Ce n'est pas la grande sérénité au sein de l'Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d'Ivoire à l'approche des consultations électorales. Et, pour cause: une crise larvée oppose le président Mabri à Blon Blaise, un de ses conseillers. Blé Guirao lève le voile sur cette énième crise.
?Quelle est la raison profonde de la guéguerre Blon-Mabri dont la presse fait écho ces temps-ci?
Il est déplorable qu'une personne de la trempe de l'honorable Siki Blon Blaise qui est, de surcroît, président du conseil général de Man nous tire vers le bas en ramenant notre parti, l'Udpci, dans des détails négatifs. Mais, je m'en vais vous dire que ce qui se passe présentement ne nous surprend guère. Bien au contraire, ceux qui suivent l'Udpci devraient s'y attendre. Il n'y a pas longtemps la presse a fait écho de rumeurs faisant état d'un rapprochement entre l'Udpci et le Fpi. Sur la question, je m'étais prononcé pour dire que certains parmi nous avaient des atomes crochus avec le Fpi mais ils n'avaient pas le courage d'afficher leurs opinions.
Lorsque le président, Yao Séraphin, mon successeur à la tête de la Judpci devait présenter son bureau à l'issue d'une élection qu'il a remportée vous avez vu la honteuse sortie de l'honorable Blon!
Lorsque j'étais à la tête de la Judpci, j'ai du moi aussi faire face aux attaques du président Blon Blaise. Des pétitions à maintes reprises ont été signées par des jeunes qu'il a instrumentés pour me faire perdre tout crédit. Au vu de tous ces précédents, ce qui se passe en ce moment ne peut pas nous surprendre. L'homme a été toujours comme ça. Il passe aujourd'hui par des problèmes de fesses pour déstabiliser le président Mabri Toikeusse.
?Existe-t-il réellement un problème de femme comme vous dites entre ces deux responsables de votre parti?
Les hommes sont friands de rumeurs et de ragots. Le président Mabri Toikeusse est marié. Il a une vie rangée. Il est dirigeant d'un parti politique qui compte. Il est, au niveau spirituel, équilibré. Il a fait la Mecque. Tout a été tenté pour nous assujettir au Fpi. Pour de l'argent. Bien qu'ils savent que ce parti n'est pas blanc comme neige dans l'assassinat de nombre de nos militants: Balla Keïta, Robert Guéï, Coulibaly Souleymane, Diomandé Soualio etc. Devant notre refus de nous accoquiner avec ce parti, ils décident de s'attaquer à notre président pour tuer l'Udpci en l'accusant d'adultère. Les gens n'hésitent même pas à salir la femme avec laquelle ils ont vécu pendant des années. Tout simplement parce qu'ils ont un objectif politique à atteindre. Vaine tentative parce que les militants sont mobilisés derrière leur président.
?Des tentatives qui peuvent à la longue aboutir à ce rapprochement
En tant que 3ème secrétaire général-adjoint chargé à l'organisation et à la mobilisation de l'Udpci, je puis vous dire, devant Dieu et les hommes, que dans aucune réunion officielle de l'Udpci, il n'a été question d'une quelconque négociation d'une alliance avec le Fpi. Vous pouvez revoir tous les procès verbaux des bureaux politiques que nous avons tenus y compris les réunions des comités de direction. Vous savez qu'en Côte d'Ivoire, il y a des politiciens qui n'ont malheureusement aucune dignité. Ils sont prêts à s'offrir au plus offrant.
?Le député Blon Blaise fait-il partie de ceux-là?
Je continue mon analyse. Si demain, un margouillat arrive au pouvoir, ils seraient tentés de le soutenir sous le fallacieux prétexte de soutenir la République. Ils sont nombreuses, ces personnes, dans le sillage présidentiel et dans tous les partis politiques. Ils n'ont aucune ambition politique parce qu'ils ont leur passé derrière eux. Ils tirent, sans succès, l'Udpci vers le Fpi.
?Ne craignez-vous pas une autre saignée avec cette affaire Blon Blaise?
Je voudrais à ce stade de mon propos paraphraser Laurent Gbagbo: La politique est un train. Et chacun a sa gare. Lorsqu'une personne descend à une gare il y a des milliers d'autres qui embarquent. Et ce sont ces nouvelles personnes qui arriveront à bon port avec le train. Tout ceci pour dire qu'au moment où Blon Blaise va descendre du train de l'Udpci, vous verrez que beaucoup de militants, de jeunes cadres, de femmes et de jeunes qui s'étaient mis en marge du parti à cause des intrigues de ce monsieur afficheront leur pleine adhésion au parti arc-en-ciel.
Ils sont nombreux ceux qui ont tenté de nous jeter dans les bras du Fpi qui ont échoué. Avant Blon Blaise, c'est Noutoua Youdé qui a rejoint aujourd'hui le Rppp. Mais, que vaut le Rppp à part servir de garage pour le Fpi? C'est le raccourci vers le Fpi. Donc Noutoua est aujourd'hui au Fpi. Tous ceux-là qui étaient dans nos rangs prétextant qu'ils étaient acquis à notre cause et qui travaillaient en interne pour Laurent Gbagbo et le Fpi. Manque de pot pour eux, ils ont été découverts. Nous nous sentons bien au Rhdp. Et, nous sommes prêts à aller main dans la main avec nos amis du Rhdp aux élections prochaines pour les gagner.
