vendredi 18 juillet 2008 par Le Patriote

Pour qui connaît Abidjan, capitale économique de la Côte d'Ivoire, il y a des signes qui ne trompent pas. Se frayer un chemin sur les principales artères, de la commune du Plateau, centre d'affaires par excellence, relève d'ordinaire du parcours du combattant. Pour éviter des embouteillages, les forces de l'ordre sont souvent obligées de suppléer les feux tricolores. Que dire de la cité administrative et du boulevard lagunaire abonnés, la première à d'interminables va et vient de fonctionnaires, de visiteurs et de vendeurs ambulants, le tout dans un brouhaha indescriptible, et le second à ses embouteillages qui vous poussent à rallier Treichville à Adjamé quelquefois en une heure. Pourtant, il n'en était rien de tout, hier. Au contraire, la commune du Plateau donnait l'allure d'une ville déserte. Plusieurs magasins sont restés fermés. La cité administrative cherchait en vain ses visiteurs, quand les parkings prenaient un bain de soleil faute de véhicules. Les vigiles, rencontrés en ce lieu, se tournaient le pouce. La circulation au niveau du boulevard lagunaire était d'une fluidité que les quelques rares automobilistes qui l'ont emprunté, vont certainement regretter les jours à venir. La raison, c'est que beaucoup de fonctionnaires ont décidé d'observer le mot d'ordre de 48 h de grève lancé par l'Union Général des Travailleurs de Côte d'Ivoire (UGTCI). Vous constatez avec nous que la cité est vide. Beaucoup de patrons ne sont pas venus au travail , raconte un vigile rencontré à l'entrée de l'un des immeubles de la cité administrative. La traversée de la corniche que nous avons empruntée ensuite ce même jour, autour de 13 h, s'est déroulée sans difficultés. Aucun embouteillage n'ayant été constaté. Si les automobilistes ont circulé avec beaucoup d'aisance, tel n'était pas le cas des malades et de leurs parents.

Les médecins débordés

Beaucoup de malades ont eu du mal à se faire soigner en ce premier jour de grève. La désolation était totale chez plusieurs parents de patients rencontrés, notamment au CHU de Treichville et celui de Cocody. Seul un service minimum était assuré aux urgences des ces deux centres hospitaliers et universitaires. Aux urgences du Chu de Cocody, seul un médecin était de service. Ce dernier, malheureusement, sera très vite débordé. Sollicités par de nombreux malades, il finira par craquer. C'est par humanisme que je fais ce travail, ne me demandez pas plus ! martèle t-il, avant de faire cet aveu d'impuissance : allez voir aux étages supérieurs peut être trouverez-vous un médecin pour vous aider . Comme à Cocody, un seul médecin, était également à son poste aux urgences du Chu de Treichville. Nous avons un service spécial (urgence), que nous ne fermons jamais. Je suis là, donc pour assurer le service minimum , a t-il expliqué. Aidé de quelques infirmiers, celui-ci tentait tant bien que mal, de s'occuper des nombreux malades. Les parents de ces derniers assis, soit à côté de leur malade, soit à la réception, contenaient difficilement leur douleur. Contrairement aux urgences des deux CHU, à l'Institut de cardiologie d'Abidjan, aucune consultation n'a été faite dans l'après-midi. Les chefs sont venus ce matin, ils se sont occupés de quelques malades. Depuis, ils sont tous rentrés chez eux , confie le vigile. Au total, tous ces signes indiquent aux habitués d'Abidjan que la ville n'a pas connu son allure habituelle. Preuve que les travailleurs ont suivi le mot d'ordre de grève de la centrale syndicale.
Thiery Latt (Stagiaire)

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