mercredi 23 avril 2008 par Le Patriote

Ce vendredi, au palais de la Culture à Treichville, Oumou Sangaré, la Diva de la musique malienne va communier avec les mélomanes ivoiriens. Pour la princesse du Wassoulou (sa région d'origine au Mali) ce concert est un cadeau qu'elle offre, aux Ivoiriens, pour la paix retrouvée dans le pays. Sans détour, elle aborde aussi la nouvelle orientation de sa carrière. Interview.

Question : Qu'est-ce que vous apportez de nouveau à vos fans?
Oumou Sangaré : Beaucoup de surprises. Depuis 2001, ça fait quand même un bon moment. J'ai amené beaucoup de nouveautés, beaucoup de choses pour les fans. Après les tournées européennes. J'invite tout le monde au show. Comme ça, ils pourront faire les commentaires eux-mêmes.

Q : Ce long moment que vous avez fait sans venir en Côte d'Ivoire était-il dû au manque de promoteur ou à une simple volonté ?
O.S : Non, pas forcément. J'ai eu plus de 40 demandes de concert pour la Côte d'Ivoire. Mais ce n'est pas seulement la Côte d'Ivoire que j'ai perdu de vue. Je fais beaucoup de choses maintenant. Je suis presque "businesswoman". Je vends des véhicules, je m'occupe de mon hôtel et je tourne beaucoup en Europe. Je suis même absente des scènes de Bamako. C'est dû à mes occupations. Comme la paix est revenue, en Côte d'Ivoire, ça m'a aussi poussée à tout laisser tomber et revenir appuyer cette paix-là et soutenir mes frères et s?urs qui ont traversé des moments durs, prier le bon Dieu pour que cette paix-là reste en Côte d'Ivoire

Q : N'avez- vous pas d'appréhension par rapport à cette longue période d'absence ?
O.S : Non, je suis restée en contact avec mes fans. Ils m'écrivaient, ils m'envoyaient des e-mails. Je n'ai jamais été coupée de la Côte d'Ivoire.

Q : Combien de titres allez-vous jouer ce vendredi ?
O.S : Je suis là pour satisfaire mon public. Je ne sais même pas combien de titres je vais jouer. A part les chansons demandées, toute la soirée, je vais jouer des morceaux inédits.

Q : Vous parlez beaucoup de mariage dans vos chansons. Est-ce à dire que Oumou Sangaré a été traumatisée dans sa vie dans ce domaine ?
O.S : Dans mon enfance, j'ai eu pas mal de problèmes parce que mon père et ma mère se sont séparés quand j'avais 2 ans. Donc, vous voyez que pour un enfant, ça joue. Ça m'a marquée. Et ce qui a causé ce fait, c'est la polygamie, le mariage forcé et c'est à cause de cela que j'ai pris la décision de dénoncer les mariages forcés, la polygamie forcée. Parce qu'il y a la polygamie voulue. Le mariage est tellement dur que si on doit faire des choses par la force, ce serait encore plus compliqué.

Q : Vous êtes une grande ambassadrice de la chanson africaine, quel est votre point de vue par rapport à l'excision ?
O.S : Je crois qu'on a fini avec l'excision, parce que des décrets ont été pris au niveau de l'Afrique pour bannir ce fléau. L'excision au début je n'étais pas contre parce que j'étais naïve comme beaucoup de gens. Mais quand les Italiens sont venus faire un film sur une fille de 6 ans et qu'on a mis ma musique sur le film, ils m'ont invitée, parce qu'ils avaient dû apprendre que je ne condamnais pas l'excision. Ils m'ont enfermée avec le film que j'ai regardé seule du début jusqu'à la fin. Et sans me rendre compte, mes larmes se sont mises à couler quand j'ai vu comment ils ont torturé la fille et comment elle criait. Ses 10 doigts étaient enfoncés dans la terre tellement elle sentait la douleur. Depuis ce jour, je me suis dit qu'il n'était pas possible de rester sans rien faire et que je devais défendre la cause de la femme. Depuis ce jour, j'ai pris mes armes qui sont mes chansons et je me suis battue contre ce phénomène. Dieu merci aujourd'hui on a été entendu et c'est presque fini. Mais pas totalement. Parce que, quand on doit exciser ses propres enfants aujourd'hui, on se cache pour le faire. Si tu le fais et qu'on te prend, tu seras puni. Cela veut dire que cette pratique est en train de partir. Des lois ont été votées uniquement pour ça.

Q : Vous venez de dire que vous êtes désormais une "businesswoman". Est-ce que c'est une manière pour vous de préparer votre retrait de la scène musicale?
O.S : Il y a cet aspect, mais c'est aussi une manière pour moi de montrer à la femme africaine qu'elle peut faire beaucoup de choses et se lancer dans les affaires comme les hommes. Comme je l'ai tant chanté, j'essaie d'en venir aux actes pour leur montrer que c'est faisable.

Q : Les peuples ivoirien et malien sont frères. Est-ce que vous avez des contacts avec des artistes ivoiriens ? Nous avons un compatriote qui réside au Mali en la personne de Tiken Jah. Avez-vous des contacts avec lui et au delà de lui avec tous ceux qui sont restés au pays ?
O.S : Tiken Jah est un frère malgré le fait qu'il soit "mon esclave". Parce que c'est un Fakoly et ils ont été colonisés par nous (les Sangaré). C'est quelqu'un qui est bien, que j'aime bien et que je fréquente au pays. Et je n'ai pas mal d'amis ici parmi les artistes ivoiriens, hommes comme femmes. C'est la famille.

Q : Pouvez-vous jouer un jour avec un artiste ivoirien ?
O.S : Avec plaisir, pourquoi pas ? Je joue avec les artistes américains, français Pourquoi pas avec mes frères africains !

Q : Les duos que vous faites ne vont-ils pas dénaturer votre musique ?
O.S : Jamais. Les duos que je fais, c'est pour montrer aux autres publics que les artistes africains sont prêts à affronter tout. Alors que si on les invite à venir chanter dans nos rythmes, ce sera difficile pour eux. C'est pour montrer que l'africain peut aller loin.

Q : Vous avez récemment été au centre d'une rumeur de pornographie. Comment avez-vous vécu cela depuis le Mali ?
O.S : Je ne m'occupe pas trop des rumeurs. Je ne sais pas trop comment ça s'est passé ici, mais si Dieu même te mets devant, il faut éviter de regarder en arrière. Il a crée les prophètes, qu'est-ce qu'on ne leur a pas dit ? C'étaient des exemples forts pour nous qui sommes venus après eux. J'ai toujours dit que si on me suit c'est peut-être parce que je suis devant. Vraiment les jaloux, je ne m'occupe pas trop d'eux.

JAD

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