samedi 16 août 2008 par Notre Voie

Les chevaux de retour ou le galop des récidivistes impunis
Excessifs, trompeurs et violents, demeurent-ils. Comme le naturel qui, chassé, revient au galop, ces chevaux sont, ces jours-ci, au devant de la scène politique. Témoins, ces titres de journaux :
En tournée politique à Affery, le RDR renoue avec la violence, Notre Voie n° 3056 du 11/08/08.
Campagne électorale/Attention danger ! Qui veut brûler la Côte d'Ivoire, Le Temps n° 1589 du 12/08/08
Code de bonne conduite, mon ?il !, disent ces chevaux désormais identifiés, qui n'entendent même pas le bruit de leur galop. Dans le droit pénal, on aurait, à partir des mots retour, renouer, parlé de récidive. A ne pas confondre avec le cumul d'infractions. Selon le lexicologue français Alain Rey, la récidive est aussi latine que la maladie et le délit. Récidivus vient du verbe re-cidere qui signifie re-tomber, car cidere modifie cadere (choir). Récidive, c'est rechute. Qu'est-ce donc qui retombe, dans la récidive ? D'abord, au XVIème, la maladie : on la croyait guérie, le mal réapparaît, il était dit récidiviste. Puis, c'est le délinquant reconnu, et sanctionné, qui est ainsi appelé quand il remet ça, après avoir purgé sa peine. C'est plus fort que lui. On remarque que, dans les deux cas, il ne s'agit pas simplement d'une répétition, mais d'une seconde chute ; or, pour re-tomber, il faut s'être relevé. La récidive médicale suppose une guérison, la récidive pénale signifie que le coupable a purgé sa peine Au figuré, on ne demande pas aux récidivistes d'avoir été sanctionnés, il leur suffit de recommencer (cf. A mots découverts, Ed. Robert Laffont, Paris, 2006, P. 415).
Ainsi peut-on qualifier un homme politique ou un parti politique dont les pratiques de la politique sont excessives, trompeuses et mensongères, de récidiviste, que dis-je de multirécidiviste quand il revient constamment au devant de la scène avec la violence et les menaces à la bouche comme ses seuls moyens d'expression. Lecteurs miens, le mot violence est autant terrible que désagréable. Du latin violentia (abus de la force), la violence est une disposition naturelle à l'expression brutale des sentiments. La violence est la loi de la brute, disait R. Rolland. Pis, elle ne va pas sans d'autres mots aussi terribles que sont insécurité, inconscience, irresponsabilité, pagaille Des mots à la capacité de nuisance reconnue qui étranglent, voire paralysent la démocratie et la paix. Allah yé an tanga ! Que Dieu nous protège (des violents) !
Sur le champ politique, on dira des récidivistes qu'ils sont, par euphémisme, des chevaux de retour Lecteurs miens, je prendrai pour vous deux scènes pour exemplifier ce retour au galop des chevaux :

a/ - Prenez-le et quittez mon village !
Tel est le titre de la première scène, laquelle s'est déroulée, il y a une semaine, à Tiongôli, un village du département de Tengréla (dans le Nord du pays et à 848 kms d'Abidjan). Tiongôli est le village natal du maire (RDR) de la commune de Tengréla et celui-ci pensait bien faire en y conduisant la forte délégation qu'accompagnait le professeur Guédé Guina, membre de la haute direction du RDR et en tournée dans le département (du 2 au 7 août 2008). Ah, lecteurs miens, le sorcier peut oublier, mais la personne dont il a mangé l'enfant ou le parent ne peut oublier. Ce qui est arrivé au maire dans le village de ses parents est honteux. Qui sème le vent récolte la tempête, dit-on. Ajoutons aussi, qui ment constamment finit par récolter la honte. Un vrai retour de manivelle.
Pour revenir à la scène de ce grand jour pour les gens de Tiongôli, ensemble lisons : Après l'épuisement du rituel des salutations et de présentation de la délégation du RDR au chef du village, celui-ci, contrairement à ses habitudes, prit tout de suite la parole et apostropha son fils-maire en ces termes : Tu nous as dit ici en 2000 de ne pas voter Gbagbo, parce que bété, violent et mauvais. Le voter, c'est confier le pays à la pire des ethnies de ce pays et les bété n'aiment pas les gens du Nord Or donc tu nous as menti, nous tes parents. Si les bété sont aussi mauvais, toi, tu fais quoi avec le bété (Guédé Guina) que tu viens de nous présenter avec joie comme ton camarade de parti, mieux, comme l'un des plus grands collaborateurs de Alassane Ouattara. Or donc Alassane travaille avec les bété. Arrête de nous prendre pour des enfants. Avec la guerre-là, on a tout compris. On sait désormais qui est mauvais et violent, et qui ne l'est pas. Prends ton camarade et quittez mon village !,
La délégation se retira dans la honte, tête basse, la queue entre les jambes Ko te môgô gnini, môgô le be kognini (c'est l'homme qui se met dans les problèmes et non l'inverse).
La deuxième scène est celle de la tournée politique de la Secrétaire générale du RDR, Mme Henriette Diabaté à Afféry et qui empoisonne l'actualité. Dénommons-là :

