Trente-sept pays et trois cents participants. Pour les dix ans du Riarc, Abidjan et Yamoussoukro seront investis, du 18 au 24 août, par des spécialistes. Bilan. Les délégués, environ 300, provenant des 37 pays que compte le Réseau des instances africaines de régulation de la communication (Riarc), ont commencé à arriver à Abidjan depuis hier. Ils seront reçus, aujourd'hui, par le Président de la République, SEM. Laurent Gbagbo, en prélude au 10ème anniversaire de l'institution qui se déroule du 18 au 24 août à Abidjan et Yamoussoukro.
La régulation est un levier essentiel de la communication et qui est apparu plus nécessaire que jamais, au cours de la dernière décennie en Afrique, au lendemain de ce qu'il est convenu d'appeler le printemps de la presse qui est allé de pair avec l'essor du multipartisme politique. Dix ans. Dix ans que le Réseau des instances africaines de régulation de la communication (Riarc) tente de fédérer les compétences nationales en matière axiologique et utilitaire, éthique et déontologique des structures de communication médiatique au niveau du continent. A juste titre, ce dixième printemps sera célébré autour de la thématique : Régulation, démocratie et bonne gouvernance. Sept pays européens et américains (France, Belgique, Luxembourg, Suisse, Portugal, Canada, Etats-Unis) défricheront cette problématique avec leurs pairs africains. Le Chef de l'Etat, dans son message dans le magazine hors-série publié à l'occasion de cet évènement, argue que la régulation est un nouveau métier dans la plupart des pays africains, notamment dans sa composante médiatique. Et, par la volonté politique des gouvernants, sa pratique s'est étendue à plusieurs secteurs d'activité. C'est dire combien ce métier est devenu un levier essentiel dans la nouvelle approche de gouvernance; celle qui consiste à garantir la transparence, l'équité et la justice dans le jeu de la concurrence et le respect des règles de droit aux opérateurs économiques et aux consommateurs. Ces assises ivoiriennes révèlent donc des enjeux importants, au-delà du bilan du Réseau. Surtout pour la Côte d'Ivoire. Son instance de régulation, le Conseil national de la communication audiovisuelle (Cnca), qui s'est longtemps bornée à des piges, est en train d'opérer sa propre mue dans l'élan de la libéralisation amorcée du paysage audiovisuel, télévisuel notamment, dans un contexte politique des plus complexes. D'où la pertinence du message du Président Gbagbo. Loin d'un pessimisme béat, le Premier ministre, Guillaume Soro, qui ouvrira les assises, penche pour une lecture positive des instances de régulation. Il confie que la régulation est un cercle vertueux. Aussi, face au pluralisme de l'information et sous le sceau brandi de l'indépendance, il constate à l'occasion de ce 10ème anniversaire que le Riarc est un élément important d'équilibre, de mesure et de modération.
Le ministre de la Communication, Ibrahim Sy Savané, plus critique, s'interroge et interroge: Comment réguler le régulateur? L'expérience décanale du Riarc lui paraît trop récente pour jauger de sa performance. Car, à l'en croire, les enjeux sont colossaux. Comment réguler sans corseter et en même temps ne pas faire disparaître toute règle? Comment garder à l'Etat sa place éminente sans que, pour autant, il étouffe toutes les initiatives? Comment arbitrer entre des intérêts de plus en plus colossaux mais toujours antagonistes? C'est cette trilogie problématique et opératoire que Sy Savané soumet à la réflexion des délégués pour entrevoir les perspectives d'un bon aloi. Car, in fine, c'est pour mieux partager ces expériences, réfléchir aux convergences avec d'autres secteurs de la vie économique confrontés à la question cruciale de la régulation, que les rencontres du 10ème anniversaire sont si prometteuses. SEM. Luc Adolphe Tiao, président en exercice du Réseau, récemment nommé ambassadeur du Burkina Faso à Paris et ses collègues ont donc de la matière à sasser et ressasser. L'humilité chevillée au corps et qui sied aux grands esprits, il avoue que dix ans, ce n'est pas encore la majorité mais le constat est là que l'enfant a grandi. Il a encore besoin de conseils et de l'encadrement des parents pour sa croissance. Mais il n'y a pas de doute qu'il en sera ainsi, au regard de la détermination affichée des responsables du Réseau. Toutes choses qui agréent à l'assentiment de Jérôme Djégou Bailly, président du Cnca et du Comité d'organisation de ces 10 ans. Qui a opéré un casting de choix pour animer le colloque international sur le thème : Régulation, démocratie et bonne gouvernance. Depuis sa création en juin 1998 à Libreville au Gabon, le Riarc a connu 4 présidents. Ce sont MM. Pierre-Marie Dong (Gabon), Langa Mandla (Afrique du Sud), Mme Julieta Langa (Mozambique) et Luc Adolphe Tiao (Burkina Faso).
