vendredi 1 août 2008 par Nord-Sud

C'est une opération où tout le monde sort la tête haute. Gbagbo, Soro, Bédié et ADO ont été rehaussés par la célébration de l'an 1 de la flamme de la paix. Consensus autour de Dieu. Mais aussi consensus pour gagner la paix. Dieu enfin au pouvoir à Abidjan ? Il faudra encore attendre la moisson de Bouaké pour s'en convaincre définitivement. Après avoir essayé de faire la paix par eux-mêmes, après avoir tenté de vider tous les contentieux qui les divisent, les acteurs ivoiriens ont fini par se tourner vers Dieu, et s'offrir la valeur spirituelle et morale dans le combat politique. C'est le sens de la célébration de l'An 1 de la flamme de la paix à Bouaké, qui a réuni sous les Alléluia et Atakbir des religieux, les principaux leaders politiques qui ne se sont pas fait de cadeaux depuis le 19 septembre 2002. En décidant de prier avec les musulmans, les catholiques, et les évangéliques mercredi au stade municipal de Bouaké, Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié ont décidé, sous l'?il du facilitateur Blaise Compaoré, de mettre Dieu au c?ur de la normalisation en cours en Côte d'Ivoire. Pour la première fois depuis le début la crise, en dehors des messes d'action de grâce, ils reviennent au divin sacré et décident ensemble de faire la route de la paix. Le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, bagarreur d'ordinaire, connu pour ses foucades, a endossé cette fois l'habit du moine inoffensif et professé la paix des c?urs et des esprits, l'humilité dans la gestion de la res publica. Gouverner, ça rend humble. Quand on n'a pas gouverné ou quand on ne gouverne pas, on a des solutions. Mais quand on est dans le feu de l'action, on devient humble. Parce que les solutions ne sont pas simples , a affirmé Laurent Gbagbo. Clin d'?il à Guillaume Soro qui redécouvre à l'échelle nationale les difficultés et les peaux de banane dans la gestion des affaires publiques. Mais aussi regard autocritique sur son passé d'opposant, quand il était encore ministre de la rue et héraut de la démocratie et du bonheur assuré pour tous les Ivoiriens . Tous découvrent à l'épreuve du terrain leurs échecs, leurs erreurs, leurs limites dans la construction d'une société juste et prospère. Le Premier ministre s'est voulu rassembleur pour l'exaltation de l'image et du repositionnement de la Côte d'Ivoire. En réalité, c'est fort d'une entente cordiale entre filles et fils de la Côte d'Ivoire que nous réussirons à restaurer l'image de l'Etat ; accroitre sa légitimité ; booster sa représentativité auprès de tous les acteurs et tous les régulateurs de la vie publique, conseillait-il. Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, absents en juillet 2007, ont marqué de leur présence cette célébration. Le premier a pu juger de sa popularité encore intacte dans une ville administrée par un de ses proches, Fanny Ibrahima. Le second, depuis le début de la crise politico-militaire, ne s'était pas rendu à Bouaké, l'un des ses bastions. Cette rencontre lui a donc permis de briser le mur de glace , d'améliorer ses rapports avec les autorités des Forces nouvelles et de renouer avec ses militants qui lui ont réservé un accueil chaleureux. Même l'union sacrée des houphouetistes, le Rhdp, n'avait pas réussi à le décider pour effectuer le voyage de Bouaké lors des tractations sur la formation du gouvernement Soro en avril 2007. A plusieurs reprises, N'zueba avait exigé que le sol de Bouaké soit lavé du sang des victimes de la guerre avant qu'il ne s'y rende. C'est désormais chose faite. Plus que les libations, Dieu est désormais au contrôle, il n'y avait donc pas de raison à décliner cette invitation. Si les deux leaders avaient des raisons objectives de s'y rendre (leur absence l'an dernier avait été interprétée comme un refus d'aller à la paix), leur image sur l'échiquier national s'en trouve rafraichie. Ces dernières semaines, le pays a été agité par les grèves contre la cherté de la vie, l'augmentation du prix du carburant, les remous des ex-combattants contre le non-paiement de leurs primes de démobilisation. Les gouvernants ont été épinglés pour leurs politiques rigoristes sur la taxation des prix et leur manque de contrôle et d'anticipation ; les opposants pour leur indifférence et indolence. Face à ce cambouis, le chef de l'Etat a réclamé un nouveau gouvernement. Bref, le climat était lourd dans un environnement économique morose où les bailleurs de fonds traînent à financer le processus de sortie de crise. Le maintien de la flamme de la paix, au-delà des prières et louanges à Dieu, avait pour but de réconcilier les acteurs autour de la sortie de crise, des grands enjeux du moment : dépasser les clivages politiques partisans pour faire chorus autour de l'essentiel : les élections et la paix, le Ddr, la lutte contre la vie chère et la pauvreté, l'accès aux soins pour tous. Du moins, c'est vers ces objectifs que doivent tendre toutes les actions des dirigeants et des opposants placées sous le sceau de Dieu. Ce qui exige l'abandon des pratiques politiciennes nuisibles, des blocages artificiels, des intérêts partisans et égoïstes pour rester à l'écoute de la souffrance du peuple. Jésus et Mahomet ne se sont-ils pas sacrifiés pour leurs peuples ? Il faut espérer que les hommes politiques aient enfin compris que leurs intérêts ne représentent qu'un atome de poussière au milieu de l'immensité des espoirs du peuple ivoirien. Il faut l'espérer Assoumane Bamba

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