samedi 16 août 2008 par Notre Voie

La vie actuelle de notre Nation et les péripéties qui jalonnent notre marche vers la sortie de crise ne laissent aucun observateur de la scène politique ivoirienne indifférent. Aussi certaines personnes, comme nous, voudraient-elles faire entendre leur voix pour apporter leur modeste contribution au retour de la paix dans notre pays; mais n'étant pas sur la scène où fanfaronnent ceux qui se font appeler hommes politiques alors qu'ils n'agissent que pour des intérêts égoïstes contre la paix, notre voix est étouffée par le gazouillis de ces oiseaux de mauvais augure dont l'exercice quotidien consiste à vous précipiter dans le gouffre pour, après, vous accuser d'imprudence ou d'avoir été victime de votre prétendue roublardise. En effet, vous êtes pour nous le garçon vrai?, l'homme courageux qui s'est toujours sacrifié pour son peuple. Car, lorsque vous étiez dans l'opposition, vous avez osé demander au grand Félix Houphouet Boigny de diligenter une enquête suite à la barbarie de la soldatesque d'alors sur vos frères, les étudiants des résidences universitaires de Yopougon. Lorsque les résultats des enquêtes ont été publiés, vous avez exigé que les responsables de cette barbarie soient punis. C'est quand le Vieux a refusé de retourner son propre couteau contre lui-même? que vous avez organisé la marche historique du 18 février 1992 qui vous a conduit en prison.
Dès lors, vous nous êtes apparu comme l'incarnation de l'espoir et du modèle de justice sociale et de bien-être pour les jeunes générations que nous constituions. Aussi nous sommes-nous rangés derrière vous pour faire avec vous votre chemin vers la victoire aux élections de 2000. A partir de ce moment, malheureusement se sont introduits dans votre cercle d'admirateurs ces sorciers - pour certains, sans que vous les y ayez invités de gré-pour accomplir leur sale bésogne, leurs desseins macabres. Depuis lors, ils ne cessent de comploter contre vous la nuit, alors qu'ils vous ont pourtant pratiquement contraint, le jour, à l'acte par leur verve verbale et hypocrite. Vous les avez, par exemple, invités à gouverner avec vous dans le cadre du gouvernement de large ouverture que vous avez formé après votre élection en 2000, et ils ont fomenté, pendant ce temps, des coups d'Etat et suscité une rébellion pour vous déstabiliser, alors que vous étiez en train de redresser la barque ivoire au plan économique. Lorsqu'est survenue la guerre, vous avez voulu libérer le pays. Mais ils s'y sont opposés, vous conseillant les solutions les plus farfelues pour vous accuser plus tard d'avoir abandonné une partie du peuple entre les mains des rebelles ou de n'avoir pas voulu la paix. Ils vont même jusqu'à vous prendre, vous, la victime de leur couardise, pour le bourreau de la Côte d'Ivoire.
Pour le règlement de cette crise militaro-politique, vous avez invité, dès les premières heures de la rébellion, les rebelles à la table de discussion à Lomé (Togo) parce qu'ayant compris trop tôt qu'elle ne pouvait se régler qu'entre les belligérants eux-mêmes. Mais ces sorciers vous ont dépossédé, par l'entremise de leurs maîtres penseurs, de votre initiative pour vous proposer du tourisme politique à travers les capitales africaines et européennes aux frais de l'Etat malade, espérant que vous refusiez de les suivre pour qu'ils vous accusent d'être contre la paix. Alors qu'ils savent que leur intention est que nous ne sortions pas de cette crise avec vous à la tête du pays, mais plutôt qu'elle vous emporte. Ils ont manigancé pour participer à un gouvernement d'union nationale sous prétexte qu'il ne peut y avoir de sortie de crise sans leur contribution. Aussi sabordent-ils la nuit toutes les actions qu'ils vous conseillent le jour. C'est pourquoi le simple citoyen à la voix aphone que je suis voudrait vous prier de ne plus écouter ces ennemis de la nation et d'agir comme la raison du peuple vous le recommande. Je ne vous apprendrai rien si je vous dis que Jésus-Christ qui n'a fait de mal à personne a été combattu et mis à mort. De même, toute décision que vous prendrez en faveur du peuple sera toujours combattue et qualifiée d'électoraliste, quand bien même l'on en verrait le bien fondé.
Agissez donc maintenant en faisant le geste qui sauve. Car la guerre qui enrichit les ennemis de la nation est terminée. En effet, à la fête du 1er mai 2007, vous avez annoncé le passage de la prime de transport octroyée aux travailleurs à 10.000 frs ainsi que l'allocation familiale par enfant pour juillet 2008. Quelle ne fut pas alors notre joie! D'autres auraient même entendu dire qu'à cette même date, les salaires seraient débloqués. Nous attendions donc avec espoir qu'arrive cette date de juillet 2008. Même si cette date a coïncidé avec les crises alimentaire et du pétrole, je vous prie d'agir conformément à ce que vous aviez dit en 2007 et qui n'était pas fortuit, pour ne pas apporter de l'eau au moulin de vos détracteurs. N'ayez surtout pas peur de faire prendre un coup au taux de croissance car même à 0% de taux de croissance, le pays continuerait d'exister. D'ailleurs, comment peut-il y avoir croissance s'il n'y a pas de consommation ?
Monsieur le Président, le travailleur ivoirien n'est plus consommateur parce qu'il n'arrive plus à se nourrir correctement. N'ayez pas peur non plus que ces gestes salvateurs soient qualifiés d'électoralistes. Gouverne-t-on en effet pour se faire chasser du pouvoir ? Autant nul n'est si masochiste qu'il soit son propre fossoyeur, autant personne n'est mécontent d'être remercié d'avoir rendu service à quelqu'un.
Oui, Monsieur le Président, faites pour nous le geste qui sauve et nous, le peuple, saurons vous le revaloir. Ce sera là aussi le prix à payer pour la paix.
Que Dieu vous bénisse et qu'il bénisse la Côte d'Ivoire.
Je vous remercie.




Charles Antoine Djokouéhi,Conseiller pédagogiquedu secondaire cadjok@gmail.com

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