mercredi 30 juillet 2008 par Nord-Sud

Blaise Compaoré a exhorté hier les acteurs politiques ivoiriens à tout mettre en ?uvre pour organiser l'élection présidentielle le 30 novembre, comme prévu.









Le président de la République de Côte d'Ivoire M. Laurent Gbagbo a achevé mardi soir une visite d'Etat de trois jours au Burkina Faso. Cette visite resserre les liens des d'amitié mis à mal depuis huit ans. Et comme il fallait s'y attendre, l'hôte du président ivoirien, le président Blaise Compaoré, garant de l'Accord politique de Ouagadougou, a rappelé aux acteurs politiques Ivoiriens la nécessité d'organiser les élections présidentielles le 30 novembre comme prévu.

A l'évidence, la tempête est passée. Il a fallu beaucoup de patience, d'abnégation et de renoncement de part et d'autre pour que l'espoir renaisse entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso. Pendant près de huit ans et surtout entre 2002 et 2003, les deux pays voisins se sont regardés en chien de faïence. On a frôlé la rupture. Mais depuis quelques jours, le ciel s'est beaucoup éclaircit même si on voyait déjà les nuages disparaître depuis qu'Abidjan a sollicité la médiation du président du Burkina Faso dans la crise politico-militaire qui a éclaté en septembre 2002. Ouagadougou et Abidjan forment à nouveau un couple. En tout cas, si l'on s'en tient à la solennité et aux honneurs qui ont été réservés au président Laurent Gbagbo lors de cette visite d'Etat effectuée du 27 au 29 juillet au Burkina Faso, on peut affirmer que Ivoiriens et Burkinabè sont de nouveaux ensemble. En recevant son homologue ivoirien Laurent Gbagbo à Ouagadougou, à l'Assemblée nationale, chez l'empereur des Mossi, le Mogho Naaba Baongho puis dans son village natal à Ziniaré, le président Blaise Compaoré rappelle que la langue et la dent peuvent se frotter douloureusement mais sont obligés de vivre ensemble.

Officiellement trois tête-à-tête ont réuni les deux dirigeants qui ont déblayé le terrain pour permettre aux diplomates et autres ministres de jeter les documents qui fondent désormais la coopération bilatérale entre les deux Etats. Mardi dernier en effet, la Côte d'Ivoire et le Burkina ont signé un "traité d'amitié et de coopération" qui vise à "dynamiser" les relations entre les deux Etats. Outre la politique étrangère, le traité signé par les deux chefs d'Etat Gbagbo et Compaoré au palais Kossyam à Ouagadougou couvre la défense et la sécurité, les transports, la formation, l'emploi et "l'insertion sociale de la jeunesse", la libre circulation des personnes et des biens, la justice et la recherche scientifique ainsi que la culture et la communication. D'après ce traité qui entre en vigueur "dès que chacune des deux parties aura fait savoir à l'autre que sur le plan interne les conditions nécessaires à sa mise en ?uvre ont été remplies, les deux Etats se sont engagés à respecter l'intégrité territoriale et l'indépendance politique de chacun des Etats. Ils décident également par cet acte, d'harmoniser leur position dans les institutions sous régionales, régionales et internationales et de se concerter en permanence sur tous les sujets d'intérêt commun. Par ailleurs, le traité consacre la libre circulation des personnes et des biens sur les territoires burkinabè et ivoirien et reconnaît le droit d'établissement et de séjour de leurs ressortissants sur les deux territoires. Ce qui devrait garantir le retour en Côte d'Ivoire de milliers de Burkinabè expulsés ou en fuite au plus fort de la crise. Il instaure l'entraide et le bon voisinage.





Bien beau, mais il faut des élections





Au plan politique, le traité d'amitié ivoiro-burkinabè a institué un sommet des chefs d'Etat, "au moins deux fois par an", alternativement dans l'un et l'autre pays. Un sommet extraordinaire serait également organisé au cas où les deux chefs d'Etat l'estime nécessaire. Quant aux ministres des Affaires étrangères, ils se réuniront au moins tous les trois mois pour faire l'évaluation de l'état de la coopération entre le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire. Des rencontres ministérielles présidées par les chefs de gouvernement des deux pays, se tiendront également et les institutions des deux pays sont invitées à développer des relations d'échanges et de concertation en vue de consolider leur rapprochement. La Côte d'Ivoire et le Burkina Faso ont aussi décidé de soumettre désormais à leurs partenaires des projets communs de développement touchant aux infrastructures, à la communication, au domaine des transports, de l'agriculture et de la production animale.

Pour que tout ceci se réalise, il faut que la paix et la stabilité reviennent en Côte d'Ivoire. C'est pourquoi, dans le communiqué conjoint sanctionnant la fin de la visite du président Gbagbo, le facilitateur du dialogue direct inter-ivoirien, a exhorté "tous les acteurs" de la crise ivoirienne et la communauté internationale à "tout mettre en ?uvre" pour la tenue de l'élection présidentielle à la date prévue du 30 novembre 2008. Blaise Compaoré qui s'est félicité de la bonne évolution de la mise en ?uvre de l'Apo et de ses accords complémentaires, a exprimé sa foi en leur aboutissement après que le président Gbagbo eût fait le point des "dernières avancées" du processus de paix en cours. Laurent Gbagbo et Blaise Compaoré ont décidé de créer un cadre permanent de concertation, de mettre en place un partenariat "dynamique" pour garantir la paix, la stabilité et la prospérité entre les deux pays. Ils ont décidé d'intensifier leurs coopérations dans plusieurs domaines et de réaliser des projets de développement conjoints dans le domaine des infrastructures routières et ferroviaires, de l'agriculture et de l'élevage, de l'énergie, du transport aérien, de la communication, et de la formation et de l'emploi. Quant aux services postaux, les deux dirigeants ont donné des instructions pour que les mesures d'urgence soient prises afin de régler la question des mandats des populations.





De notre correspondant permanent à Ouaga, Andy Troaré

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