mardi 19 février 2008 par Nord-Sud

Au cours d'une visite surprise le week-end dernier à l'université de Bouaké, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Cissé Ibrahim Bacongo, a constaté un déphasage entre les fonds versés à cet établissement et les investissements réalisés sur le terrain. Dans cet entretien, Dosso Lama, directeur du Centre régional des ?uvres universitaires affirme ne pas être concerné par les révélations du ministre.

?Le week-end dernier, l'un de vos entrepreneurs qui était à l'université de Bouaké avec le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique n'a pas pu donner séance tenante le coût du projet qu'il exécute. Il a demandé qu'on lui permette d'abord de consulter ses documents. Comment expliquez-vous cela ?

Mon représentant sur place m'a appelé pour me faire le point de la visite du ministre. A la fin de la visite, le ministre devait avoir une séance de travail avec les responsables. L'entrepreneur en question c'est le responsable de la société EBF chargée de la réhabilitation du restaurant universitaire. Je crois qu'il attendait la séance du travail pour pouvoir répondre au ministre en donnant des détails documents à l'appui.





?Nous vous posons la même question. Quel est le coût de la réhabilitation du restaurant ?

C'est exactement 61, 888 millions de Fcfa.





?Quel est le montant déjà payé ?

Rien n'a encore été versé. Il est important que je vous rappelle à ce niveau que les montants annoncés par la presse par le ministre ne concernent pas le Crou. Nous avons participé à toutes les missions pour la réouverture de l'université de Bouaké à Bouaké. Il était difficile pour nous d'accepter que les étudiants que nous avons vus venir depuis 1992 n'aillent pas à l'école. Donc nous nous sommes inscrit résolument dans le processus de réouverture de l'université de Bouaké à Bouaké. Mais les premiers travaux de cette réouverture ont été effectués au plan académique. Un certain nombre d'amphis ont été réhabilités parmi tant d'autres. Cet aspect est géré par la présidence de l'université. Le côté social qui nous concerne n'a bénéficié de rien. Les cours ont commencé et ont duré 2 à 3 ans pendant lesquels le volet social n'avait encore bénéficié de rien. En 2007, après 6 mois de fonctionnement, notre budget nous a été signifié quand le budget de l'Etat a été adopté par l'Assemblée nationale. A partir de ce moment, il était question pour nous de faire quelque chose. Nous avons ciblé 7 chantiers de réhabilitation. Le premier concerne la remise en place du poste de livraison électrique parce que le courant n'arrivait plus sur le campus. Le deuxième chantier, c'est la réhabilitation de la station des eaux usées. Le troisième, le restaurant et son annexe. Le 4ème, le centre médical. Le 5ème, c'est la résidence N°8. Le 6ème, c'est la résidence N°9 et le 7ème le logement du directeur de la cité. Il fallait procéder à un appel d'offres pour exécuter ces projets. Mais devant l'urgence et après un ultimatum des étudiants, nous avons dû prendre le taureau par les cornes. Nous avons commencé les travaux sans même savoir si on aurait l'autorisation de les financer. Nous avions tout juste 2 mois pour finir l'année. Passé les 2 mois, on perdait le budget. 7 entreprises ont été choisies en fonction de leur capacité à s'autofinancer.





?Quel est le coût de ces sept chantiers?

Comme je vous l'ai dit, la réhabilitation du restaurant s'élève à 61, 888 millions de Fcfa. La remise en marche du poste de livraison Cie a coûté 27,494 millions Fcfa, 39,550 millions de Fcfa pour le bassin d'épuration, 40, 620 millions Fcfa pour le centre médical, 53, 510 millions Fcfa pour la résidence n°8, 54,250 millions pour la résidence n°9, soit un total de 291, 113 millions Fcfa. La dotation globale pour ces projets s'élevait à 295 millions Fcfa sur la ligne budgétaire 229. Les 4 millions restants ont servi à l'achat d'une antenne parabolique pour les étudiants de l'université de Korhogo.



?A quel niveau sont les travaux?

Ils ont débuté le 15 août. Le budget devait être clos fin septembre. Vous voyez le laps de temps qui séparait le début des travaux et la clôture du budget. C'était une sorte de challenge puisqu'après, il fallait négocier une autorisation pour payer les entrepreneurs. Et pour le faire, il fallait constater l'effectivité des travaux sur le terrain. Au jour d'aujourd'hui, les travaux ont été exécutés à 98% en moyenne générale. La résidence 9, le poste de livraison Cie (Compagnie ivoirienne d'électricité) et le bassin d'épuration ont été déjà livrés. Pour les chantiers restants, les entreprises sont à court d'argent pour achever les travaux. Elles attendent le payement. Aujourd'hui, aucune entreprise n'a perçu un centime. Le budget, c'est du papier. Nous attendons toujours l'approvisionnement. Si les fonds sont disponibles, les entrepreneurs donnent deux semaines pour que les travaux soient achevés à 100%.

?Que dit le Trésor ?

Des promesses nous ont été faites. Les démarches sont en cours. Le payement se fera incessamment.

Les entreprises ont été choisies sur la base de leur capacité d'auto financement. Comment expliquez-vous alors que certaines d'entre elles ne puissent pas terminer leurs travaux sans l'intervention de l'Etat

Certaines entreprises ont mal estimé le coût de leurs travaux. D'autres qui sont basées sur place n'ont pas obtenu tout le financement de leurs banques. Nous avons remarqué que la majorité des entreprises qui n'ont pas pu achever les travaux viennent de Bouaké. Les banques ne peuvent pas leur faire de cautionnement tandis que celles qui ont l'habitude de travailler en zone gouvernementale ont la possibilité d'avoir des cautionnements.


?Est-ce que vous ne saviez pas cela au départ ?

En tant qu'administration, notre préoccupation était de faire en sorte qu'il n'y ait pas de grabuge. Il y a des entrepreneurs qui sont sur place à Bouaké et qui ne travaillent pas. Il faut penser à eux. Nous en avons choisis.


?Et aujourd'hui vous êtes devant les conséquences de vos choix

Elles sont moindres par rapport à ce qui aurait pu se passer s'il n'y avait plus aucun entrepreneur à Bouaké. Aujourd'hui qu'on soit à Bouaké ou à Abidjan, tout le monde est partie prenante dans la paix.

Interview réalisée par Cissé Sindou

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