?Il n'en demeure pas moins que Blon Blaise est une grosse pointure de l'Udpci. Il se raconte qu'il est même l'un de grands financiers du parti.
Les gens vous racontent n'importe quoi. Je le dis toujours: nul n'est indispensable en politique. C'est le temps du mandat qu'on vous confie par rapport à votre travail que vous avez souvent l'illusion d'être indispensable. Sinon en réalité vous ne l'êtes pas. Les gens ont tenté de mettre les bâtons dans les roues de Mabri. Mais, il a tenu. Devant leurs échecs, ceux qui ont eu le courage sont partis. Et, les moins courageux appliquent la technique de la terre brûlée en faisant croire que notre président est impliqué dans une affaire de femme. Les militants ont compris leur stratagème.
?Le bureau politique qui se tient ce matin va-t-il statuer sur le cas Blon Blaise?
C'est inévitable. Vous ne pouvez pas être un parti politique sérieux, faire un bureau politique et ne pas statuer sur des cas comme celui de Blon Blaise et Noutoua Youdé. Il va s'en dire que le bureau politique va prendre acte de la démission de fait de Noutoua qui était sur le coup d'une suspension. Le bureau politique va également se prononcer sur le cas de Blon Blaise. Il dira à la face de la nation qu'il réaffirme son attachement à son président. Il faut que nous les militants nous demandions pardon à son épouse qui a pu être choquée par ces inepties.
?L'actualité est aussi marquée par la cherté de la vie avec la hausse du prix du carburant. Quelle est la vision de l'Udpci sur la question?
En tant que citoyen, je ne peux me taire devant la souffrance du peuple. Un gouvernement doit toujours prévoir. Il devrait savoir qu'en augmentant le prix du carburant, cela aurait une répercussion sur le prix des denrées alimentaires. De ce fait, il devrait avoir le courage d'augmenter et de débloquer les salaires des travailleurs. Donc, la lutte des travailleurs est juste. Et nous la soutenons. Je demande une augmente sensible du salaire des travailleurs dans tous les secteurs d'activités.
?N'est-ce pas une duplicité de la part de l'Udpci quand on sait que vous êtes solidaires de l'action gouvernementale?
Avoir le président de son parti dans un gouvernement ne veut pas dire que la politique qui y est appliquée est celle de l'Udpci. Quand la politique de l'Udpci sera appliquée, vous ne verrez pas une augmentation anarchique et non maîtrisée des denrées. Rappelez-vous sous l'ère Konan Bédié. Face à la hausse du prix du carburant, il a octroyé aux transporteurs la somme d'un milliard de Fcfa. Grâce à cette manne la population n'a pas senti les affres de la crise du pétrole. Il faut que l'opposition se réveille. Les populations qui, aujourd'hui, font face à cette crise et qui se débattent sont celles-là mêmes à qui nous irons demander demain de voter pour nous. Ce n'est pas au moment où ils souffrent que nous allons nous taire parce qu'on a peur d'être à leurs côtés.
?Gbagbo était tout récemment à Séguéla. Il a promis les cartes nationales d'identité après l'élection présidentielle. Que dites-vous?
C'est une catastrophe. Je m'étonne que jusque-là que l'opposition n'ait pas réagit. Notre bureau politique se prononcera sur la question. Nous sommes tous d'accords que les Cartes nationales d'identité (Cni) sont un élément important pour les élections. C'est d'ailleurs dans cette optique que les audiences foraines ont été organisées pour que chaque ivoirien ait ses papiers. Diantre d'où vient-il maintenant que c'est après les élections que nous aurons les Cni. Mais, c'est parce que nous, à l'opposition, on est bête. C'est parce qu'au Rhdp on est trop passif qu'on le laisse gérer la transition à sa guise. Il faut que l'opposition se réveille au risque de voir le pouvoir nous filer entre les mains au soir du 30 novembre. Le moment est venu pour que l'opposition se réveille. Il faut que les cartes d'identité soient délivrées avant que nous allions aux élections. Sinon c'est une porte ouverte sur les tripatouillages. Parce qu'on ne saura pas réellement qui a voté ou non.
?Est- ce vous pensez que la vague des arrestations dans le domaine des structures de gestion de la filière du café-cacao est une bonne initiative prise par le chef de l'Etat?
C'est une action noble et louable. Mais, il ne doit pas s'arrêter à la seule filière du café-cacao. Il faut la continuer. Il faut rechercher les assassins de Robert Guéï et de Balla Keïta. Lorsque toutes ces questions seront résolues alors on verra que la Côte d'Ivoire, après la guerre, peut se relever. Lorsque Gbagbo clame à Vavoua et à Séguéla que c'est une nouvelle Côte d'Ivoire qui verra le jour après la guerre, il faut naturellement créer les conditions de cette renaissance. Et ces conditions passent par un partage équitable des richesses, une démocratie vraie, une impunité combattue à tous les niveaux. Mais, il y a encore beaucoup de bandits en col blanc qui circulent dans les rues. Ils sont nombreux.
Réalisée par K. Marras. D, Coll: DMS