mercredi 18 juin 2008 par Le Temps

Après le limogeage de Koné Zackaria, Alassane Ouattara et son parti, le RDR, retrouvent le sourire. C'est Shérif Ousmane, le nouveau joker qui leur donne du baume au coeur à travers ses sorties et stratégies morbides savamment planifiées.

Gbagbo sera battu. Mais il refusera de partir. C'est un Charles Taylor, il traîne trop de casseroles ". Ces propos sont de Shérif Ousmane, ancien chef de guerre à Bouaké et autorité militaire des Forces nouvelles, mouvement dont est issu le Premier ministre Guillaume Soro Kigbafori. Il les a tenus dans une interview fleuve qu'il a accordée au confrère panafricain jeune Afrique. Cette sortie, au yeux des observateurs de la scène nationale n'est pas fortuite en ce qu'elle cache beaucoup de non dits. Shérif Ousmane qui est partie prenante du processus de paix en tant que membre influent des forces nouvelles ne peut pas tenir un tel discours s'il n'a un parrain pour lequel il travaille. Ce parrain, naturellement ne peut être que Alassane Ouattara à qui l'ex-chef de guerre voue admiration et soumission. S'étant rendu compte de l'incertitude qui plane sur la victoire de son maître, Shérif Ousmane a voulu prendre les devants pour préparer ses éléments à un refus de désarmer. Cela, dans le but de semer le désordre en cas de victoire de Laurent Gbagbo. Le nouvel homme fort de Ouattara devient ainsi l'espoir de tous les militants du RDR qui avaient perdu le sommeil après le limogeage de Koné Zackaria sur lequel ils misaient au départ. Pour marquer sa présence et leur dire qu'il est là et qu'ils peuvent compter sur lui, Shérif Ousmane a fait cette sortie qui n'est pas loin d'une menace sur les processus de paix et électoral. Dans la même mouvance, Shérif Ousmane confirme la thèse de ceux qui l'ont toujours accusé de ramer à contre- courant des engagements pris à Ouaga par le sommet des Forces nouvelles et leur chef, Guillaume Soro Kigbafori. Il se dit fondamentalement opposé au désarmement des combattants comme cela est prévu dans l'Accord politique de Ouaga. " Si Soro ne donne pas une bonne garantie aux enfants, ils ne déposeront pas les armes ". Sûr de son fait, Shérif Ousmane plante ainsi le décor, en préparant les esprits à ce que son patron et lui concoctent dans les coulisses (voir mouvement insurrectionnel d'avant-hier à Bouaké). Lui et le fugitif Koné Zackaria n'ont jamais caché leur accointance avec Alassane Ouattara pour qui, ils disent à qui veut les entendre avoir pris les armes. Quand ce dernier affirme qu'il ne veut pas de violence poste électoral, c'est du bout des lèvres qu'il le dit parce que l'on est convaincu qu'il est le principal instigateur de tous ces agissements. C'est lui qui, non convaincu de sa victoire, suscite ces genres de déclaration en vue de dresser et bien dresser ses relais internationaux contre l'actuel locataire du palais du plateau. La stratégie est claire. Présenter Laurent Gbagbo comme un assoiffé de pouvoir pour ne pas reconnaître sa victoire si jamais il est réélu et créer le bordel comme cela a été le cas au Kenya.

Attentat contre l'Avion de Soro à Bouaké

A travers cette sortie, Shérif Ousmane donne aussi les preuves de son implication dans l'attentat meurtrier contre le Fokker 100 présidentiel le 29 juin 2007 et qui a failli emporter le Premier ministre Guillaume Soro. De lourds soupçons avaient convergé vers Shérif et son acolyte de Koné Zackaria. Mais Guillaume Soro qui n'avait pas voulu brusquer les choses pour donner plus de chance au processus qui venait d'être enclenché avait demandé aux uns et autres de ne pas perdre leur temps dans les accusations internes. Les deux hommes interrogés par la presse sur le sujet avaient nié les faits. malgré que certains des leurs éléments aient été pris sur le champ. Ils avaient tous deux déclaré leur attachement à l'Accord politique de Ouaga. Mais ils n'ont pas manqué de multiplier les actions de sabotage dudit processus à travers plusieurs actes de subversion.

Coup d'Etat manqué de décembre 2007

Shérif Ousmane et Koné Zackaria n'ont jamais véritablement renoncé à leur volonté de remettre en cause les acquis de la capitale burkinabé. Alors que musulmans et chrétiens préparent les différentes fêtes de fin d'année, des soulèvements militaires se signalent à Bouaké. Sous le fallacieux prétexte de revendication salariale et d'amélioration de condition de vie, des soldats FN bloquent les rues de la capitale de la vallée du Bandama. L'on croit alors à un simple mouvement d'humeur des combattants. Mais à l'origine, se trouvent Shérif Ousmane et un certain " Imam " qui veulent tout mettre en ?uvre pour remettre Ibrahima Coulibaly, alias " IB " sur la scène. Comme à leur habitude, les deux hommes nient les faits. Mais ils sont très tôt rattrapés par le CD réalisé à Cotonou, au Bénin par leurs acolytes. Les preuves de leur implication dans cet autre coup d'Etat sont données par le mercenaire recruté dans la phrase suivante : " Shérif est à Bouaké. S'il refuse de suivre le mouvement, il faut le buter ". Au regard de ce qui précède, la sortie de l'ancien chef de guerre ne peut surprendre les Ivoiriens qui connaissent les motivations de son parrain.

Pierre Legrand
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