mardi 29 juillet 2008 par Notre Voie

Si le protocole de l'Etat burkinabè a annulé sur le fil l'entretien que les chefs d'Etat Compaoré et Gbagbo devraient avoir dimanche après-midi avec la presse, ils savent bien pourquoi. Le soir de l'arrivée du président ivoirien, les deux chefs d'Etat ont donné aux nombreux journalistes venus couvrir la visite d'Etat de quoi se mettre sous la dent. Lors du dîner offert lundi à la délégation ivoirienne, il y a eu échange de toast. Et l'on a su les raisons de la première visite officielle du numéro un ivoirien au Faso, huit années après son arrivée à la tête de son pays. C'est d'abord le président du Faso qui donne cet éclairage dès le début de son intervention. Le peuple burkinabè est fier d'accueillir un frère et un voisin venu célébrer une coopération légendaire entre deux pays unis par la culture, l'histoire, la géographie et l'économie, a commencé Blaise Compaoré. Pour le président burkinabè, la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso forment un parce qu'il existe des liens séculaires tissés entre ces deux peuples. Mais il existe aussi d'autres raisons : Ayant partagé un même destin colonial d'une intensité dramatique de 1932 à 1947, nos deux pays représentent pour nos po-pulations une même patrie, a expliqué M. Compaoré. Avec une importante colonie ivoirienne au Faso et une forte diaspora burkinabè en Côte d'Ivoire, la conviction du numéro un burkinabè est faite alors qu'aucun de nos pays ne peut s'offrir un avenir radieux en solitaire. Il pense donc que, plus que jamais, ces deux pays doivent constituer une force d'entraînement de l'intégration ouest-africaine. Pour le reste, il souhaite vivement que les problèmes rencontrés en cours de chemin soient immolés sur l'autel de la raison retrouvée.
Avant de céder la parole à son hôte du jour, M. Compaoré a tenu à le distinguer pour les efforts qu'il a faits dans le sens du renforcement de l'amitié et de la fraternité entre les deux pays. Laurent Gbagbo a donc reçu la haute distinction du pays des hommes intègres : la grande croix de l'ordre national.

Une amitié

Dans un discours improvisé de plus d'une quinzaine de minutes, le chef de l'Etat ivoirien a dit combien il était heureux d'être en visite officielle au Burkina Faso. Je commence par dire que je suis ému, ce serait un truisme. Parce que je connais la maison, je connais l'homme, je connais le pays. Mais, depuis que je viens ici, c'est la première fois que je suis décoré, choyé, regardé. Il a rendu un hommage appuyé à son hôte qui, très tôt, au moment où il n'était rien, a cru en lui. Une amitié s'est bâtie quand je n'étais rien et lui était président de la République. Quand je lui ai dit que j'allais être président, il a cru en ma parole et m'a aidé financièrement (). Je lui dois en partie ce parcours. Pour Laurent Gbagbo, on a beau être courageux et téméraire, mais, sans un peu de moyens, on ne peut avancer.
Sur la coopération bilatérale, l'hôte du Burkina a abondé dans le même sens que son homologue. Nous sommes condamnés à vivre l'intégration à cause de l'histoire de nos deux pays. Et le président ivoirien d'indiquer que 47% des Burkinabè vivant en Côte d'Ivoire ne connaissent pas physiquement le Burkina. Ils n'ont que pour seul pays, la Côte d'Ivoire. Donnant une explication historique de cette interpénétration, l'historien a rappelé qu'en 1932, l'administration coloniale a mis ensemble les deux pays. Et Ouagadougou était la deuxième ville de la Côte d'Ivoire.

Découpage artificiel

C'est seulement en 1947, soupçonnant Houphouet d'être trop communiste, que le colonisateur a divisé ces deux pays en deux pour être sûr de ne pas avoir un grand territoire communiste. Comme pour regretter ce découpage artificiel, il a dit oui à l'axe Yamoussoukro-Ouagadougou qui doit devenir l'axe central de la construction de l'Afrique de l'Ouest. Le chef de l'Etat ivoirien a dit clairement que c'est possible puisque les moyens et les capacités de le faire existent. C'est pourquoi, sans attendre le démarrage officiel de ce travail bilatéral, il a supprimé la carte de séjour des étrangers dans son pays. Un signal fort en direction de ceux qui crient tous les jours intégration et qui, une fois rentrés chez eux, n'agissent pas dans le sens de ce qu'ils prônent.
Les échanges de cadeaux qui ont suivi ont cédé la place à un plateau alléchant d'artistes du terroir qui ont magnifié le retour de la raison entre les deux pays.
Une chorale de jeunes filles burkinabè venues spécialement de Vavoua en Côte d'Ivoire a participé au spectacle à travers une chanson qui a créé des frissons dans la salle. Le texte qu'elles ont interprété magistralement, célèbre la Côte d'Ivoire, un grand pays de paix, qui avait, à un moment donné, perdu cette paix qu'elle a recherchée partout en Afrique et à travers le monde, alors qu'elle se trouvait juste à côté, au Faso. C'était une belle soirée qui a montré une fois de plus que les autorités burkinabè n'ont lésiné sur aucun moyen pour la réussite de cette visite. Interviewes des autorités ivoiriennes et burkinabè, retransmission en direct de l'arrivée de l'invité de marque, mobilisation tous azimuts de la population, de la presse, bref ! Il n' y a pas de place pour les amateurs.






Abdoulaye Villard Sanogo envoyé spéical

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