b/ - Aggrave-affaire ou cas de névrose politicienne.
De quoi s'agit-il ? Un accrochage musclé entre la garde rapprochée de Mme Diabaté et certains clients de l'hôtel où elle était descendue fit des blessés graves. Une certaine presse qui en fait sans vergogne (c'est-à-dire sans honte) ses choux gras parle de séquestration de la SG, de son ex-filtration par des forces spéciales, de saisie d'armes à feuet dans Soir Info n° 4183 du 11/08/08, on peut même suivre le film d'une nuit d'enfer. Lecteurs miens, vous avez lu çà et là ces choses qui transforment un verre d'eau en tempête. Comme si la guerre n'était pas finie. Cette façon indécente d'aller dans le champ politique n'est pas de la politique, mais de la névrose politicienne, qui a aussi pour particularité de relever d'une stratégie de communication bien huilée qui joue à fond sur les émotions des citoyens. Cynisme et machiavelisme se conjuguent et s'entremêlent. La polémique enfle, aux vérités s'opposent les contre-vérités Pour ma part, je m'arrêterai sur cette phrase de Mme Diabaté, et je cite : Si on nous provoque, nous saurons réagir. Qui est cet on qui n'est pas aussi impersonnel ? Qui peut (vouloir) provoquer, voire nyagami le pays dans un contexte de sortie de crise ? Comment une dame aussi respectable peut-elle dire nous saurons réagir, qui connote le tac au tac ?
Quand on sait qu'on peut, par grandeur et sérénité, ne pas répondre à une provocation, on comprend que l'affirmation de Dame Diabaté n'est pas apaisante. Pis des pis, elle est exhumation et célébration du précepte ?il pour ?il, dent pour dent. Comme on le voit, l'intention de répondre à une violence par la violence est folle, puisque conduisant à l'escalade de la violence. Sans doute, l'objectif caché de cette affirmation Humm, ces nageurs dont on voit le dos ! Nous saurons réagir n'est pas un appel à mettre balle à terre, à calmer le jeu (démocratique), mais l'introduction de la loi du talion, loi des brutes et primitifs, dans le champ politique. Et ce n'est guère un hasard si la SG et son parti ne sont pas honteux de leur violence. Mieux, ils s'autovictimisent après chaque dérapage créé par eux, refusant ensuite d'assumer leurs responsabilités.
Lecteurs miens, que penser quand les récidivistes (en politique) restent impunis ? Sous nos yeux, un acteur politique reconnu pour ses coups dans l'Etat a promis de mélanger notre pays. La promesse étant une dette, il s'est acquitté de sa dette et le pays fut mélangé l'acteur resta impuni. De quoi remettre ça selon ses humeurs et démangeassions devant la peur des élections.
Lecteurs miens, les élections à venir seront les plus difficiles de notre jeune histoire démocratique. Les signes sont là, têtus comme ces faits de violence qui vont se multiplier à l'approche du 30 novembre 2008. Les chevaux sont de retour et le serpent pas mort. Et ceux qui savent lire les signes nous apprennent que, dès le matin, l'on peut savoir si sa journée sera bonne ou pas. A bon entendeur mon linguistique gbô !

Koné Dramane

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023