vendredi 25 juillet 2008 par Notre Voie

A la veille de la dernière réunion du Conseil de sécurité de l'Onu tenue le 17 juillet 2008, la mission permanente de la Côte d'Ivoire auprès des Nations unies a organisé une table ronde sur l'utilisation et la réinsertion des enfants touchés par les conflits armés dans le monde. Cette conférence à laquelle beaucoup de pays ont pris part, a enregistré la participation de Mme Jeannette Koudou, directeur national de la formation professionnelle et présidente du comité de pilotage de la plate-forme de services, qui, dans une intervention très remarquée a d'abord exposé sur l'expérience de son pays dans ce domaine avant de demander à tous ceux qui soutiennent les actions de sortie de crise dans son pays de jouer pleinement leur rôle. A la fin de cette séance de travail, elle a bien voulu nous en dire plus.
Notre Voie: Madame le directeur, quel intérêt accordez-vous à cette table-ronde qui traite de la question des enfants touchés par les conflits armés ?
Jeannette Koudou : Je vous remercie de l'opportunité que vous me donnez en venant jusqu'à moi pour avoir des informations sur ce qu'entreprennent les dirigeants de notre pays. Comme vous le voyez, la Représentation diplomatique de notre pays à l'Onu a bien voulu associer l'AGEFOP à la table ronde qu'elle a oragnisée en collaboration avec la République d'Autriche et dont le thème ne pouvait pas ne pas nous intéresser, surtout, en tant que pays fraîchement sorti d'un conflit armé. Nous sommes donc venus partager notre expérience avec les autres pays participants. C'est pourquoi je voudrais rendre ici un hommage aux initiateurs, d'abord pour l'interêt qu'ils portent, à travers l'AGEFOP, à l'ensemble des structures publiques qui déploient leurs compétences respectives dans l'élaboration et la mise en oeuvre du dispositif formation/insertion en Côte d'Ivoire, mais surtout aussi pour l'actualité du thème, en rapport avec la situation de notre pays.

N.V. : Justement, la situation en Côte d' Ivoire a quand même évolué avec le nouveau rapport de Mme Radhika, la représentante spéciale du secrétaire général de l'Onu ?
J.K.: Oui, effectivement, c'est ce qui nous rejouit encore plus et qui nous vaut aujourd'hui de prendre part à ces assises ici à New York. C'est justement la décision du Conseil de securité de l'Organisation des Nations unies qui, à l'issue de sa 5834ème séance tenue le 12 fevrier, qui a entériné le 7ème rapport du secrétaire général sur les enfants et les conflits armés (S/2007/757) par lequel la Côte d' Ivoire est radiée des listes annexes pour avoir mis fin au recrutement et à l'utilisation d'enfants dans les conflits armés?. Cette décision fait suite à la présentation du rapport de Mme Radhika Coomasraswany qui constate que des progrès notables ont été réalisés avec les parties en conflit en Côte d'Ivoire. Les Forces Nouvelles et quatre milices armées ont mis en oeuvre avec succès leur plan d'action et ont cessé tout recrutement d' enfants.

N.V: Oui, mais, Madame, à lire ce rapport, on a l'impression qu' il présente seulement le succès des plans d'action qui ont conduit à la cessation de l'enrôlement des enfants dans le conflit armé. Il reste motus sur les raisons profondes de ce succès qu'il faut quand même attribuer au gouvernement
J.K.: C'est pertinent votre observation car c'est effectivement du côté d'un diagnostic juste effectué sur la réalité sociale du pays par Son Excellence M. Laurent Gbagbo qu'il faut chercher les origines de ce succès. On se rappelle que le Président de la République, dans une adresse à la nation le 19 décembre 2006 déclarait: La crise que nous vivons est aussi et en grande partie, une crise de l'emploi et de la formation (des jeunes ). La crise de l'emploi et son corrollaire d'incivisme livrent les jeunes à la tentation des armes. Comment augmenter sensiblement les possibilités d'accès à l'emploi et par extension à la securité économique et à un statut social valorisant ? comment lutter contre la pauvreté et le chômage qui contribuent à accroître le taux de dysfonctionnement social (dépression chronique, violence familiale et civile, refus d'obéir à la loi et de se conformer à la norme sociale ? comment anéantir chez les jeunes le sentiment de désespoir et la perte de l'estime de soi?.
Ces quelques axes de réflexion du Président annoncés depuis décembre 2006 ont amené le gouvernement de Côte d'Ivoire à prendre des mesures par l'élaboration de deux programmes de sortie de crise: le Programme national de reconstruction et de réinsertion communautaire (PNRRC) et le Programme de service civique national (PSCN) auxquels s'ajoute le Programme de formation et d'insertion des jeunes (PFIJ).

N.V: On sait aussi, comme vous venez de le détailer d'ailleurs au cours de cette table-ronde, que plusieurs organismes publics de l'Etat de Côte d'Ivoire dont l' AGEFOP que vous dirigez ont aussi vu le jour dans la perspective de sortie de cette crise. Comment arrivez-vous alors à mobiliser les compétences pour atteindre vos objectifs ?J.K. : Effectivement, nous avons parlé du Fonds de developpement de la formation professionnelle( FDFP), de l'Agence d'études et de promotion de l'emploi (AGEPE), du Fonds national de solidarite (FNS) et bien entendu de l'AGEFOP. Tous ces organismes ont en commun des missions qui concourent à la formation, à l'emploi et à l'insertion professionnelle. Pour revenir à votre question, la mobilisation des compétences de ces quatre organismes s'effectue sur la base des missions assurées par chacune d'elle dans le cadre de concertation et de complémentarité que constitue la plate forme aux niveaus local, national et institutionnel : l'orientation et la mise en situation d'emploi et d'insertion professionnelle et l'accompagnement des bénéficiaires pour l'AGEPE, la formation professionnelle des bénéficiaires et l'ingéniérie de la formation pour l'AGEFOP, la mobilisation et la gestion des fonds, le financement des projets de formation pour le FDFP, le financement des projets insertion (AGR) pour le FNS.

N.V : Où en est-on concrètement aujourd' hui en terme de résultats parce qu'on sait que le tableau des difficultés des jeunes vis-à-vis de l'emploi est quand même très sombre en Côte d'Ivoire ?
J.K.: Oui, ce n'est un secret pour personne que le tableau des difficultés surtout au niveau de l'emploi, déjà peu reluisant, a été assombri davantage avec le conflit armé de septembre 2002. On estimait à 4,4 millions en 2002, le nombre de personnes en difficulté vis-à-vis de l'emploi. Les chômeurs au sens large étaient 918 450, les sous employés et ceux qui sont rémunérés en dessous du SMIG, 3 483147. La faible qualification rend encore plus difficile la réinsertion des jeunes dans le tissu socio-économique. Les programmes nationaux de sortie de crise sont des solutions proposées par l'Etat de Côte d'Ivoire pour assainir la situation post crise en occupant sainement les enfants et les jeunes par la qualification professionnelle et l'insertion sociale. Le PFIJ, par exemple, initié en 2003 et entré dans sa phase opérationnelle en novembre 2007, a déjà formé plus de 2000 jeunes dans plusieurs filières. Le service civique national et le Programme national de reconstruction et de réinsertion communautaire attendent les moyens de leur mise en oeuvre qui dépendent des efforts conjugués du gouvernement de Côte d'Ivoire, de la communauté internationale et des partenaires au développement qui soutiennent les actions de sortie de crise.
Une correspondance
particulière de


Mathieu Bouabré mattbouabre@yahoo.com

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