samedi 19 juillet 2008 par Le Patriote

Une fois n'est pas coutume. La grève des syndicats et des transports qui a démarré depuis bientôt une semaine, est un mouvement sans visage. Même si le FPI, par son journal interposé, s'efforce à faire croire à la population que cette grève est une ?'invention'' du RDR. Pourtant, l'augmentation des prix du carburant qui est à la base de cette situation n'a aucune couleur politique. Qu'ils soient militants du parti au pouvoir ou de l'opposition, les Ivoiriens sont tous confrontés à la flambée vertigineuse des prix. C'est ensemble qu'ils boivent jusqu'à la lie, le calice amer de la misère qui, chaque jour, va grandissante. Et dire que rien ne justifie cette augmentation des prix du carburant imposé. Car la Côte d'Ivoire est bel et bien productrice de pétrole. Et c'est une voix non moins autorisée qui le soutient. Selon en effet le quotidien pro-gouvernemental ?'Fraternité Matin'' dans son édition No 12531 du lundi 14 et mardi 15 août 2005, la production pétrolière ivoirienne a atteint le niveau record de 80 mille barils par jour courant fin mars 2006, contre 40 mille barils de la même année et environ 21 mille en juillet 2005. En outre, selon l'évolution de la balance commerciale de 2002 à 2007 réalisée par la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest, (BCEAO), les ressources pétrolières dépassent de très loin ce que rapporte le binôme café cacao à l'Etat. Plus particulièrement, le pétrole a compté pour 35,9 % contre 17% pour le café cacao dans le budget de l'Etat de Côte d'Ivoire. On ne peut donc pas dire que ?'l'or noir'' manque à telle enseigne qu'il faille augmenter les prix. En réalité c'est la très mauvaise gestion des revenus du pétrole qui est à l'origine de toute cette hausse sauvage des prix du carburant. Tenez, la Société ivoirienne de raffinage, (SIR) qui a le monopole et qui est la plus grande société de raffinage en Afrique de l'Ouest a un déficit de 500 millions F CFA. Si ce n'est pas la mauvaise gestion, comment peut-on qualifier cela ? Surtout que c'est la SIR qui raffine le pétrole du Nigeria qui est, il ne faut pas l'oublier, l'un des plus grands producteurs de pétrole en Afrique. En réalité, la gestion du pétrole ivoirien a été pendant un long moment, tenue secrète. Elle n'était que l'affaire du clan présidentiel. Notamment Gbagbo, Simone son épouse, Bohoun Bouabré et naturellement le ministre des Mines et de l'Energie, Léon Emmanuel Monnet. Ce n'est que dans un passé très récent que le pouvoir a daigné porter les chiffres de ce secteur au grand jour. Et, bien sûr, après avoir pris soin de les trafiquer. Et comme la vérité rattrape toujours le mensonge, les Ivoiriens ont découvert les vrais chiffres de la production pétrolière. Il se trouve que, même si la Côte d'Ivoire n'est pas un Etat pétrolier, elle n'est pas non plus un Etat qui ne produit aucune goutte de ce produit. C'est pour toutes ces raisons que l'on s'interroge sur les motivations qui ont suscité la toute dernière augmentation du carburant. Et rentrer en grève pour exiger la réduction du carburant, n'est pas un acte de défiance envers qui que ce soit. Cette grève va permettre aux gouvernants de revoir à la baisse les prix du carburant. Ce qui nécessairement, va entraîner une baisse du transport et des prix des denrées de premières nécessités qui avaient aussi pris l'ascenseur. Et qui gagne dans un tel cas de figure? Tout le monde. Militants du parti au pouvoir et de l'opposition y compris. C'est une question de bon sens. Simplement.
Yves-M. ABIET

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