jeudi 14 août 2008 par Le Temps

Willer Gnagbo vient de publier aux éditions NEI-CEDA, son premier roman Il n'y aura pas de jugement dernier. Il n'y aura de jugement dernier. Le titre seul suffit pour mettre en transe, ceux qui ne jurent que par un paradis après la mort. Willer Gnagbo se veut peut-être provocateur, mais son ouvrage, le premier de sa jeune carrière d'écrivain est une réflexion sur le pouvoir, la société, en somme, sur la vie. La page de couverture rouge-sang en est d'ailleurs un témoignage. Un homme sûrement dévoré par une folle ambition de domination jouit de son pouvoir. A côté, une marmite pleine de fétiches et derrière un pasteur dirigeant un culte religieux. Des piliers sur lesquels s'appuient généralement les pouvoirs sous les tropiques. Il n'y aura jamais de jugement dernier est une caricature des autocrates. C'est aussi une peinture très salée des politiques assoiffés de pouvoir. Et donc prêts à tout pour atteindre leur objectif. La fin justifiant à leurs yeux les moyens. Reléguant du coup, les principes moraux au second plan. Comme le reconnaît le professeur Zadi, " la politique est laide ". Wassoli, un vil personnage est dévoré par ses ambitions démesurées. Il veut par tous les moyens, devenir chef, comme on en voit ici dans le sale marigot politique ivoirien. Seuls ses intérêts comptent à ses yeux. Il veut absolument diriger le paisible village de Zarata. Dont le trône est vacant après le décès du chef de la tribu. Son ambition va avec les lois de la tradition qui veulent que le successeur ait des liens de sang avec son prédécesseur. Mais d'un autre côté, il y a les partisans de la démocratie qui veulent mettre fin au règne par le lien de sang. C'est-à-dire à la succession monarchique. Wassoli qui veut à tous les prix parvenir à ses fins, va faire appel à son génie destructeur. La violence, les pratiques fétichistes, en fait, tout y passe pour son pouvoir. Il n'y aura pas de jugement dernier, c'est tout le monde, la plupart des pouvoirs africains qui se bâtissent dans une sorte de syncrétisme. L'écriture est bien légère, et souffle une poésie dense avec des images tirées de la culture Bété. L'auteur puise en tout cas, dans la culture du terroir à l'image des Zadi, Séry Bailly et autres.

Kiprindé Sonia

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