samedi 26 juillet 2008 par Fraternité Matin

Le Chef de l'état ivoirien se rend au Burkina Faso pour dissiper les derniers nuages dans les relations entre deux pays et deux leaders. Du 27 au 29 juillet, Laurent Gbagbo effectue, à l'invitation du Président Blaise Compaoré, une visite d'Etat à Ouagadougou. En vue de renforcer la coopération bilatérale entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso. Le Chef de l'Etat ivoirien aura des séances de travail sur la libre circulation des personnes et des biens et des questions économiques au nombre desquelles les infrastructures routières communes. Le lundi 28 juillet, il s'adressera à l'Assemblée nationale burkinabé, la représentation nationale. Seules les montagnes ne se croisent pas. Après des années de sérieuses brouilles, c'est le temps des embrassades. Laurent Gbagbo et Blaise Compaoré ont fini par se retrouver pour fumer le calumet de la paix. Au bénéfice des deux peuples et des deux pays. Le clou de ces retrouvailles fraternelles est la visite officielle qui démarre ce dimanche dans la capitale burkinabé. Beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts de relations diplomatiques mouvementées. Les pommes de discorde qui ont détérioré gravement les relations entre les deux leaders, de vieux amis, portaient essentiellement sur la crise politico-armée et le sort réservé aux ressortissants burkinabè, la plus importante communauté étrangère vivant en Côte d'Ivoire, estimée à 5 millions d'âmes. Les autorités ivoiriennes ont accusé le Burkina Faso de complicité, ne serait-ce que passive? dans l'insurrection militaire qui a tenté de renverser les institutions républicaines dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002. Réponse du berger à la bergère. Le Chef de l'Etat burkinabé, protestant contre les mauvais traitements qu'auraient subis ses compatriotes durant cette rébellion armée, a déclaré, avant le sommet de Linas-Marcoussis de janvier 2003 sur la crise ivoirienne, que Laurent Gbagbo méritait de connaître le même sort que Slobodan Milosevic. Accessoirement, l'affaire Alassane Dramane Ouattara (ADO) aura participé à entretenir des rapports tendus. La nationalité du président du Rdr a été, pendant de nombreuses années, sujet à caution en Côte d'Ivoire. Alors que l'ancien Président de la République de Côte d'Ivoire, Henri Konan Bédié, et l'opinion publique déclaraient ADO Burkinabé (ou Voltaïque), le Président burkinabé prenait position, en octobre 1999, en soutenant le contraire. Or, en déclarant en 2001, au Forum pour la réconciliation nationale, que l'article 35 de la Constitution sur les conditions d'éligibilité à la présidentielle, avait été rédigé pour résoudre l'affaire ADO, Laurent Gbagbo sous-entendait que le président du Rdr n'a pas été qu'Ivoirien. A posteriori, il signifiait que l'invalidation de la candidature du président du Rdr à la présidentielle d'octobre et aux législatives de décembre 2000, par la Cour suprême, pour nationalité douteuse? n'était frappé d'aucune suspicion.
La Côte d'Ivoire et le Burkina Faso ont payé un lourd tribut à ces démêlés. Les deux Présidents ont, eux-mêmes, réalisé que leurs différends ont impacté gravement sur les économies et les relations de bon voisinage entre nos deux pays, au risque de compromettre la stabilité sous-régionale. Nous sommes une communauté de destins; les malentendus sont inévitables. On doit pouvoir les surmonter pour s'atteler au développement?, déclarait, réaliste, le Chef de l'Etat ivoirien, à l'issue d'une rencontre tripartite, le 28 juillet 2004 à Bamako (Mali), avec les Présidents Amadou Toumani Touré du Mali et Blaise Compaoré. Pour faire table rase du passé. Pour joindre l'acte à la parole, Laurent Gbagbo a accepté que pour le scrutin présidentiel à venir, ADO soit exceptionnellement candidat. Ce n'est pas tout. Blaise Compaoré est le facilitateur dans la médiation pour la sortie de crise ivoirienne. C'est sous ses auspices que l'Accord politique de Ouaga a été signé le 4 mars 2007, à l'issue du dialogue direct. Car, le 19 décembre 2006, son homologue ivoirien lui demandait officiellement de jouer de son influence pour amener les Forces nouvelles à accepter la paix des braves. Chose faite. Pour réconcilier non seulement les ex-belligérants, mais deux Etats et deux Chefs d'Etat.

Ferro M. Bally



Nn facteur du renforcement de l'axe Abidjan-Ouagadougou

Le Représentant du facilitateur du dialogue direct inter-ivoirien, Badini Boureima, pense que la visite du Chef de l'Etat dimanche au Burkina Faso est un facteur de renforcement de l'axe de coopération entre Abidjan et Ouagadougou. Nous voulons, a-t-il souhaité, un axe très fort.
Selon Badini Boureima, cette visite d'Etat va couvrir tous les différents domaines de coopération au bénéfice de la sous-région et même de l'Afrique. De l'avis du représentant du facilitateur du dialogue direct inter ivoirien, le passage du Président Laurent Gbagbo à Ouagadougou donnera des résultats probants et efficients. L'évolution de la sortie de crise en Côte d'Ivoire a été, entre autres, évoquée par le Chef de l'Etat et son hôte. Ils ont passé en revue les questions liées à l'organisation de l'élection présidentielle le 30 novembre. Afin qu'à cette date utile, le scrutin soit effectivement réalisé. Dans cette optique, le Président Laurent Gbagbo a reçu jeudi les différents acteurs, la Commission électorale indépendante, l'Institut national de la statistique et l'opérateur technique Sagem, pour se faire une idée de l'avancée du processus électoral en la matière. Pour Badini Boureima, si tous les éléments sont mis en place et que l'identification démarre dans les prochains jours, la date du 30 novembre est toujours une date tout à fait utile.

Ernest Aka Simon

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