jeudi 15 mai 2008 par Nord-Sud

Le Premier ministre Guillaume Soro était mardi soir l'invité du plateau de la Première chaîne de la télévision ivoirienne. A cette occasion, le chef du gouvernement a fait un tour d'horizon des grandes questions de la sortie de crise.

Audiences foraines :

Les séances de rattrapage ne sont pas une prolongation de l'opération

Le Cpc a constaté que dans certaines régions, il y avait de fortes demandes pour l'établissement des jugements supplétifs. De sorte qu'il est apparu nécessaire qu'il y ait des séances de rattrapage dans certaines localités. Je vais me rapprocher du ministre de la Justice, qui est le maître d'?uvre des audiences foraines, pour nous faire un tableau précis et permettre au gouvernement d'apprécier à l'occasion du Conseil des ministres et de voir quelles sont les localités qui ont véritablement besoin des rattrapages en ce qui concerne les audiences foraines. Comme je l'ai noté, tous les acteurs étaient d'accord, unanimes à reconnaitre que ces séances exceptionnelles d'audiences foraines, telles qu'organisées par le gouvernement, se sont bien déroulées et qu'il y a nécessité de faire des rattrapages. Ce que nous avons décidé de faire. Premièrement, c'est en rien un désaveu puisque je suis moi-même membre du Cpc. Deuxièmement, ma position a toujours été claire sur les audiences foraines. J'ai dit que du fait que les audiences foraines sont le fruit de l'Accord politique de Ouagadougou, il ne revenait pas au Premier ministre seul de prendre la décision d'admettre la prolongation ou non. Il fallait qu'une instance politique décide. C'est pourquoi j'ai encouragé les partis politiques à saisir le facilitateur d'une demande de prolongation des audiences foraines. Maintenant, nous nous sommes retrouvés au Cpc et il a suggéré des rattrapages, ce qui est différent de la prolongation. On dit qu'on va faire des séances de rattrapage. Ce n'est pas la prolongation parce qu'une prolongation de trois mois des audiences foraines aurait immanquablement influé sur la date des élections du 30 novembre. Parce qu'on ne peut faire le recensement électoral qu'a l'issue des audiences foraines. C'est pourquoi je pense que c'est une solution médiane entre la non prolongation et la fin des audiences qui est de dire qu'il faut faire des séances de rattrapage. Et je pense que le Cpc a pris la bonne décision.





Reconstitution de l'état civil détruit :

Nous sommes fin prêt pour lancer le processus

Le mode opératoire a été adopté, il s'agit de reconstituer les registres de l'état civil. Vous savez que dans les régions Centre, Nord, Ouest, ces registres ont été endommagés partiellement ou totalement. Et il se trouve que pour les nécessités de ces élections, il faut reconstituer cet état civil. Ce qui va se passer, c'est que quand vous avez les registres dans une sous-préfecture ou dans une mairie, il y a toujours un second. Donc on prendra certainement les seconds pour reconstituer l'état civil. Mais il se peut que les deux aient disparu. Dans ce cas, naturellement, ça va se faire devant un magistrat qui va trancher la question. Il y a aussi des fichiers historiques que nous avons à partir desquels on peut aussi reconstituer l'état civil. C'est à partir de tous ces éléments techniques que les juges savent que nous avons bâti le mode opératoire consensuel qui a été adopté depuis le 12 mars 2008. Donc nous sommes fin prêt maintenant pour lancer le processus. () La reconstitution des registres d'état civil démarre le 13 mai et s'achèvera le temps que le recensement électoral qui est une opération dirigée par la Commission électorale indépendante démarre. Nous avons regardé, c'est un calendrier cohérent jusqu'aux élections, il ne peut donc pas avoir d'incidence sur le calendrier électoral.





SAGEM, INS, ONI, CEI, CNSI

Qui fait quoi ?

Concernant le processus électoral, d'ordinaire, dans tous les pays, pour faire des élections, on a recours à un opérateur technique. En Côte d'Ivoire, pour le faire, on a eu régulièrement recours à l'Institut national de la statistique dont le rôle n'est pas de faire des élections, mais de faire, comme son nom l'indique, des statistiques. C'est pourquoi d'ailleurs l'Ins n'est pas sous la tutelle du ministère de l'Intérieur, mais du ministère du Plan et du Développement () Du moment où une classe politique a confiance en l'Ins et une autre pas mais a plutôt confiance en un opérateur privé, nous avons décidé que ces deux opérateurs soient mis ensemble et que, conjointement, ils fassent les élections de bout en bout. C'est ce qui nous a amené à désigner la Sagem comme deuxième opérateur technique pour les élections. Donc, vous aurez, dans le cadre des élections, du recensement électoral à l'émission des cartes d'électeur, vous aurez deux opérateurs techniques : l'Ins et la Sagem. Pour l'identification, vous aurez encore la Sagem qui sera en partie liée à l'Office national d'identification, pour la production des cartes nationales d'identité. Vous avez cité la Commission nationale de supervision de l'identification. Justement, cette Commission a pour rôle de superviser le travail de l'Office national d'identification. Et vous avez, d'autre part, la Commission électoral indépendante (Cei) qui a pour rôle de contrôler le travail de l'Ins et de la Sagem dans le cadre des élections.





Restauration de l'autorité de l'Etat, fusion des deux armées, collaboration préfets-Com'zones

Rien ne changera par un coup de baguette magique

Je voudrais dire que si vous prenez l'Accord politique de Ouagadougou, il dit qu'il y a deux armées : une armée de fait qui est au Nord et une armée régulière qui est restée loyale aux Institutions. Et l'objectif de l'Accord, c'est de faire en sorte que ces deux armées se fondent dans un même moule pour avoir une armée réunifiée. Et à cet effet, nous avons vu les différentes structures qu'il faut pour aboutir rapidement, n'est-ce pas, à la réunification de l'armée. En attendant, il se trouve effectivement qu'au Nord, il existe encore un état-major avec le général Bakayoko et un certain nombre de structures qui continuent d'avoir une certaine autorité en matière d'existence. Mais les préfets, que nous avons redéployés dans la zone, sont les hautes autorités de ces régions-là. Ils ont le pouvoir étatique, ils ont le pouvoir de commander à ces postes. Alors, ce que nous avons fait, c'est de dire que rien ne changera par un coup de baguette magique. Mais il faut aller progressivement. Je suis allé moi-même, parler aux préfets, j'ai fait appel à leur sens de la pédagogie. Pour que progressivement, ces choses puissent aboutir. Donc, à l'heure où nous parlons, je suis heureux de voir que les manifestations dans les zones Centre, Nord et Ouest, sont présidées par les préfets. Et que les chefs militaires savent que les préfets sont là et qu'ils sont subordonnés à ces préfets et sous-préfets. Je pense que c'est une étape nécessaire. C'est ce qu'on appelle la transition. Jusqu'à ce que nous allions à la réunification totale et que naturellement, l'organisation militaire qui est au Centre, au Nord et à l'Ouest disparaisse avec l'évolution du processus dans ces régions. Je pense qu'il faut d'abord souhaiter qu'il y ait une bonne collaboration entre les préfets et les chefs militaires. C'est pourquoi d'ailleurs à l'indépendance, le président de la République et moi avons souhaité que les deux armées puissent faire le défilé ensemble. Pour montrer que nous sommes en train d'aller vers ce qui constitue, pour nous, un objectif : la réunification de l'armée ivoirienne.





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