jeudi 14 août 2008 par Le Matin d'Abidjan

La direction générale des transports terrestres et de la circulation (DGTTC) a décidé de livrer une concurrence illégale à la Société nationale des transports terrestres (SONATT). Et ce, avec la complicité du ministre de la tutelle technique.

Alors que l'on attend du gouvernement plus d'engagement à travailler à la sortie de crise, certains ministres continuent de tirer les choses vers le bas. En réalité, les préoccupations ne sont pas les mêmes pour tous. La mauvaise foi, le colportage et le dénigrement dans lesquels se sont spécialisés des membres du gouvernement du premier ministre Soro Guillaume constituent un handicap sérieux à la mise en ?uvre efficiente des accords politiques de Ouagadougou, et surtout à la tenue de la présidentielle prévue le 30 novembre prochain. Le chef de l'Etat a d'ailleurs déploré lui-même ce fait, à la faveur d'une audience qu'il a accordée récemment aux populations de Vavoua. A l'occasion, le président de la République, S.E.M Laurent Gbagbo, avait condamné vertement les pratiques peu honorables de ses ministres comploteurs. Pis, des membres du gouvernement ont trempé dans des dossiers sales relatifs à des détournements de fonds et autres malversations. Les exemples sont légion. Et aujourd'hui, le ministre des Transports, M. Mabri Toikeusse, figure bien sur cette seconde liste, au vu de certains actes frauduleux dont il s'est rendu coupable. Un document émis par la direction générale des transports terrestres et de la circulation (DGTTC) l'accable. Depuis quelques mois, ce service est secoué par une affaire sale qui risque de compromettre tous les efforts de redynamisation et d'assainissement engagés au niveau du service des transports terrestres.

La signature qui enfonce le ministre.
Et chose curieuse, le ministre se trouve être l'instigateur du réseau de faussaires qui s'est solidement installé pour pomper les caisses de l'Etat de Côte d'Ivoire. Le système de fraude certainement verrouillé à la Société nationale de transport terrestre (SONATT) qui lui servait de caisse noire, le ministre a décidé de se rabattre sur la DGTTC. Ainsi, on ne sait par quel tour de magie, cette structure s'adonne aujourd'hui, en toute impunité totale, à l'édition des titres de transports. Les documents délivrés portent la signature du ministre himself. (NDLR : voir fac similé). La DGTTC, par la caution de ce dernier livre une concurrence illégale à la société nationale des transports terrestres (SONATT), sur le terrain, en toute sérénité. Alors que la loi est suffisamment claire : la société nationale des Transports Terrestres (SONATT) est une société d'Etat, créée par le décret n° 2000-97 du 23 février 2000, modifiée par le décret 2001-377 du 23 juin 2001. Son capital social est de 300 000 000 F CFA entièrement détenu par l'Etat de Côte d'Ivoire. Elle est placée sous la tutelle technique du ministère des Transports et sous la tutelle financière du ministère de l'Economie et des Finances. Conformément à son décret de création, la SONATT est chargée, sur toute l'étendue du territoire national, de l'instruction des dossiers et de l'édition des cartes grises nationales et internationales, des permis de conduire nationaux et internationaux, des autorisations de transport de voyageurs et de marchandises en régime national et international, à l'exception des autorisations de transport urbain. Sa compétence s'étend également à la confection des plaques d'immatriculation et des opérations de sécurisation, au contrôle technique des véhicules, à la réception des véhicules importés ou transformés à titre isolé ou définitif et à l'organisation des examens de permis de conduire en collaboration avec les structures du Ministère des Transports. Quant à la direction générale des transports terrestres et de la circulation (DGTTC), elle a pour mission de conduire, la politique nationale en matière de transport terrestre et de circulation routière et ferroviaire, sous l'autorité du ministre des Transports. Pour mener à bien cette tâche, elle bénéficie d'attributions et d'une organisation qui lui confèrent un rôle et un cadre institutionnel orienté vers une véritable prise en main du suivi économique des transports terrestres. Ses fonctions régaliennes lui imposent notamment un rôle de contrôle des structures en charge d'activités concédées par l'Etat, conformément au cahier des charges et un rôle d'encadrement des opérateurs pour une amélioration des conditions d'exercice de leur activités.

Menace sur le contrôle routier
Alors, l'on s'explique difficilement que le ministre confonde les choses, au point d'apposer sa signature sur les documents frauduleux de la DGTTC. Bien entendu, les opérateurs économiques véreux peuvent profiter à souhait de ce vice de forme qui est pour eux une occasion rêvée pour ne pas payer à l'Etat la totalité des taxes et impôts qui devraient lui revenir. Sans compter que les titres parallèles sont de nature à semer la confusion au niveau du contrôle routier et à rendre peu efficaces les services des forces de l'ordre en matière de sécurité. Les pertes financières sont importantes pour la SONATT et donc pour l'Etat de Côte d'Ivoire, quand le ministre, lui, se constitue un trésor, certainement, dans la perspective de la campagne présidentielle, puisqu'il est président de parti politique et a déjà annoncé sa candidature à plusieurs tribunes. Dans tous les cas, Mabri Toikeusse s'y prend mal, parce que le créneau d'édition des titres de transport dans lequel il s'engouffre, illégalement, est trop gros pour passer inaperçu. Et le ministre l'apprend déjà à ses dépens, lui qui entache davantage sa crédibilité et son image avec cette affaire.

Safiatou Ouattara

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