mardi 6 mai 2008 par Le Patriote

Centre Est de la Côte d'Ivoire, à environ 200 Km de Bouaké, voilà Mankono ! L'agglomération présente diverses potentialités. Curieusement, elle a été laissée pour compte, victime des luttes de positionnement d'antan et des intrigues politiciennes entre cadres (natifs ou fonctionnaires) des différentes chapelles existantes. Au constat général, Mankono regorge de plusieurs alternatives en terme de développement. Au plan agricole, les recherches pédologiques démontrent que le sol est propice à de grandes cultures de rentes principalement l'anacarde. Plusieurs tonnages de noix de cajou de la production nationale proviennent de Mankono et alentours. En terme d'apport à l'édification de la Nation et de la région, le département a mis à la disposition de l'Etat de nombreux cadres de haut rang dont les plus récents sont Cissé Bacongo, Ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique et Dosso Moussa en charge du ministère de l'enseignement technique. Tous deux sont natifs de Mankono, précisément de Tonhoulé. La production vivrière s'étale presque sur toute l'année et distribuée autant que possible sur le marché. Ce qui garantit à cette localité une auto suffisance alimentaire certaine. Toutefois, les activités commerciales y sont restreintes. A preuve, trouver la monnaie d'un billet de banque 10.000 après un achat de moins 3000 francs relève du véritable parcours du combattant dans cette Cité enclavée . La raison ? Cela est provoqué par la présence des acheteurs d'anacarde , nous a confié un gérant de kiosque. La population essentiellement agricole est aussi très présente dans le secteur du transport interurbain. Une spécificité propre à ville de Mankono ? La religion musulmane est omniprésente dans la Cité. Trois gros villages devenus des quartiers forment la charpente de la localité : Tonhoulé, Oussougoula et le village du même nom. Les principales familles ont pour noms : Cissé, Dosso, les Karamoko, Fofana etc. Les Cissé, les karamoko et les Dosso sont les grandes familles du quartier Tonhoulé. Toutes autant qu'elles sont, ces familles sont facilement localisables en raison du fait que chacune d'elle occupe un espace bien délimité dans la ville. Au constat, cette prédisposition intervenue à l'origine n'a pas favorisé une interpénétration culturelle entre ces différentes familles. En revanche, cette situation a occasionné de nombreux mariages consanguins. Il est fréquent de rencontrer des personnes portant le même nom patronymique que ses deux géniteurs (mère et son père). Parce que tous deux issus de la même famille. A l'instar d'autres localités du Nord de la Côte d'Ivoire, la ville de Mankono n'est pas restée insensible à la crise. Le réseau routier y est sérieusement endommagé.

Au niveau du réseau routier

En provenance de Bouaké, le visiteur parcourt un peu plus d'une centaine de voie bitumée avant d'effectuer 70 Km sur piste. Il rallie Mankono après plus d'une heure de route. Ce tronçon de 70 Km a heureusement bénéficié d'un reprofilage. Ce, dans le cadre du programme d'urgence de réhabilitation des pistes cotonnières initié par le Premier ministre Guillaume Soro depuis bientôt 6 mois. A l'intérieur de la ville, les quelques rues existantes accusent, malheureusement, un état de dégradation très avancé. Les quelques kilomètres de bitume qui recouvrent l'artère principale sont, totalement, à refaire. La ville de Mankono ne peut pas se prévaloir d'une définition net du redéploiement de l'administration. La présence de l'administration est à peine perceptible en dehors de la présence du corps préfectoral. D'ailleurs, le préfet n'a été officiellement célébré par les populations que le dimanche 30 mars dernier. Seule la présence d'un hôpital général, d'un lycée moderne et de deux écoles primaires publiques confère un air de modernité à la ville. Toutes ces structures sont, cependant, dans un piteux état comme le reconnaît, si bien, le président du conseil général, Me Youssouf Fofana.

L'Etat de l'hôpital.

