lundi 11 août 2008 par Le Nouveau Réveil

Pr. Kakou Guikahué, Secrétaire général adjoint du PDCI chargé de la mobilisation et de l`organisation a accordé une interview à "Le Repère", dans sa parution n°36 du vendredi 08 août 2008. Dans cette interview, il a donné les raisons qui l`ont amené à refuser la médaille à lui donner par le régime FPI et qu`il devait recevoir à la cérémonie officielle de la commémoration du 48e anniversaire de l`accession de la Côte d`Ivoire à l`indépendance. Il n`a pas manqué de remettre à sa place le président du FPI, Affi N`Guessan, qui n`arrête pas de s`attaquer à son parti, le PDCI-RDA. A la demande générale, nous vous reproposons cet extrait dans "Le Nouveau Réveil".

Professeur, vous faites partie des personnes devant être décorées par le chef de l`Etat. Mais on ne vous a pas vu au palais. Alors, comment doit-on interpréter cette attitude ? Est-ce un acte "d`insubordination" au chef ?
Le terme insubordination est un peu fort.

Nous l`avons employé avec des guillemets.
Je pense que nous ne sommes pas dans un royaume, donc nous ne sommes pas des sujets. Nous sommes dans une République. Nous sommes citoyens. Je suis heureux que l`Etat de Côte d`Ivoire m`honore, mais chacun vit avec une morale et des principes. Et aujourd`hui, la République est incarnée par le régime FPI. Et ce régime ne m`a pas seulement considéré comme un adversaire politique, mais comme un ennemi. Parce que l`adversaire, on veut le battre pour montrer sa capacité d`action sur le terrain, mais l`ennemi, on l`élimine. Il y a donc une différente nette. J`ai l`impression que je suis l`ennemi du FPI. Quand on fait la politique, il y a des risques, la destruction des biens, cela peut arriver. Mais, j`ai eu des problèmes de sécurité. On a attenté plusieurs fois à ma vie, dès qu`il y a eu la rébellion. Et pourtant, je n`y suis pour rien. Ce qui m`a choqué surtout, c`est que je suis tout de même professeur d`université, je suis intellectuel.

Vous n`êtes pas moins connu, en tout cas, en tant que tel !
Ce qui m`a surtout choqué, disais-je, j`ai l`impression que le pouvoir FPI pense que les uns et les autres sont des jouets. En mars 2004, une affaire a été fabriquée de toutes pièces où on m`a fait passer pour un fauteur de troubles, un troubleur d`ordre public et pour une personne voulant attenter à la sécurité de l`Etat. On a envoyé à mes trousses une brigade de recherches de la gendarmerie. Cela était trop fort, ça m`a choqué terriblement. N`eût été la vigilance des membres du PDCI, des responsables politiques je serais peut-être déjà mort en prison parce qu`au moment où on allait m`arrêter, on avait tué près de 500 personnes dans la même période. Donc, on voulait me liquider aussi. Je ne crois pas qu`un régime puisse me taxer de fauteur de troubles, d`attenter à la sûreté de l`Etat, d`atteinte à l`ordre public et plus tard dire que j`ai mérité de la Nation. Cela dépasse mon entendement. Je trouve que ce n`est pas logique.
Ensuite, quand il y a eu l`affaire des 18 milliards, les journaux du FPI ont renversé ma photo. Alors, après tout cela, on revient pour me dire que je suis brillant, je mérite d`être décoré par la Nation. Je comprends mal cela. Je ne peux accepter que le régime FPI me donne une médaille, donc je refuse.

En refusant cette décoration, n`est-ce pas pour vous une façon de confondre vos détracteurs ?
C`est bon pour moi. Cela veut dire que pendant que le PDCI n`est pas au pouvoir, on reconnaît mes mérites. C`est bon. Mais, un autre parti l`aurait fait, je serais parti, mais pas le FPI.

Professeur, le président du FPI, Affi N`guessan, " a ouvert récemment le feu sur le PDCI " en accusant singulièrement le Président Bédié d`avoir surfacturé la réalisation des complexes sucriers. Dans le même temps, il tient un discours différent relativement au cas des détenus de la filière café-cacao, qu`il fréquente, dit-on, régulièrement. Alors, qu`en dites-vous?
On n`a même pas besoin de répondre à Affi N`guessan. Je voudrais pour mieux illustrer ma pensée prendre l`exemple d`un joueur de football. Affi ressemble à ce joueur de football dont l`équipe bénéficiant d`un penalty, le commet au tir de ce penalty. Il laisse le ballon et va faire palabre avec les spectateurs qui sont dans les tribunes.

