samedi 19 juillet 2008 par Le Patriote

Indignation et colère. Ce sont là les sentiments qui animent actuellement le président du directoire du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) face à la hausse vertigineuse du prix du carburant qui a entraîné une cherté de la vie sans précédent. Hier, au siège du PDCI- RDA, le RHDP a, au cours d'une conférence de presse, fustigé ce qu'il a appelé l'asphyxie programmée du peuple ivoirien. Selon le Pr. Djédjé Mady, le RHDP soucieux du bien-être des populations ivoiriennes, ne saurait rester inactif et silencieux devant une telle tragédie. C'est pourquoi, selon le conférencier, le RHDP condamne le mépris du chef de l'Etat face à la misère et la détresse des Ivoiriens. A contrario, le Rassemblement des houphouétistes soutient toutes les actions qu'il juge légitimes et démocratiques que mènent actuellement les Ivoiriens pour leur survie. Pour le RHDP, cette situation que vit le pays est intolérable et même inexplicable à double titre. Primo, il est de notoriété publique que la Côte d'Ivoire est productrice et exportatrice de pétrole de haute qualité à raison 50.000 barils par jour. En conséquence, elle tire de grands bénéfices de la hausse du prix du baril sur le marché mondial.

Plus de 800 milliards
tirés du pétrole

A ce titre, la Cote d'Ivoire mobilise comme manne pétrolière 2,478milliards Fcfa par jour, ce qui fait un revenu mensuel de 74,340 milliards ou la rondelette somme de 897 milliards par an. A supposer qu'elle ait une quote-part à hauteur de 40%, la Cote d'Ivoire dispose de ressources et de moyens suffisants pour amortir en grande partie les effets de la hausse des cours du baril de pétrole. Secundo, les pays de l'hinterland, tels que le Burkina Faso, le Mali, le Niger, qui achètent leur carburant en Cote d'Ivoire, pratiquent des tarifs moins élevés. L'enseignement qu'on en tire, c'est que le gouvernement qui a peu d'égard pour la souffrance des Ivoiriens n'entend pas pratiquer un système de péréquation. Ce qui est d'autant plus déplorable que 44% des Ivoiriens sont frappés par le chômage quand 48% vivent en dessous du seuil de pauvreté, tandis que 80% ne mangent désormais qu'une fois par jour. Aussi, depuis une semaine, les transporteurs et les syndicats protestent-ils contre cette hausse du carburant qui asphyxie le peuple. La réaction du RHDP n'est-elle pas tardive ? A cette question, Djédjé Mady répondra pour dire que le Rassemblement des Houphouétistes ne s'inscrit pas dans la logique d'une opposition stérile au risque de susciter une polémique politicienne autour de ce problème. Un journal de la place affirme que derrière le mouvement de colère des populations il y a la main de Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara, comme si ce sont ces deux leaders qui payaient le transport des uns et des autres pour aller au travail et que ceux-ci n'ont pas de sensibilité personnelle pour réagir face aux problèmes qui se posent à eux. Nous disons que ce problème est suffisamment important et touche toute la population pour qu'on en fasse une question de politique politicienne s'est justifié le conférencier. Il a ajouté que les populations ivoiriennes ont pris et assumé leur responsabilité. Il fallait cette position claire des Ivoiriens avant de prendre toute initiative. En outre, le président du Directoire du RHDP a affirmé douter fort de ce que ce problème ait fait l'objet d'un débat franc en conseil des ministres. La hausse du carburant étant une question d'enjeu national, il aurait fallu, selon lui, que le chef de l'Etat rencontrât les principaux leaders de la classe politique pour recueillir leur avis et suggestion. En tout état de cause, à en croire le conférencier, la réaction du RHDP s'inscrit dans l'ordre normal des choses, car on ne saurait sacrifier les intérêts du peuple. Même dans un parti unique, si le gouvernement fait des choses qui vont contre les intérêts du peuple, on a le droit de le dénoncer, a-t-il dit, en rappelant les conseils nationaux sous le régime Houphouët Boigny. C'est dire que la situation actuelle incombe au chef de l'Etat. Laurent Gbagbo est le premier responsable, c'est à lui de prendre les décisions qui s'imposent. Car, a-t-il ajouté On ne gouverne pas avec une calculette à la main. Des mesures acceptables peuvent être prises pour permettre au peuple de vivre . Se prononçant sur l'affaire des cartes d'identité après les élections qu'envisage le chef de l'Etat, le conférencier a dit que cela est en flagrante contradiction avec l'accord de Ouagadougou. Et qu'au moment opportun, le RHDP se prononcera sur la question. Il a en outre souhaité que la poussée de fièvre de ces derniers jours n'ait pas une incidence sur le calendrier électoral. Pour lui, le respect de la date du 30 novembre 2008 est une nécessité vitale pour la Cote d'Ivoire, il n'est donc pas question de faire reporter les élections. Quant à l'opération mains propres, Djédjé Mady, s'en est félicité pourvu qu'elle ne soit pas une opération cosmétique. La moralisation de la vie publique est une nécessité. Mais nous souhaitons qu'elle ne soit pas du replâtrage, il ne faut pas qu'il y ait des mains intouchables a-t-il vivement recommandé.
Ibrahima B. Kamagaté

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