samedi 9 août 2008 par Fraternité Matin

Okechukwu Ibeanu, rapporteur spécial des Nations unies sur les conséquences néfastes des mouvements de déversements illicites de produits et déchets toxiques et nocifs pour la jouissance des droits de l'homme, a livré hier, les résultats de sa mission. Pour lui, le gouvernement ivoirien devrait relancer la procédure pénale en souffrance , à l'égard des particuliers et des entreprises impliquées dans cette catastrophe qui a fait au moins 16 décès et plus de 100 000 victimes. Cela aurait pour effet d'envoyer un message haut et fort aux autres entreprises transnationales et autres individus, afin qu'ils sachent que de tels crimes ne peuvent demeurer impunis. Et que l'Afrique n'est pas une décharge dont on peut faire bon marché. Les victimes doivent obtenir la justice qu'elles méritent, a recommandé M. Okechukwu. Au cours de cette mission de 4 jours (du 3 au 8 août) à Abidjan, le rapporteur spécial de l'ONU a rencontré, selon lui, un grand nombre de parties prenantes dans l'affaire déchets toxiques. Parmi elles, la Primature, la présidente de l'ancienne commission nationale d'enquête sur les déchets toxiques, Mme Safiatou Ba N'Daw, le gouverneur du District d'Abidjan, Pierre Amondji, le Procureur de la République, Tchimou Raymond, le Ciapol, divers ministères, le Port autonome d'Abidjan, les victimes directement touchées par les déversements, des membres de la société civile. Il s'est également rendu sur les sites de décharge dans les communes d'Abobo, Akouédo et Vridi. Le constat est toujours triste, à en croire M. Okechukwu. Les victimes que j'ai rencontrées continuent de souffrir de céphalées, de lésions cutanées, d'affections ORL et de troubles digestifs. Les femmes se plaignent de l'augmentation du nombre de naissances prématurées, de ménopauses prématurées et de fausses couches depuis les déversements. La population a grand besoin d'aide , a-t-il déploré. Malheureusement, poursuit-il, le gouvernement fait savoir qu'il ne dispose pas des capacités techniques nécessaires au nettoyage et à la décontamination opportune des décharges. C'est pourquoi, le rapporteur spécial exhorte la communauté internationale à fournir d'urgence davantage d'assistance technique à la Côte d'Ivoire. En outre, M. Okechukwu a interpellé le gouvernement sur l'indemnisation des victimes. Il l'a invité à redoubler d'effort en faveur de son peuple. Car, dira-t-il, plusieurs victimes se plaignent de n'avoir pas été indemnisées, pour diverses raisons. Elles n'ont pas assez d'argent pour se nourrir, sans parler des frais de soins onéreux. Le rapporteur spécial de l'ONU souhaite par ailleurs que le ministère de la Santé et de l'Hygiène publique reçoive plus de ressources financières et de médicaments afin d'assurer le suivi des victimes et surveiller les sites de déversement de déchets toxiques.




Casimir Djézou

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