mardi 5 août 2008 par Notre Voie

Le procès de Jacob Zuma, chef du plus grand parti sud africain, qui a eu lieu hier et qui se déroule pour la énième fois n'est pas une chose banale. C'est un procès qui engage certes l'avenir politique du mis en cause, mais aussi celui de l'Afrique du Sud au plan politique.
Zuma n'est pas n'importe qui. Il est désormais le patron de l'ANC, la formation politique majoritaire et la plus puissante du pays de Nelson Mandela. En outre, il est issu de l'ethnie zoulou qui joue un grand rôle au sein de la formation politique qu'il dirige et dans la société sud africaine. Par ailleurs, il a derrière lui la plus grande centrale syndicale de la nation arc-en-ciel et le parti communiste, gardienne de la doctrine originelle de la lutte contre l'apartheid. Ce n'est donc pas un fait banal que de voir un tel homme être jugé du fait de son statut actuel et de son réseau relationnel.
Sa condamnation à l'issue de ce procès peut être perçue comme une volonté d'abattre un adversaire politique qui n'est pas toujours en odeur de sainteté avec l'équipe dirigeante du pays qui est pourtant issue du même parti (ANC) que lui. Le président Thabo Mbeki ferait partie de ses adversaires. L'incarcération de Zuma peut être également interprétée comme une intention de faire taire un homme taxé d'activiste, qui s'est montré insatisfait de la situation de la majorité des noirs sud africains qui croupissent dans la misère. L'on se demande si une fois parvenu au pouvoir d'Etat, il ne va pas réduire le pouvoir économique des sud- africains blancs au profit des noirs comme souhaité dans son propre camp.
La peur est réelle chez la communauté internationale d'autant plus que Zuma est un fin tribun et un guerrier (il a dirigé la branche militaire de l'ANC) capable de mobiliser à tout moment ses concitoyens. Ce procès doit se dérouler avec la plus grande délicatesse en permettant la manifestation de la vérité. Si Jacob Zuma est reconnu coupable, il doit bien évidemment se retirer du jeu politique. Il faut, cependant, se garder d'influencer la justice. Un acte qui pourrait alimenter bien des tensions et être préjudiciable à la nation chère à Nelson Mandela.


Serge Armand Didi

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023