mardi 5 août 2008 par Notre Voie

L'illustre peintre, prophète, philosopheivoirien Frédéric Bruly Bouabré aujourd'hui âgé de 85 ans, était à l'honneur, toute la journée du vendredi dernier, au Goethe-Institut Abidjan, où une table ronde-hommage sur son ouvrage a été organisée en sa présence. Ainsi il était question de l'homme à travers des interventions, des débats et de la présentation du projet Partage? porté par un Allemand.
Au nombre des personnes qui font parler le plus et le mieux de la Côte d'Ivoire en Afrique, en Europe et dans le monde, Frédéric Bruly Bouabré est le plus connu. Cet émérite homme de lettres doit faire partie des 3 immortels de la culture les plus connus de la Côte d'Ivoire. Bruly Bouabré est un artiste-peintre mondialement connu et un auteur-écrivain hors normes?, a reconnu le modérateur et critique d'art Yacouba Konaté.
Auparavant, il a souligné que Bruly Bouabré est un inventeur d'écriture dont la démarche est spécifique. L'Afrique de la renaissance a connu un certain nombre de prophètes. Mais peu d'entre eux ont revendiqué avoir créé une écriture?, a-t-il persisté. Pour lui, Bruly n'est pas un prophète agressif comme on a coutume à le voir. Bruly Bouabré ne crée pas une écriture basée sur une langue. Il y a un malentendu : la création de cette écriture a été interprétée comme une sorte d'exhumation d'une écriture de terre. Dans le cas de Bruly Bouabré, il ne s'agit pas d'une exhumation ; ce qu'il met en place pour créer son écriture n'existe nulle part. Il crée un système hypothético-déductif (il décide de donner le sens qu'il veut aux instruments qu'il trouve). Il crée un moyen d'expression au service des gens qui viennent à son église. Bruly Bouabré, en même temps, comprend que l'Afrique doit se coucher sur sa propre natte en créant des systèmes d'écriture qui nous permettent de mieux appréhender le monde extérieur, l'étranger.? Ainsi martèle le professeur.
Curateur de l'?uvre de Bruly Bouabré, Yaya Savané a fait la biographie de son protégé et a présenté l'?uvre de ce dernier, sa vie, ses combats, ses convictions, son patrimoine et ses engagements. Bruly Bouabré révèle tout ce qui frappe ses sens et aborde tous les champs du savoir. Il nous suffit de parcourir ses nombreux manuscrits où sont consignées ses recherches sur des sujets aussi divers que les arts et les traditions, la poésie, les contes, la religion, l'esthétique, l'histoire, la philosophie, l'anthropologie, la politique et les sciences. Il est difficile d'attribuer honnêtement une étiquette précise à ce réservoir de savoirs ancestraux et modernes nourrissant l'histoire de l'humanité et celle du monde krou?, a relevé l'historien d'art.
Eckhardt Brockhaus, psychanalyse allemand, co-intiateur du projet Partage? et ami de Bruly Bouabré, a abondé dans le même sens : Avant tout, un constat s'impose : Bruly n'a pas trahi son origine africaine. Il n'est pas simplement devenu un intellectuel francophone. Il a beaucoup étudié et il apprécie profondément la culture européenne, mais sans se soumettre à elle, sans dévaloriser sa propre culture. Il utilise sa connaissance de la culture européenne pour trouver des moyens d'enrichir la culture africaine, à lui donner une conscience d'elle-même de sorte qu'elle puisse être entendue et prise au sérieux par les autres cultures du monde. C'est dans cette droite ligne que je comprends sa découverte? de l'alphabet bété. Ce qui m'a impressionné également chez lui, c'est son développement spirituel. Il n'a pas condamné l'animisme de ses ancêtres en le taxant de sauvage? ou de primitif?, quand il s'est ouvert au christianisme. En le devenant, il ne s'est pas contenté non plus d'être un fidèle ordinaire qui avale les dogmes. Il a suivi un chemin propre et original, en se référant à ses songes et ses visions pendant toute sa vie adulte. Ces songes l'ont persuadé qu'il est possible de réconcilier considérations animistes te croyances chrétiennes.?
Son compatriote Peter Stepan, historien d'art, responsable du bureau de liaison du Goethe-Institut à Ouagadougou, a qualifié Bruly Bouabré de Leonardo De Vinci de Côte d'Ivoire. Pour lui, il existe un lien entre les figures de la renaissance et Bruly Bouabré. Quant à son homologue plasticien Igadim, il a préféré parler de sa rencontre avec l'octogénaire dans son village natal de Zépréguhé (Daloa) où, durant 4 jours, il a appris à connaître l'homme, son ?uvre et sa philosophie.
Pour sa part, Bruly Bouabré a donné sa vision du purgatoire et son avis sur l'art et sa place dans la société, en plus de divers autres sujets. Il a aussi chanté pour le bonheur de l'assistance.
Dans l'après-midi, le projet Partage? en vue de la création du Centre d'actions culturelles Bruly Bouabré? a été présenté. Du 13 juillet au 4 août 2008, une vingtaine de jeunes hommes et de femmes s'était rencontrée à Zépréguhé qui, le matin, se sont consacrés au travail collectif pour bâtir Le Centre d'actions culturelles Bruly Bouabré, et, l'après-midi, ce centre abritait diverses rencontres culturelles. Les Ivoiriens et les Européens ont ainsi échangé notamment autour de la culture et du mode de vie de leurs pays respectifs. Les initiateurs sont Yaya Savané et Eckhardt Brockhaus. Et les organisations de jeunesse sont JUDEZ (Jeunesse unie pour le développement de Zépréguhé) et IDEM-Identité par initiative (organisation de jeunesse allemande venue de Suisse et de l'Allemagne). Les artistes qui y ont pris part sont Frédéric Bruly Bouabré lui-même et IGADiM.








Marcellin Boguy

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