lundi 23 juin 2008 par Notre Voie

Le Front populaire ivoirien (FPI, au pouvoir) a organisé un séminaire bilan des six (6) dernières années (2002-2008) d'application de sa politique de décentralisation. Dans cet entretien, Mme Simone Ehivet Gbagbo, 2ème vice-présidente chargée de la Vie de son parti, organisatrice du séminaire, juge cette politique. Entretien.
Notre Voie : Mme la présidente, peut-on dire, à l'issue du séminaire bilan de la politique de décentralisation, que le FPI a eu raison d'opérer cette option ?
Simone Ehivet Gbagbo : Ah, oui ! La politique de décentralisation a été une belle initiative pour le pays.

N.V. : Que recherchiez-vous donc avec ce séminaire ?
S.E.G. : Il s'agissait de faire le bilan de l'opération pour voir comment on progresse, on améliore, on corrige, on certifie, on renforce. Sans un tel bilan, on ne peut pas maîtriser l'évolution du processus.

N.V. : Est-ce que le séminaire vous a permis de connaître et de répertorier les entraves à la bonne application de la décentralisation ?
S.E.G. : Oui, nous en avons relevées. Par exemple l'entrave princi-pale, c'est l'insuffisance de financement. Cela a été relevé par tout le monde. Mais, il y a une autre entrave également. C'est l'insuffisance de tout l'appareillage juridique. Il y a des décrets qui manquent. Il y a même des lois qui manquent. Il y a aussi des arrêtés qui manquent alors qu'ils auraient permis aux collectivités décentralisées d'être plus à l'aise pour prendre des initiatives et mener leurs actions.

N.V. : Madame la présidente, la politique de décentralisation est à la fois appliquée par des élus FPI mais aussi par des élus qui ne sont pas de votre obédience. Est-ce que, à ce niveau, il y a eu de l'harmonie ? Est-ce qu'il n'y a pas eu de déperdition par rapport à votre philosophie à vous sur la question ?
S.E.G. : Je ne crois pas qu'il y ait eu des déperditions. Il y a quelques mois, nous avons tous écouté et visionné à la télé un document réalisé par le ministère de l'Intérieur, particulièrement par le directeur de la Décentralisation d'alors, Gervais Coulibaly. A travers ce document, la parole a été donnée aux élus de toutes les tendances politiques. On s'est rendu compte que tous étaient heureux, qu'ils soient maires ou présidents de conseils généraux, d'avoir cet instrument de travail pour développer leurs régions ou leurs com-munes. Et tous ont reconnu que cet instrument est positif. Tous ont relevé les mêmes difficultés que nous avons relevées avec les élus FPI. C'est-à-dire qu'ils ont beaucoup plus de missions qu'ils n'ont reçu de moyens financiers pour réussir leur travail. Alors, finalement, qu'ils soient FPI ou qu'ils ne le soient pas, la décentralisation a été un élément bénéfique pour chacun d'entre eux.

N.V. : Après avoir entendu vos élus qui conduisent cette politique, quelles sont aujourd'hui vos plus belles satisfactions ?
S.E.G. : Notre plus belle satisfaction, c'est d'avoir pu constater que le pays a progressé en matière d'équipements ; que nous avons pu obtenir plus d'écoles, plus de centres de santé dans nos régions et, surtout, d'avoir constaté que les populations sont intéressées. Elles jugent, expriment plus de besoins d'avoir leurs entités décentralisées. Cela veut dire que la décentralisation n'a laissé personne indifférent. C'est un succès.

N.V. : Et pourtant, vos adversaires politiques ne manquent pas de déclarer que le FPI n'a rien réalisé pendant huit (8) ans. Que répondez-vous ?
S.E.G. : La réponse que je vais donner est valable pour tous les élus, qu'ils soient FPI ou non. L'instrument de la décen-tralisation, tel que nous l'avons apprêté et mis à la disposition des commu-nautés, n'existait pas chez nous. Nous avions quelques maires et c'est tout. Nous avions une entité déconcentrée comme la Ville d'Abidjan et c'est tout.
Aujourd'hui nous avons beaucoup plus de mairies. Nous avons les conseils généraux qui ont permis de répondre aux besoins en équipements du pays, de faire de grandes enjam-bées en l'espace de quelques années. C'est vrai que le travail effectué a été moins important que le niveau où nous avions placé la barre au moment où nous rédigions le programme de gouver-nement. Mais au moment où nous rédigions ce programme, nous ne gérions pas une crise. Nous n'envisageons même pas une crise. Pour moi, la grande prouesse réalisée par l'Etat dirigé par le FPI, c'est d'avoir pu maintenir le fonctionnement des structures décentralisées malgré la crise.

N.V. : Vous vous retrouverez, vos élus et vous, en septembre. Qu'est-ce qui va se passer ?
S.E.G. : Nous allons approfondir le bilan.
Parce que, à ce séminaire, nous avions tellement de questions à traiter que nous nous sommes appesantis sur les difficultés et les réponses à leur apporter. En septembre, nous allons plancher sur les tâches réalisées, puis identifier les meilleurs élus pour les récompenser.







Interview réalisée par César Etou (Coll. Sérikpa Benson)

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