L'hôpital de Mankono est dans un état déplorable , avoue le président du conseil. Des propos tenus lors de la cérémonie de remise de dons organisée par l'Association pour le développement de Tonhoulé (ADT) présidé par le colonel à la retraite, Mamadou Dosso, le samedi 29 mars dernier. Ce dernier a pris soin de s'entourer d'une équipe de jeunes cadres dynamiques et volontaires. Quant au Président du conseil général, il ne croit, certainement, pas si bien le dire. Seulement deux bâtiments sur cinq au total sont opérationnels dans cet hôpital. L'un sert de salle d'accouchement et l'autre fait office de salle de consultation pour un personnel réduit à trois personnes en lieu et place de la dizaine prévue, selon M. Diane Badaye, directeur de l'hôpital : Il n'y a que deux médecins qui s'alternent une fois par mois parce qu'ils sont constamment à Abidjan , révèle le directeur. L'hôpital n'est plus apte à hospitaliser les malades faute de matelas. Aucun matériel propice pour le laboratoire qui n'existe, d'ailleurs, plus : Nous n'avons que les dons de matériel reçu il y a quelques semaines de la part du Premier ministre Guillaume Soro a-t-il déclaré. Et de poursuivre : L'hôpital enregistre moins de quinze consultations, par jour, étant donné que les populations savent que nous n'avons pas grand-chose à proposer . Pourtant de nombreux cas de paludisme, de fièvre typhoïde et de méningite ont été signalés dans le département, avance pour sa part l'infirmier rencontré dans la salle de consultation. L'hôpital de Mankono attend toujours de l'aide de la part des bonnes volontés, plaide le Directeur et l'infirmier qui tentent contre vents et marrées d'assurer le service minimum au profit des populations : Les démarches initiées auprès du ministère de la santé sont restées sans suite et nous ne pouvons pas prétendre aux services de la pharmacie de la santé publique (PSP) puisque notre mode de fonctionnement précaire ne nous permet pas de bénéficier de la fourniture de médicaments , a déclaré M. Diane Badaye. L'hôpital de Mankono est donc sous perfusion. En attendant 90% des accouchements se font à domicile, confirme le directeur, avec tous les risques que cela comporte. l'ambulance qui reste encore opérationnel est d'ailleurs le seul symbole encore vivant de cette structure sanitaire.

Au niveau scolaire

L'école primaire de Karamokola, gros village communal situé à près de 3 kilomètres du quartier Tonhoulé sur l'axe Mankono Boundiali, a bénéficié de trente tables bancs, don de l'ADT. Ce geste va permettre à près de 40 élèves d'être confortablement installés en attendant de voir l'école bénéficier d'un bâtiment de trois classes supplémentaires. La triste réalité est qu'à l'EPP de Karamokola, une bonne frange d'élèves reçoit les enseignements installés sous des paillotes de fortune. Sur 6 classes que compte l'EPP de Karamokola, trois sont en paillote. Et ces différentes classes sont tenues de main de maître par un personnel de trois personnes. Le directeur M. Soro Kassinibin, le seul titulaire et deux vacataires ont le mérite d'avoir maintenu cette école ouverte depuis 6 ans. La particularité de cette école est que le taux de scolarisation des filles est plus élevé au Cp1. Sur 42 enfants, on compte 22 filles contre 20 garçons : C'est le fruit d'une grande sensibilisation , révèle le directeur. Pour remédier, un tant soit peu, à cette situation, l'école a bénéficié le 29 mars dernier de trente tables bancs et des kits sportifs de la part de l'association pour le développement de Tonhoulé. Promesse leur a été faite par la voix de M. Cissé Mamadou, 1er vice président, de réfléchir sur les opportunités de construction d'un bâtiment de trois classes. Les actions menées par les cadres du quartier Tonhoulé et qui devancent les structures déconcentrées de l'Etat pour le développement de leur localité, méritent d'être citées en exemple. Surtout dans un contexte de crise où l'Etat a le regard tourné ailleurs. Mankono, une ville chargée d'histoire, pourtant oubliée du développement ? C'est le cas de le dire !
Maïga Idrissa (envoyé spécial)

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