lundi 11 août 2008 par Notre Voie

Dans leurs journaux consacrés, hier soir, à l'Afrique, Radio France internationale (RFI) et la radio britannique BBC ont diffusé l'information selon laquelle Mme Henriette Dagri Diabaté a été séquestrée par les jeunes de la commune d'Affery au motif qu'elle serait allée en tournée politique pour expliquer l'accord de Ouagadougou aux populations. La Secrétaire générale du Rassemblement des Républicains (RDR, parti d' Alassane Dramane Ouattara) a subi, selon ces deux radios, des jets de pierres et de gourdins toute la nuit de samedi à dimanche avant d'être exfiltrée par la gendarmerie grâce à un hélicoptère de liaison. Mensonge ! Les deux radios internationales ont été actionnées par le RDR pour débiter ces informations, allant jusqu'à poser la question de la sécurité des prochaines élections en Côte d'Ivoire. Mais que s'est-il réellement passé à Afféry ?
Ecoutez, j'étais au nombre des personnes qui ont rencontré ce matin (hier dimanche, NDLR), Mme Diabaté et sa délégation dans un hôtel de la commune, raconte M. Brou Philibert, président de la Mutuelle des cadres d'Afféry (MUDESCAF) que nous avons rencontré. Et à M. Brou d'expliquer : La SG du RDR avait déjà terminé sa tournée politique dans la région lorsqu'elle est arrivée à Affery. Cette tournée s'est d'ailleurs déroulée sans heurt.
A Afféry, Mme Henriette Diabaté et sa délégation ont pris 10 chambres dans un hôtel qui en compte 23. Samedi nuit, deux clients ont aussi pris des chambres dans l'hôtel. Ces clients ont fait venir leurs amis et s'apprêtaient à installer des tables et des chaises dans la cour de l'hôtel afin de prendre un pot, lorsqu'ils ont été stoppés par des gardes de Mme Diabaté au motif qu'une personnalité était installée dans l'hôtel. Les arguments développés pour rassurer les gardes de la SG du RDR se sont avérés infructueux. Les gardes sont restés inflexibles. Une altercation s'est déclenchée, les gardes ont blessé grièvement, avec leurs ceinturons, deux de leurs interlocuteurs. L'un à la tête, l'autre à la bouche. Ils ont arraché 6 dents à ce dernier. Les gardes ont ensuite expulsé de force tous les clients autres que ceux de la délégation de Mme Diabaté de l'hôtel. Ils ont enfin intimé l'ordre au gérant de l'hôtel de fermer le portail. Il se trouve que l'un des blessés est le fondateur du collège privé Ernest Le Grand d'Afféry.
Lorsque la nouvelle de la blessure du fondateur d'école s'est propagée dans toute la ville, raconte M. Philibert Brou, ses élèves et leurs camarades ont envahi la devanture de l'hôtel. Ils y sont restés en signe de protestation jusqu'au petit matin du dimanche. Le matin, nous avons été alerté par le gérant de l'hôtel. J'ai donc saisi le Sous-préfet, le député et le maire. Le Sous-préfet a informé le Préfet du département d'Akoupé dont dépend Afféry. Dès 7h, toutes ces personnalités et moi, ainsi que les deux blessés graves (ils ont reçu les premiers soins à l'hôpital), nous nous sommes déportés à l'hôtel pour rencontrer la SG du RDR .
Là, ces personnalités ont été surprises d'apprendre que Mme Diabaté était en train d'appeler des radios étrangères, l'ONUCI et la force française Licorne pour leur dire qu'elle était séquestrée et menacée de mort. Et pourtant, raconte toujours M. Brou, nous avions apaisé les esprits et les jeunes étaient en train de s'en aller. Mieux, après moult tractations au téléphone avec elle, Mme Diabaté a accepté de nous rencontrer. Lorsqu'elle a vu les blessés, elle s'est déclarée effondrée. Elle a aussi ajouté qu'elle n'était pas informée de ce qui s'était passé la veille dans l'hôtel .
Bien entendu, le gérant soutient que les gardes de Mme Diabaté ont fait grand bruit en brutalisant les clients parmi lesquels les deux blessés, mais pourquoi ne pas croire en ce que dit Mme Diabaté ? Surtout, raconte encore M. Brou, que
ce qui s'est passé n'a rien à voir avec la politique. Il s'agit d'un incident qui a causé deux blessés graves. C'est donc faux d'affirmer que les jeunes ont manifesté devant l'hôtel pour des questions politiques. Je trouve cela choquant et excessif de la part d'une dame que nous respections tous pour son âge . M. Brou se déclare d'autant sidéré que, selon lui, avant de quitter Afféry, Mme Diabaté a présenté des excuses publiques aux jeunes pour le malheur survenu et a remis la somme de 50.000 FCFA et une bouteille de liqueur, comme il est de coutume en pays akan, à cause de l'acte posée par sa garde rapprochée. Mais mieux, elle a décidé, séance tenante, de prendre en charge les soins des deux blessés qui ont été convoyés par son escorte à la PISAM à Abidjan où ils sont d'ailleurs soignés. Reconnaissant son tort, Mme Henriette Diabaté a demandé devant les autorités d'Afféry que sont le Sous-préfet, le maire, le président du Conseil général, un règlement à l'amiable du problème. Nous aurions pu porter plainte mais on a accepté de pardonner. Pour nous, l'incident était donc clos. Pourquoi fait-elle une exploitation politicienne de ce fait ? , s'interroge Philibert Brou.
Ainsi va le RDR. Qui renoue avec la violence et le mensonge. Car, en vérité, le chien ne change jamais sa façon de s'asseoir.





Didier Depry didierdepri@yahoo.fr

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