mercredi 4 juin 2008 par Nord-Sud

Le 31 mai, le roi du zoblazo a bouclé une série de concerts en Suisse. En route pour Paris, le chanteur ivoirien s'est prêté à nos questions.



?Meiway, nous sommes heureux de vous retrouvez dans un train en Suisse. Etes-vous en tournée ?

Je voudrais avant tout saluer les lecteurs et lectrices de votre journal Nord-Sud. Pour ce qui me concerne, je travaille à travers le monde. Ceux qui suivent mon activité le savent. Je viens de jouer à Lausanne et à Berne. En tant qu'artiste, je joue un rôle d'ambassadeur de notre patrimoine culturel, ce qui peut expliquer parfois mon absence prolongée de mon pays. Mais le contact est toujours établi avec mes fans.





?Comment la communauté ivoirienne a t-elle accueilli vos concerts de Lausanne et de Berne?

Ce sont des spectacles de 300 à 400 personnes. Ce n'est pas la première fois que je me produis en Suisse. Nous avons des marques qui nous permettent de fidéliser le public africain communautaire et quelques Suisses. Aujourd'hui, plusieurs années après c'est devenu une formalité d'arriver ici et faire salle comble. Dans la foulée, nous irons ce week-end en Italie puis nous continuons à Dakar, et le Gabon pour une quinzaine de jours.





?A la dernière édition de l'Abissa, vous vous êtes impliqué pour l'organisation du concert. En novembre serez-vous encore de la partie pour la prochaine édition?

Oui, nous avons l'intention d'institutionnaliser notre participation à l'Abissa afin qu'à chaque édition les mélomanes aient droit à un concert de Meiway et des autres artistes de la région. C'est justement dans ce cadre-là qu'à l'édition passée, nous avons eu la chance d'avoir à nos côtés Serge Kassi, Lustone Kouamé, Tolio Anatole. Orentchy ne pouvait être là parce qu'il était aux Etats-Unis. Mais nous avons eu la belle surprise de la présence de Magic Système. Tout ceci pour vous dire que nous préparons la prochaine édition de l'Abissa.





?Ce regroupement des artistes de la région vise-t-il à vous conforter dans vos habits d'ambassadeur de cette culture?

Avant que je ne sois nommé ambassadeur par le roi des N'Zima, je faisais ce travail d'ambassadeur de la culture apollonienne. Cette intronisation m'a conforté dans ma mission. Et c'est-ce que je suis en train de continuer à solidifier afin de garder l'excellence de cette culture qui sert aujourd'hui d'exemple aux autres.





?Quel est l'état de vos relations avec Orentchy ?

Orentchy est mon petit frère. C'est quelqu'un qui dans sa période d'apprentissage s'est longtemps inspiré de mon travail. Aujourd'hui avec beaucoup fierté, je le vois évoluer sur les grandes scènes du monde.

C'est un bonheur d'avoir des personnes qui suivent mes traces, soit pour me donner la réplique soit aussi pour me soutenir dans mon action. Quand on est seul, on est moins fort.





?A Paris, on vous sent plus discret mais surtout présent dans la banlieue?

Je ne perçois pas bien la question.





?On ne vous voit pas sur une grande scène comme le Zénith.

La plus grande salle que j'ai faite jusque-là est le Bataclan. Puis le 10 mai dernier, j'ai fait une salle de la même dimension. Donc mon groupe et moi, nous renouons doucement avec la scène parisienne. Cela répond à des besoins stratégiques. Notre communauté ivoirienne n'est pas live. Elle est plus play back contrairement à la communauté congolaise, friande du live.

Aujourd'hui à Kinshasa, chaque groupe a un bar dancing. Le public est formé au live, il ne connaît pas le play back. Donc naturellement lorsque vous faites un concert de Koffi Olomidé, JB Mpiana etc. ne soyez pas surpris de voir une salle comble de 10.000 personnes.







?Pourquoi ne pas initier le concept des bar-dancing à l'ivoirienne à l'instar des Congolais?

Nous vivons un contexte politique qui ne favorise pas beaucoup de choses. Il est très difficile d'investir dans le domaine de la culture. Notre culture est bafouée. La piraterie est en vogue. Je pense qu'avec l'unification du pays, nous pourrons sensibiliser les Ivoiriens. Mon rêve est de rentrer définitivement au pays, installer un bar-dancing où je me produirais régulièrement. Puis ramener le studio monté à Paris à Abidjan afin de permettre à d'autres jeunes que je vais détecter de s'exprimer.



?20 ans de scène, quel regard?

Un regard avec beaucoup de fierté. Parce que tout petit je rêvais d'être star de mon pays. Aujourd'hui, je suis une star hors de mon pays. Je suis plus que satisfait. En réalité, je suis un éternel insatisfait. Je me bats surtout pour servir d'exemple aux petits frères. Ils viendront un jour prendre le relais.





?A quand votre prochain spectacle au pays avant la célébration de vos 20 ans de carrière ?

Nous sommes en pourparlers avec les organisateurs du Concerto pour l'indépendance. Avec la bénédiction de Dieu, nous serons à Abidjan pour le 6 août. Mais avant nous ne sommes pas libre. C'est avec un réel plaisir que je vais participer à ce concerto. Mon dernier concerto date de 1995 au moment où l'album ''Les génies vous parlent'' venait de sortir.





?Comment vivez-vous de loin le décès en cascade des artistes au pays dont Joël C?

Beaucoup de peine, d'autant plus que les artistes apportent beaucoup de bonheur au monde. C'est affligeant. Je ne vais pas accuser la politique mais on ne peut pas dire qu'elle n'y est pour rien. Avec une véritable organisation de la culture, il y a beaucoup d'artistes qu'on aurait pu sauver. Dans cette période, je suis persuadé que la culture n'est pas une priorité. Je reste convaincu que les choses vont changer. La culture en général et la musique en particulier, Dieu seul sait ce qu'elle a apporté aux Etats-Unis. Il faut y penser un jour.





?Le drame est que les artistes se battent autour du Bureau ivoirien du droit d'auteur (Burida)?

Moi? Non! J'aurai tort de me battre autour de la maison qui est censée être notre repère. Au contraire la bonne idée serait d'apporter des idées pour permettre à cette structure d'être plus crédible. Ce qui hélas n'est pas le cas aujourd'hui. Il y'a énormément de gâchis. C'est une affaire d'humain et nul n'est parfait. Nous sommes dans une période tampon où tout Ivoirien doit rouvrir les yeux. On le dit trivialement : Ivoirien ne voit pas clair mais là nous avons touché le fond. Pour ne pas y remettre les pieds, il faut voir la vie autrement.





?Peut-on connaitre votre vision exacte sur la question?

Je suis certain qu'aujourd'hui le discours partisan ne doit plus être d'actualité. Il faut bannir cela. La Côte d'Ivoire est belle dans sa diversité, son métissage. Houphouët Boigny a construit ce pays en tenant compte de toutes les valeurs. Ce pays est resté un exemple en Afrique. C'est cette philosophie que nous devons continuer d'entretenir. Je suis convaincu que c'est ensemble que nous allons sauver ce pays. Je suis même prêt à retourner au parti unique.

Restons intelligents car c'est par l'intelligence qu'on sauve un pays. Tant pis pour les idiots.


Entretien réalisé en Suisse par Coulibaly Brahima

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