves. C'est pourquoi, le terme témoin, précisé par le gouvernement, peut être qualifié d'inique. Dans la mesure où ces ministres étaient ou sont au quotidien de la gestion de la filière café/cacao. Ils sont donc des acteurs qui devraient aussi répondre, à des degrés différents, de leur gestion de ladite filière.

Les révélations de Henri Amouzou qui accablent certains ministres

A la fin de l'assemblée générale de l'ANAPROCI (Association Nationale des Producteurs de café/cacao), tenue à Coco service, les 22, 23 et 24 avril 2008, Henri Kassi Amouzou, qui venait d'être plébiscité, a fait des révélations de taille ce jour-là. Les producteurs de café/cacao n'ont pas détourné de l'argent. Ce sont ceux que nous avons appelés pour nous aider qui ont volé. J'ai les preuves que des dizaines de milliards de FCFA ont été virés sur les comptes de certains ministres. Si je décide de parler, ce gouvernement va se vider à moitié. Depuis 2004, nous avons cotisé plus de 600 milliards de FCFA , avait-il révélé au terme des travaux qui consacraient la fin des travaux de l'assemblée générale de l'ANAPROCI. N'est-ce pas là ces preuves que détiendrait le doyen des juges d'instruction après l'audition du président du conseil de gestion du FDPCC ? Que ferait alors Joachim Ladji Gnakadé face à des preuves de signatures de chèques et des virements faits sur les comptes de certains ministres ? De simples témoins, les ministres pourraient-ils passer à l'état de culpabilité ? Attendons donc de voir.

Banny, Affi, Diarra et Soro oubliés

Parmi les ministres de l'Economie et des Finances à auditionner, ne figure pas le nom de l'ancien Premier ministre Charles Konan Banny. Qui était pourtant ministre de l'Economie et des Finances de 2005 à 2007. Et qui avait pour délégué, Charles Koffi Diby. Le Premier ministre Pascal Affi N'Guessan, l'on le sait, a été la cheville ouvrière des travaux de la libéralisation, qui ont mis sur pied, toutes les structures de la filière café/cacao. A ce titre, Pascal Affi N'Guessan devrait être aussi auditionné à titre de vrai témoin. A côté de Banny et Affi, les Premiers ministres Seydou Diarra et Guillaume Soro devraient être aussi auditionnés sur la gestion de la filière café/cacao. Pour avoir reçu au moins des rapports des ministres en charge de ladite filière.

Vers la levée de l'immunité parlementaire de Daniel Abo

Avec la comparution des ministres de la République, acceptée par le président de la République, le président de l'Assemblée nationale, saisi, il y a plus d'un mois par le doyen des juges d'instruction, pour l'audition du député Daniel Abo, ne devait plus constituer d'obstacle. Les députés devraient rapidement lever l'obstacle, afin que le président du conseil d'administration de Sarem passe devant le doyen des juges d'instruction. Si le gouvernement a accepté de livrer des ministres à la justice, il devait en être de même pour les parlementaires. Qui traînent encore les pas.

Huberson Digbeu

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