(Rires)
Affi N`guessan ne devait même plus trop parler. Parce qu`il a été un Premier ministre qui avait une certaine charge. Je prends le PDCI, Houphouët était président du parti, Alassane Ouattara son Premier ministre et Fologo son secrétaire général. Même si le Président de la République est président du parti, il n`a pas d`action quotidienne immédiate. Donc, il fallait trois pour se réunir et prendre une décision. Quand le Président Bédié est devenu Président de la République, il était président du PDCI, Fologo secrétaire général et Duncan, Premier ministre. Ils formaient un triangle de concertation. Le FPI arrive au pouvoir, Gbagbo est seulement Président de la République ; on transfère tout à Affi N`guessan. Il est à la fois Premier ministre et président du parti, c`est une concentration de pouvoir, donc il doit avoir un profil bas. Il avait lui seul deux (2) missions. Il agissait sur son parti et sur la Nation. Le FPI dans l`opposition disait qu`il voulait la moralisation. Quand ils sont arrivés au pouvoir, tout ce qu`il (Affi N`guessan, Ndlr) cite, si ça existait, ils auraient mis les gens en prison. On parle de surfacturation des complexes sucriers, ce sont des rumeurs. Deuxièmement, c`est le problème Nasra sur les TVA. Sasra a été jugé. Il s`était enfui, en allant en France. Le Président Bédié a demandé son extradition. Il est revenu. Il a été jugé et mis en prison. On avait arrêté le directeur général du trésor, Bouadou. Il a été jugé et quand on a reconnu qu`il était innocent, on l`a relâché. Nasra a été emprisonné. Mais qui a libéré Nasra ? C`est le FPI.
Il y a également l`affaire des 18 milliards de l`Union Européenne. Affi était Premier ministre quand cette affaire a été réglée. Mais il ne maîtrisait rien. Au conseil des ministres, on a signé des décrets pour réhabiliter ceux qui avaient été arrêtés pour les renommer directeurs. Ils ont tous été remis directeurs. Hubert Oulaye a pris un arrêté pour signifier que ces fonctionnaires n`avaient commis aucune faute administrative. Il y a eu ensuite un non-lieu.

Vous avez été aussi réhabilité !
Moi, je n`avais jamais rencontré ni la justice, ni la police Mais j`étais tout de même responsable du département. Et c`est cela aussi les responsabilités. Aujourd`hui, l`affaire des 18 milliards est revêtue de l`autorité de la chose jugée. Tout le monde le sait. Donc Affi N`guessan revient dessus, il se ridiculise. Si un militant de base du FPI tient ce discours, ça peut se comprendre. Mais qu`Affi N`guessan, qui a été Premier ministre le fasse, c`est difficile à comprendre. Ce qui me chagrine, c`est qu`Affi ne semble pas se rendre compte de la boude qu`il fait. Il dit que tous ceux qui sont à la MACA dans le cadre de l`enquête de la filière café-cacao bénéficient de la présomption d`innocence, et en même temps il critique ce qui est revêtue de l`autorité de la chose jugée.

Il y a confusion
Oui, c`est une confusion totale. Peut-être que dans cette affaire de la filière café-cacao, il se reproche beaucoup de choses. Peut-être qu`il est touché Il a fait un discours qui n`était pas digne d`un président de parti politique. Il livre le message d`un militant de base qui aime raconter des choses.
On va demander ce que sont devenus les 18 milliards qu`ils disent avoir remboursés. Pendant la Primature d`Affi N`guessan, la seule action du ministère de la Santé, s`il veut mettre cela dans son bilan, c`est l`inauguration des centres de santé construits par les 18 milliards. Affi est donc mal placé pour critiquer les 18 milliards puisqu`ils ont permis à son ministère de la Santé d`avoir un programme. Il est tout simplement ridicule.

Interview réalisée par Eddy Péhé, Parfait Tadjau et Jules Claver Aka

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