jeudi 14 août 2008 par Nord-Sud

Un mouvement de jeunes a décidé de demander des comptes sur l'exploitation des richesses de la région. Il est prêt à se faire entendre même par la manière forte.

Les affrontements qui ont opposé les policiers aux jeunes gens se réclamant du Mouvement des jeunes pour la renaissance de Bondoukou (MOREB) se sont intensifiés hier. Le marché et les commerces sont restés fermés toute la journée. Le transport inexistant. Aux principaux carrefours, les manifestants ont dressé des barricades. Un agent de l'ONUCI a été blessé, deux véhicules de type 4x4 de l'ONUCI ont été endommagés. Sur les voies, les pneus étaient en flammes. La résidence du chef de l'Agence ivoirienne de presse (AIP) à Bondoukou a essuyé des jets de pierres. Fort heureusement, celui-ci était absent de la ville. Le domicile du correspondant de ONUCI FM a été attaqué par une centaine de manifestants, alors que celui-ci était à l'intérieur avec toute sa famille et le correspondant de Nord-Sud quotidien. L'intervention des forces de défense et de sécurité et d'un détachement du contingent ghanéen de l'ONUCI ont permis d'éviter le pire. La police a réagi par des grenades lacrymogènes. Des manifestants ont été appréhendés. Le MOREB avait quelques jours plus tôt menacé d'attenter à la vie des journalistes et correspondants de presse présents à Bondoukou au motif que ceux-ci ne partagent pas leur combat. Ce que le président du Moreb, Gbané Souleymane, a rejeté en bloc. Interpellé par les journalistes après cet acte d'une rare gravité, le président du Moreb a dit ne pas être au courant des intentions de ces jeunes.

Le préfet de région, Goun François Germain, a réquisitionné l'armée pour aider la police débordée. Rappelons que la veille, un gendarme qui rentrait du service a été enlevé par les jeunes et conduit loin de la ville avant d'être libéré tard dans la nuit.

L'exploitation du bois et du manganèse divise en ce moment les autorités administratives et le Moreb. Selon Gbané Souleymane, l'arrêté de ramassage dont bénéficie les exploitants forestiers devait prendre fin le 11 août dernier L'ultimatum lancé par le Moreb ayant expiré depuis 2 jours, les sympathisants du mouvement sont entrés en action par des manifestations violentes.

Certains chefs traditionnels ont admis l'exploitation du bois de leurs forêts. En contrepartie, les villageois ont bénéficié de routes, d'écoles et de dispensaires. A Nassian, Yorobodi et Dimandougou, ces exploitants auraient contribué à la construction des locaux des sous-préfets. Ces exploitants forestiers ont versé aux paysans 130 millions de Fcfa en plus des sommes qui leur sont payées directement lors de l'abattage des arbres. Les 130 millions reçus par les paysans leur ont permis de réaliser des projets communautaires. La première attaque contre l'exploitation dans le Zanzan est venue de Kouakou Dapa, maire de la commune de Bondoukou. Mais son combat a été freiné par les chefs traditionnels. Selon le maire, des chefs traditionnels ont exigé la poursuite de l'exploitation du bois dans leurs villages. Ces chefs ont cité les réalisations des exploitants dans leurs localités que ni la mairie, ni le conseil général n'ont réalisé jusque-là . Nanan Bibi 2, chef de la province de Pinango, se désolidarise des manifestants du Moreb. Même si la cause est noble, je n'apprécie pas les méthodes utilisées , a déclaré le chef de Pinango.

La deuxième préoccupation du Moreb est le manganèse. Il demande la suspension de la recherche du manganèse afin de déterminer les retombées pour les populations et pour la région. Konan Kouakou, Augustin, directeur régional de mines a indiqué que Taurian, la société qui opère dans les villages de Similimi et Boromba est en phase d'exploration. Cette étape demande 50 mille tonnes de produits bruts. Pour le directeur des mines, cette quantité est raisonnable dans la mesure où il y a seulement 20% de manganèse. Ce sont des millions de tonnes de manganèse que compte le département de Bondoukou , explique-t-il. Yao Eugène, responsable de production de Taurian, précise que la société bénéficie d'un décret d'exploration signé par le président de la République. Partout où nous opérons, nous avons discuté avec les populations locales. Du 16 juin au 2 août, pour le seul site de Similimi, ce sont environ 10 millions de Fcfa de salaires qui ont été payés aux 300 employés. Une route de 7 km de long et de 20 m de large a été ouverte pour désenclaver le village. Les arbres (manguiers, bananiers, anacardiers) abattus pendant l'ouverture de cette route ont été dédommagés à hauteur de 2 millions neuf cent mille Fcfa. 400 personnes travaillent sur les sites de Boromba. Il n'est pas question pour nous d'implanter une usine ailleurs comme le prétendent nos frères. Nous n'en sommes pas encore à la phase d'exploitation. C'est seulement de l'exploration que nous faisons. A ce jour, c'est plus de 1 milliard 500 millions d'investissements en machinerie que nous avons injectés dans les différents chantiers , revèle-t-il. De nouveaux gisements de manganèse ont été également découverts à Pogouvangni, Nangnongo et dans d'autres villages. Selon M. Yao, ce sont plus de 2 mille personnes qui travailleront pour sa société une fois l'usine implantée. Je ne comprends pas que l'on s'acharne à repousser le développement , s'interroge le responsable de production de la société Taurian. Le préfet de région est déterminé à ramener l'ordre. Je dis non aux jeunes qui se permettent de se substituer à l'Etat, qui érigent des barricades à travers la ville, qui commettent des dégâts, qui empêchent les opérateurs économiques d'exercer et qui terrorisent les populations. J'ai réquisitionné l'armée pour appuyer la police sur le terrain , a-t-il confié. Les affrontements se sont poursuivis jusqu'à la tombée de la nuit.

Jean Michel Ouattara, Correspondant régional

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