lundi 18 février 2008 par Le Nouveau Réveil

Il ne sait pas comment nous avons créé notre mouvement. C'est un arriviste
L'appel du président du RDR aux Forces nouvelles de rejoindre les rangs de son parti est une véritable polémique. Le numéro 2 de l'ex-rébellion, Louis André Dakoury-Tabley qui, dans une interview, n'y avait pas vu d'inconvénient, est vertement tancé par le Chef d'Etat major adjoint des Forces nouvelles, le Commandant Wattao. Dans cette interview, il ne porte pas de gants pour attaquer le ministre Dakoury.


La date de juin a été fixée comme celle des élections. Est-ce que cette date sera respectée?

Selon des informations en notre possession, ces élections pourraient être reportées pour trois mois. Parce que le cahier des charges de SAGEM n'est pas encore prêt. C'est vrai, on veut aller vite. Nous devons aller lentement et sûrement. La Côte d'Ivoire n'est pas un petit pays. On ne peut pas quitter une guerre et aller subitement aux élections. C'est préparer le chaos. Il faut qu'on prenne notre temps pour organiser des élections transparentes et justes. Pour ne pas que quelqu'un puisse les contester. Aujourd'hui, nous avons des problèmes pour regrouper nos éléments. Le service civique n'est pas ouvert.

Quelle explication donnez-vous à la non réhabilitation des sites de regroupements des ex-combattants dans les zones CNO?

Ce sont les moyens qui manquent. La décision de regroupement a été prise depuis Ouagadougou. Il faut que le gouvernement se lève pour que ces sites soient réhabilités pour la bonne marche de l'Accord de Ouagadougou.

D'aucuns disent que vous avez joué la comédie le 22 décembre dernier lors du lancement de l'opération du DRR. Puisque vos éléments ne sont pas encore regroupés

Ce n'est pas de la comédie. Les mauvaises langues vont toujours dire ce qu'elles pensent. Le général Philippe Mangou a fini sa tournée. Il a fait redescendre toutes les troupes des différents fronts. Les casernes au sud sont déjà prêtes. Ce n'est pas le cas pour nous. Il faut réhabiliter les camps pour accueillir nos éléments. Dans ces temps-ci, les choses vont aller. Il y a eu une rencontre entre le ministre de la Défense et les deux généraux. Tout va rentrer dans l'ordre.

Le ministre de la Défense disait dernièrement que tous ces problèmes de logistique évoqués aujourd'hui avaient été évoqués avant la signature. Pourquoi on n'a pas préparé la logistique bien avant ?

Nous ne voulons pas attaquer quelqu'un. Parce que nous sommes dans un processus. C'est vrai, on avait parlé de ça. Si ça n'a pas été fait, on ne peut pas accuser les Forces nouvelles. Nous n'avons pas refusé. Les moyens devaient suivre. Que voulez-vous que les Forces nouvelles fassent? On veut aller au désarment, au regroupement, il faut des moyens. Tant qu'il n'y a pas les moyens, on ne peut rien faire. Il faut arrêter les discours pour endormir les gens. Si on a décidé d'aller au regroupement, il faut qu'il y ait les moyens. Pour que les combattants soient entretenus. Afin de les empêcher qu'ils reviennent sur les corridors. Il faut éviter cela.

La question des grades demeure. Qu'en est-il exactement?

Le débat sur les grades est clos depuis longtemps. Il ne faudrait pas qu'on remue le couteau dans la plaie. Il n'y a pas de problème. Nous avons encore nos grades jusqu'à preuve du contraire. Notre avenir dans l'Accord de Ouagadougou se trouve entre les mains du Président Laurent Gbagbo, du Premier ministre Guillaume Soro et du facilitateur, le Président Blaise Compaoré. ()

Au deuxième congrès du RDR, Alassane Dramane Ouattara a invité les Forces nouvelles à rejoindre son parti. Commentaire?

Son appel était bien. Nous le saluons. Les Forces nouvelles ont un rôle à jouer aujourd'hui dans le processus. Nous sommes des arbitres. Nous n'avons pas de parti politique. Notre objectif, c'est d'organiser les élections en Côte d'Ivoire. Si nous basculons dans un parti ça sera gauche. Peut-être que c'est après les élections que chacun pourrait choisir son parti. Les Forces nouvelles ne regorgent pas que seulement du RDR. Il y a du FPI, du PDCI. Il y a tout. On ne peut pas aller aujourd'hui dans les bras d'un parti politique.

Votre position n'est pas partagée par Dakoury-Tabley qui est le numéro deux des Forces nouvelles. Selon lui, l'appel de Ouattara est l'occasion pour chacun d'exprimer sa liberté. Puisqu'il y a la branche militaire et la branche politique

Il faut qu'il nous dise qu'on a attaché sa langue pour ne pas qu'il parle. On reconnaît le Premier ministre Guillaume Soro comme notre chef. On ne peut pas permettre à quelqu'un de quitter ailleurs pour venir nous raconter des sottises. Nous ne sommes pas prêts pour ça. C'est montrer que le Premier ministre est incapable de gérer les Forces nouvelles. Nous ne sommes pas partants pour ça. Ce monsieur a pu gérer la Fesci et les Forces nouvelles. Il ne faudra pas qu'on nous dise que le Premier ministre est incapable. Nous ne l'accepterons pas. C'est grâce aux Forces nouvelles que lui, Dakoury, est ministre. Sinon le Président Laurent Gbagbo ne va jamais le nommer. Il le sait lui-même. Dakoury ne sait pas comment nous avons créé notre mouvement. Il est venu nous rejoindre. C'est un arriviste. S'il sait qu'il ne peut plus continuer avec nous, qu'il démissionne. C'est tout. Guillaume Soro est majeur. Il est responsable.

Est-ce que vous avez approché Dakoury pour en savoir davantage sur sa sortie?

Non. Parce que nous avons un seul chef qui est en même temps Premier ministre. C'est lui qui doit donner les instructions. Nous n'avons pas d'ordre à recevoir de Dakoury. Sa sortie a été gauche.

Pourquoi sa sortie est-elle gauche?

Quand il nous dit que ça sera l'occasion pour Alassane Ouattara de régler les problèmes des Forces nouvelles. Nous ne sommes pas un parti politique. Nous avons pris les armes ce n'est pas pour aboutir à un parti politique. Si c'était cela on n'allait pas prendre les armes. Il ne faut pas que quelqu'un prenne notre mouvement pour le transformer en parti politique. Si Dakoury a des problèmes personnels à régler avec le Président Gbagbo, qu'il aille les régler. Qu'il ne se serve pas de notre mouvement. Nous ne voyons pas où est le problème.

Est-ce que l'appel du leader du RDR a fait l'objet d'une réunion?

Nous attendons. Notre chef Guillaume Soro n'a rien dit encore. Peut-être qu'une fois rentré il y aura une réunion sur la question. Notre chef n'a pas encore décidé. Personne ne peut décider à sa place. Que Dakoury nous laisse tranquilles. Il est libre d'aller créer son parti. Personne ne l'empêche. Voilà quelqu'un, lorsqu'il n'était pas ministre, déplorait le fait que les ministres issus des Forces nouvelles n'allaient plus à Bouaké. Depuis qu'il l'est devenu, il est à Abidjan. Il n'a pas mis les pieds à Bouaké. Nous ne sommes pas là pour gérer sa carrière. Nous regardons vers l'avenir.

Interview réalisée par YMA

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