samedi 16 août 2008 par Fraternité Matin

Hier, la vie des populations de Bondoukou a encore été rythmée par des tirs plus ou moins nourris. C'étaient des coups de dissuasion pour s'assurer qu'il n'y avait plus de manifestants dans les rues. Sinon, depuis hier soir (jeudi soir), la situation est sous contrôle et maîtrisée, a affirmé le chef de bataillon Gouanou, commandant du groupement Est, que nous avons joint par téléphone. Jusqu'en fin de journée, les forces de l'ordre et de sécurité tentaient de réduire les dernières poches de résistance consécutives aux manifestations perlées du Mouvement des jeunes pour la renaissance de Bondoukou (Moreb). Depuis mardi, la capitale du Zanzan était en état de siège: les boutiques et le marché ont baissé pavillon, l'administration et les services publics ont fermé, des barrages ont été érigés à presque tous les carrefours, les rues étaient désertes et des éléments des forces de défense et de sécurité patrouillaient dans la ville pour essayer de maintenir l'ordre. La ville aux mille mosquées s'est retrouvée en butte à mille contestations. Des jeunes se réclamant du Moreb étaient sur le pied de guerre. Ils protestaient contre l'exploitation abusive des surfaces forestières de la région. Pour alimenter la scierie Mama de Bondoukou et d'autres usines de transformation du bois du pays, des exploitants forestiers arrivent de Tankessé, d'Abengourou, Agnibilékrou et même Adzopé à la recherche des essences d'arbres pour l'approvisionnement des installations industrielles. Pour mettre fin à cet état de fait, ces jeunes ont donc lancé un ultimatum. Dont la fin coïncidait avec l'autorisation de l'arrêté préfectoral. L'arrêté de ramassage dont bénéficient les exploitants forestiers devait prendre fin le 11 août dernier, a soutenu Gbané Souleymane, président du Moreb (Cf. Nord-Sud quotidien n°974 du 1' août 2008). Aussi, le lendemain, le Moreb est-il passé à l'actionviolente. En prenant au dépourvu la police et la gendarmerie de Bondoukou qui n'ont pas été seulement rapidement débordées; elles ont été aussi à court de munitions et de gaz lacrymogènes en cette période d'embargo sur les armes. Il a donc fallu faire venir des renforts notamment de Daoukro et des équipements d'Abidjan. L'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) a, de sources concordantes, apporté son concours matériel pour aider les FDS à contenir les mouvements de colère. Depuis hier, la situation est revenue à la normale. La tension a fortement baissé. Et nous avons dégraissé l'effectif sur le terrain, a poursuivi le commandant Gouanou. Le préfet, à l'issue d'une réunion, hier, avec les élus, a tenu à rassurer les populations sur la présence massive et dissuasive des éléments des FDS. Ils sont là pour assurer votre protection et le calme, a-t-il déclaré en substance, selon certaines sources, pour inviter ses administrés à reprendre leurs activités. Le bilan des affrontements est relativement lourd: le marché a été saccagé, des véhicules de l'Onuci ont été vandalisés, celui du député Fallé Timité, incendié. Il n'y a aucune perte en vie humaine. Mais quatre manifestants ont été arrêtés et déférés à la prison civile de Bondoukou pour actes de vandalisme.




F. M . Bally

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