vendredi 18 juillet 2008 par Nord-Sud

Les effets de la grève de l'Ugtci ont été fortement ressentis hier au Plateau. L'absence des travailleurs était particulièrement remarquable dans les tours administratives. D'ordinaire surchargés de monde, les ascenseurs de la cité administrative du Plateau sont vides ce jeudi. Les devantures des différents boxes, toujours noires de monde, sont totalement déserts. Certains d'entre eux peuvent s'immobiliser des minutes durant avant de recevoir l'un des rares travailleurs ou visiteurs arrivés cette journée en ces lieux connus, pourtant pour leur animation particulière des jours ouvrables. Ce 17 juillet, premier jour de la grève de 48h décrétée par l'Union générale des travailleurs de Côte d'Ivoire(Ugtci) pour protester contre la cherté de la vie, l'ambiance est inhabituelle. Comme le hall, les paliers sont calmes. A la tour C où nous entamons notre visite, seul un vigile circule dans les couloirs du 2e étage. Ils ne sont pas là. Ceux qui sont arrivés sont repartis , répond désespérément le gardien, en parlant des travailleurs de ce pallier occupé par l'Institut national de la statistique (Ins). Seuls quelques membres du personnel ont effectué le déplacement. Parmi eux, Atsé Patrice croisé à l'entrée de ce building. Après avoir travaillé toute la matinée, il est parti se restaurer. Maintenant, il revient au bureau, mais pour ne plus y durer. Je suis concerné par la grève, mais j'ai dû venir terminer le traitement d'un dossier très important. Je finis tout à l'heure et je rentre à la maison , prévient-il. Moins de la moitié de ses collaborateurs sont arrivés au service. Difficile de savoir cependant si les absents ne sont pas là pour raison de grève ou à cause de l'arrêt du transport en commun. Depuis lundi, poursuit le statisticien, beaucoup de travailleurs de l'immeuble ont des difficultés pour être à leur poste faute de moyens de transport. Tazio Blaise, agent du ministère de la Construction (tour D), assure que plusieurs de ses collègues sont volontairement restés chez eux en obéissance au mot d'ordre de grève lancé par l'Ugtci. Il avoue n'avoir pas eu ce courage lui-même : Mon syndicat est affilié à l'Ugtci, mais je suis venu travailler à cause de la déclaration du ministère de la Fonction publique. La veille, le directeur du travail a été, en effet, dépêché sur le plateau du journal de 20h de La Première pour rappeler que le mot d'ordre d'arrêt de travail n'a pas respecté les six jours de préavis prévus par la réglementation en vigueur. Par conséquent, a-t-il ajouté, le mouvement est irrégulier et illégal. Ces menaces mal voilées ont effrayé notre travailleur qui veut se mettre à l'abri d'une éventuelle ponction salariale. La vieille centrale n'ignore pas la procédure à suivre. Mais au cours de son assemblée extraordinaire du mardi, l'Ugtci a estimé que le caractère exceptionnel de la situation sociale appelait un comportement exceptionnel. La majorité des travailleurs absente, les services ont été fortement perturbés au grand dam des quelques usagers qui ont parcouru de longues distances, parfois à pieds, pour être au Plateau. C'est le cas de N'Guessan Alain sorti déçu de la tour E. Venu remplir les formalités fiscales d'un terrain, il repart sans avoir eu le moindre interlocuteur. Il n'y a personne, lance-t-il. Ses dossiers sous l'aisselle droite, il se dirige vers l'un des portails de la cité pour retourner à Attecoubé comme il est venu. A pied. Autre fait symptomatique de l'absence des travailleurs, les restaurants qui grouillent de monde chaque midi aux pieds des tours sont clairsemés ce jeudi. Certains tenanciers n'ont même pas jugé nécessaire de fonctionner ce jour. L'ambiance morose de l'intérieur de la cité administrative contraste quelque peu d'avec le trafic resté presque normal dans les rues du quartier des affaires. Les taxis rouges ont disparu, mais la présence de nombreux véhicules personnels et de quelques autobus de la Sotra donne aux différentes artères leur allure des jours ordinaires. Ce sont certainement les employés des banques et autres services privés où l'on a travaillé comme d'habitude. Cissé Sindou

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