samedi 16 août 2008 par Nord-Sud

Le gouvernement a levé l'immunité des 5 ministres appelés à apporter leur éclairage dans l'affaire de l'opération mains propres de la filière café cacao.

Certains dirigeants du café cacao retenus à la Maca n'hésitent pas à affirmer qu'ils ont procédé aux opérations financières avec l'aval de leurs autorités tutélaires. Pourtant la libéralisation exigée par la Banque mondiale et le FMI était censée accroître la compétitivité du secteur et assurer une plus grande transparence dans la gestion des flux. Le général Robert Guéi a cru à cette requête de la communauté financière internationale qui, le 16 mai 2000 par une ordonnance, a prononcé la dissolution et la liquidation de la nouvelle Caistab. Les experts commis à l'effet demandent la création de l`Autorité de régulation du café et du cacao (Arcc) le 10 octobre 2000. Les dispositions de l`ordonnance n°2000-583 du 17 août 2000, fixant les objectifs de l`action économique de l`Etat en matière de commercialisation du café et du cacao, mettent cette structure au c?ur du café cacao. Elle est investie des pouvoirs les plus étendues, ainsi que des principes d`indépendance et de transparence. C`est à travers l`Arcc que l`Etat entend, en effet, assumer ses fonctions régaliennes, tout en laissant au secteur privé le soin d`assurer les opérations courantes de gestion.

Lorsque Laurent Gbagbo arrive au pouvoir, il a la charge de poursuivre le projet. Alphonse Douati est nommé ministre de l`Agriculture et des Ressources animales. Bohoun Bouabré atterrit un peu plus tard au ministère de l'Economie et des Finances. La filière café cacao, c'est environ 1.500 milliards Fcfa. La libéralisation signifie que cet argent va échapper au contrôle de l`Etat et se retrouver dans diverses structures. Parmi les experts, figure Stéphane de Vaucelles, représentant Afrique de la Banque britannique HSBC Investisment. Son équipe conclut à la création d`un fonds destiné à la stabilisation du prix d`achat aux producteurs pour suppléer la baisse continue. La réserve de prudence est ainsi instituée et logée dans un compte séquestre à la Bceao avec les signatures conjointes du ministre de l`Agriculture et du ministre de l`Economie et des Finances. La gestion de ce fonds a provoqué de profondes divergences entre Bohoun Bouabré et Alphonse Douati. Le premier, contre l'avis du second, veut utiliser une partie des sommes collectées pour ressusciter la Caisse autonome d'amortissement (Caa), en difficulté de trésorerie et chroniquement déficitaire. En 2004, M. Douaty suggère au chef l`Etat, la mise en place du Fonds de régulation et de contrôle (Frc), qui a été prévu pour être la structure financière dans le dispositif de la libéralisation. Il assure que la création de cette structure est bien plus qu'une nécessité, une urgence. Il lui revient la gestion du compte séquestre et de tous les autres fonds de la filière. Le 22 avril 2002, le ministre Alphonse Douaty, jugé trop indépendant et peut-être moins docile dans la gestion de ce dossier, est remplacé par Sébastien Dano Djédjé. Coopération parfaite du nouveau ministre de l`Agriculture et des Ressources animales. Deux jours, après sa nomination, il a par exemple, apposé sa signature, à côté de celle de Bohoun Bouabré sur un ordre de transfert, le compte séquestre, pour lequel la filière café-cacao a été tant agitée de nombreux mois durant. En fait, le compte est délogé de la Bceao et pour être relogé à la Caa. Danon Djédjé fait droit à la reprise des activités de la SIFCACI qui faisait l`objet d`une sanction suspensive dans le commerce du café et du cacao. Mieux, Dano Djédjé autorise le contrat de location-gérance conclu entre la Sifca-ci et Anaproci-sa, une société commerciale, dérivée l'Anaproci. Le 20 mars 2003, Amadou Gon Coulibaly prend les commandes du ministère de l'Agriculture. Pour la double-signature nécessaire aux différents décaissements, le courant passe bien avec son collègue de l'Economie et des Finances Bohoun Bouabré. Quand Laurent Gbagbo transfère la gestion de l'ensemble des flux financiers notamment Fdpcc-Investissement à l'Autorité de régulation et de contrôle café cacao (Arcc), les tutelles technique et administrative ont collaboré sans ambiguïté. Ainsi pour les 18 milliards Fcfa décaissés en faveur du Fdpcc dans le cadre des prêts aux coopératives, Bohoun Bouabré et Amadou Coulibaly ont rempli leurs contrats respectifs. Le ministre de l'Agriculture est sur la même lancée avec le successeur de Bohoun Bouabré, Charles Diby Koffi.


Lanciné Bakayoko

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