Remi Coulibaly
Un programme riche et chargé
Régulation, démocratique et bonne gouvernance. C'est à travers ces vocables pleins d'espoir que le Réseau des instances africaines de régulation de la communication (Riarc) va célébrer du 17 au 24 août prochain ses 10 ans d'existence en terre d'Eburnie. Abidjan et Yamoussoukro vont se relayer pour accueillir les 37 pays membres de ce réseau et leurs invités que sont les USA, le Canada, la Belgique, le Luxembourg, et la France. La cérémonie d'ouverture se déroulera au Palais de la culture de Treichville (Abidjan) en présence du Chef de l'Etat ivoirien, Laurent Gbagbo. Elle sera marquée par la décoration de cinq régulateurs et de la réunion des présidents des instances africaines de régulation et chefs de délégation. Quant à Yamoussoukro, elle va accueillir les participants pour les travaux du colloque. Lesquels seront précédés de deux conférences inaugurales et ponctué de panels autour du thème central : Régulation, démocratique et bonne gouvernance. Les conférences inaugurales seront animées d'une part Pr. Francis Vangah Wodié, doyen honoraire de la Faculté de droit et de sciences politiques à l'Université de Cocody sur le thème : La régulation dans la société. Et d'autre part, par Annie Le Noble-Bart, directrice du centre d'études sur les médias de l'information à l'Université de Bordeaux III sur le thème : La régulation et autorégulation de médias. Cinq panels sont au programme. Le premier portera sur La régulation socio-politique. Mme Miville Dechène, médiateur à Radio Canada, va instruire les participants sur La régulation électorale au Canada. Quand La régulation électorale en Afrique sera l'affaire du Pr. Boniface Ouraga Obou. Et Abdelbaki Hermassi, président du Conseil supérieur de la communication de Tunisie, planchera sur La régulation électorale dans le Maghreb. Le deuxième panel relève du volet économique de la régulation. Il a pour thème La régulation des produits agricoles (anacarde, coton, café-cacao). Il sera l'affaire de Dominique Kpolo Mapri, directeur exécutif de l'Autorité de régulation des produits agricoles (Areca). La régulation de l'énergie et des produits de première nécessité sera abordée par l'expert en la matière Joseph Assi Bénié, directeur général de l'Agence nationale de régulation du secteur de l'électricité (Anaré.). La régulation socio-culturelle, thème du troisième panel, n'est pas en reste. Woï Mela Gaston Aimé, secrétaire général de l'Observatoire de la fluidité des transports, va entretenir les participants sur La gouvernance et régulation du transport. Quant à Ignace Biaka Zasselie, il passera au peigne fin La régulation dans un contexte de déréglementation sociale. Le pr. Paul N'da de l'Ecole normale supérieure d'Abidjan (Ena), pour sa part, développera Les alliances à plaisanterie. Le quatrième panel a trait à la Régulation et autorégulation des médias. Ahmed Ghazali, professeur de droit et président du Conseil supérieur de la communication du Maroc et Pr. Acka Sohuily Félix, de la Faculté de droit de l'Université de Cocody interviendront sur le thème : la Régulation des médias audiovisuels Pr. Koua Saffo de l'université de Cocody, Dr Kwamé Karikari, président de la Fondation des médias de l'Afrique de l'Ouest (MFWA) auront, eux, en charge la Régulation de la presse écrite. Le dernier panel portera sur la Convergence des systèmes mondiaux, divergence des législations et perspectives avec des sous-thèmes tels : Le rôle et les enjeux de la révolution numérique dans la régulation, la régulation et l'autorégulation de l'Internet et la régulation du contenu et du contenant (télécommunications et communication) . Ses animateurs sont: Marie-Soleil Frère, spécialiste en média, Béatrice Traoré de l'université de Bordeaux III, Michel Tchanou du Riarc, Jacques Akossi Akossi, secrétaire général de l'Union africaine des télécommunications (Uat, Kenya), Koffi Simon, ingénieur, directeur des radiocommunications de l' l'Agence des télécommunications de Côte d'Ivoire, Demba Traoré, expert en NTIC, (Usa), Jean-Claude Guyot, vice- président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (Belgique), Didier Kla ingénieur de Côte d'Ivoire Télécom, Abdou Latif Coulibaly, journaliste, directeur de l'Essic, (Sénégal), Trilock Dwarka, président du Conseil de la communication de l'Île Maurice, Julieta Langa, président du Cscs (Mozambique) et Célestin Brou, expert consultant au Conseil national de la communication audiovisuelle. A l'issue de ce colloque où l'expertise du premier groupe de presse ivoirien, Fraternité Matin, est sollicitée à travers ses journalistes que sont Alfred Dan Moussa, Zio Moussa, Agnès Kraidy, Franck Armand Zagbayou et Barthélemy Kouamé, des recommandations vont être adoptées pour une meilleure régulation dans tous les secteurs d'activité. Après une semaine de travail, une randonnée est prévue pour permettre aux participants de se détendre et également découvrir quelques sites touristiques ivoiriens. Ils visiteront la Basilique de Yamoussoukro, les belles plages d'Assinie-Mafia et l'île Boulay, sans oublier une balade lagunaire avec une escale à la baie des milliardaires. Pour finir en beauté cette 10e célébration, un dîner est prévu. Les participants découvriront le riche patrimoine musical ivoirien avec des artistes tels Aïcha Koné, Bahi Carlos, Billy Billy, Orentchy, les Go du Kotéba, Dothy Z et Mathitia. Au cours de cette soirée, Pathé'O le célèbre couturier présentera une nouvelle collection.
Marie Chantal Obinde