jeudi 14 août 2008 par Le Patriote

Inculper tous les dirigeants politiques qui ont commis des exactions graves sur leurs populations. Et ce, qu'ils soient en exercice ou non. Telle est la mission que s'est assigné le procureur général de la Cour pénale internationale (CPI). Après la récente inculpation du président soudanais Omar El Béchir pour crimes de guerre et génocide au Darfour, le bureau du procureur de la Cour pénale internationale est en train d'enquêter sur les crimes relevant de sa compétence qui ont eu lieu, ces dernières années, en Côte d'Ivoire. En visite à Dakar, lundi dernier, le procureur Moreno Ocampo, dans un communiqué, a révélé que son bureau examine en ce moment, si les crimes commis ces huit dernières années relèvent de la juridiction de la Cour. Quand on sait que les crimes qui l'intéressent sont les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et les génocides, on peut dire qu'il serait difficile, pour les dirigeants du régime actuel avec à leur tête le président Laurent Gbagbo, d'échapper à une inculpation. Aux premières heures de la crise que connaît la Côte d'Ivoire, plusieurs exactions graves ont été perpétrées sur les populations. Notamment, dans la zone sous contrôle gouvernemental. L'on se souvient, aux lendemains du 19 septembre 2002, des assassinats ciblés et lâchement exécutés par les escadrons de la mort proches du palais, en plein couvre-feu. Des personnalités et des militants proches de l'opposition ont été nuitamment, au cours de cette triste période, soustraits de leur domicile et sauvagement exécutés par des hommes en treillis qui ont été, par la suite, identifiés comme des militaires et des civils tous en poste au palais ou travaillant étroitement avec les pontes du régime. A ces crimes, il faut ajouter les charniers de Youpougon en octobre 2000, de Monokozohi en 2002, les tueries qui ont suivi les reprises de Man et de Daloa. Des crimes qu'on avait, à l'époque, qualifié d' effets collatéraux de la guerre. Aujourd'hui, à l'heure du bilan, il serait difficile pour le président Laurent Gbagbo, de décliner sa responsabilité dans toute cette boucherie qu'on veut mettre au compte de la guerre et de la lutte pour le pouvoir. Il est vrai que la Côte d'Ivoire n'est pas encore partie prenante au Traité de Rome portant création de la CPI. Car jusqu'à présent, les autorités ivoiriennes n'ont pas encore ratifié le traité. Mais, en octobre 2003, notre pays a accepté la compétence de la Cour pénale internationale par voie de déclaration. Une disposition suffisante pour permettre à la Cour pénale internationale d'instruire le dossier ivoirien. Après donc Charles Taylor, Omar El Béchir, à Gbagbo le tour ? Attendons de voir...

Jean-Claude Coulibaly

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