lundi 18 février 2008 par Nord-Sud

Les efforts de médiation déployés par l'émissaire de l'Union africaine, Kofi Annan au Kenya ont progressé vers la formation d'un gouvernement de coalition.


Les protagonistes de la crise kenyane ont exclu l'organisation d'un nouveau scrutin mais ont convenu de se pencher sur les modalités de la formation d'un gouvernement de coalition dont les termes seront déclinés mardi, ont annoncé les médiateurs hier à Nairobi. L'ex-secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), Kofi Annan, qui supervise ces négociations, a indiqué que les parties ont renoncé à une réorganisation de l'élection présidentielle mais se sont entendues pour former un nouveau gouvernement. Les efforts de médiation qui ont démarré il y a 21 jours ont progressé jusqu'au troisième point des négociations, qui porte sur la manière de régler la crise politique dans laquelle est empêtré ce pays d'Afrique de l'Est. M. Annan a déclaré que le quatrième point, à savoir la solution de la crise par des solutions à long terme comme la création d'emplois pour les jeunes, a été abordé. Il a réitéré son engagement dans ces négociations en avertissant que ceux qui traînaient des pieds seraient déçus. Les Etats-Unis ont décidé de s'impliquer dans le règlement de la crise kenyane. La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a été dépêchée à cet effet à Nairobi par le président G. Bush pour aider à mettre fin à la violence post-électorale qui a fait à ce jour plus de 1.000 morts dans ce pays. Selon le département d'Etat, Mme Rice vient appuyer la médiation de l'ancien secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan qui essaie de convaincre le président Mwai Kibaki et le chef de file de l'opposition, Raila Odinga, à conclure un accord politique. Dans son programme officiel, Condoleezza Rice doit s'entretenir avec M. Kibaki et le chef de l'opposition, M. Raila Odinga. Elle espère également rencontrer des responsables de la société civile. Sa tâche ne sera pas de tout repos. Le gouvernement kényan a réitéré hier dimanche son refus de toute ingérence extérieure dans le règlement de la crise post-électorale, dans une allusion voilée à la secrétaire d'Etat. Nous encourageons nos amis à nous soutenir, à nous encourager, mais pas à faire l'erreur de pointer un pistolet sur la tempe de quelqu'un et de dire : c'est ça ou rien , parce que ça ne peut pas marcher , a mis en garde le ministre kényan des Affaires étrangères, Moses Wetangula. Sans mentionner les Etats-Unis, le chef de la diplomatie kényane a ajouté: ceux qui nous soutiennent devraient s'abstenir de tout langage catégorique, qui tendrait à faire croire qu'on nous dit: vous devez faire ceci ou vous devez faire cela. () Si nous accueillons favorablement les propositions, les opinions, les suggestions (...) à la fin, ce problème sera réglé par les Kenyans , a insisté M. Wetangula. La Maison blanche qui n'entend pas être le grain de sable qui risque de bloquer le processus en cours a tenu à rassurer le régime en place. Le président Bush, en tournée d'une semaine sur le continent africain, a assuré qu'il ne voulait pas imposer une solution au Kenya, après s'être entendu à Dar-es-Salaam avec son homologue tanzanien Jakaya Kikwete, qui assure la présidence tournante de l'Union africaine (UA).

Le Kenya a failli sombrer dans la guerre civile après l'élection présidentielle du 27 décembre, que le Mouvement démocratique orange (Odm) considérait comme largement truquée en faveur du président Mwai Kibaki. Les violences politico-ethniques qui ont suivi le scrutin ont été le révélateur de conflits fonciers et ethniques profonds, jamais réglés depuis l'indépendance en 1963.

Il s'agit de l'une des pires crises à laquelle le Kenya, jusqu'à présent allié de Washington et considéré comme l'un des pays d'Afrique les plus stables jusqu'à la fin de l'année dernière, ait eu à faire face depuis son indépendance.



Jean Roche Kouamé

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