vendredi 15 février 2008 par Le Nouveau Réveil

Des victimes de guerre signent le samedi prochain, un partenariat avec une micro-fianance de la place. Avant cet accord, le président du Rassemblement des Victimes de Guerre de Côte d'Ivoire (RGVCI) expose ici leurs problèmes et le manque d'assistance de l'Etat. M. le président, pourquoi une ONG des victimes de guerre ?
J'ai créé cette ONG pour venir en aide aux frères et s?urs déplacés de guerre comme moi. Je suis venu de Man où j'ai perdu ma maman et mon grand frère dans cette guerre. Cela m'a poussé à aider les plus démunis et les plus déshérités. Le Rassemblement des Victimes de Guerre de Côte d'iVoire (RGVCI) compte combien de membres ?
Le RGVCI a plus de 4. 000 membres. Cette ONG existe depuis 2002. Nous avons notre siège qui est à Anyama. Depuis donc, nous avons essayé d'installer certaines de nos mamans, certains de nos frères. Nous les avons initiés à des métiers pour les aider à se prendre en charge.
C'est une tâche qui n'est pas facile. alors, comment vous vous y prenez ? Quels sont vos problèmes ?
Nos membres ont beaucoup de difficultés. Depuis notre arrivée, certains membres n'ont pratiquement rien. Ils sont pratiquement tous des démunis. Malheureusement, quand on nous reçoit, c'est pour nous donner des sachets de riz. C'est insuffisant et ce n'est pas intéressant. C'est pour cela que j'ai pris l'initiative d'ailleurs d'installer les victimes de guerre. Au lieu de leur donner du poisson, il est mieux de leur apprendre à pêcher. J'ai commencé donc à écrire à certaines structures de la place, aux différentes ambassades. Mais jusque là, nous n'avons pas eu gain de cause. Nous ne désespérons pas pour autant. Nous travaillons malgré tout cela.
Et l'Etat, est-ce qu'il vous soutient?
Le chef de l'Etat, en son temps, nous a offert une somme de cinq cent (500) mille francs. Je peux honnêtement dire que l'Etat ne nous a pas soutenus depuis que nous sommes-là. Le chef de l'Etat, je me souviens encore qu'il a donné 130 millions au conseiller technique chargé des victimes de guerre, M. Dodié. Et nous avons reçu cette somme de cinq cent (500) mille francs, ce qui nous a permis de nous installer et de faire notre agrément. Est-ce que les victimes de guerre ne se sentent pas abandonnées ?
C'est difficile. Tantôt, on se sent abandonné. Parce que ces derniers temps, nous nous sentons frustrés, nous nous sentons abandonnés. Les raisons, nous avons parlé des projets de loi pour reconnaître les victimes et puis les indemnités qui ne viennent pas. Ce n'est pas vraiment facile pour tous ces membres. Face à tous ces problèmes, qu'est-ce que vous faites ?
Je tape à toutes les portes. Les preuves, nos hommes sont aujourd'hui en relation avec Ivoire finance. Cette micro-finance nous a compris, elle a été sensible à nos problèmes et a accepté de signer un partenariat avec nous pour prendre en charge ces victimes en hauteur de 50.000 francs pour leur permettre de faire de petits commerces. Mais la somme est remboursable. C'est mieux qu'on leur tende des sachets de riz et 2000 ou 3000 francs qui ne résolvent par le problème des victimes de guerre. On parle de plus en plus de retour des déplacés dans leurs zones. Est-ce que vous vous sensibilisez vos membres à ce projet ?
Moi-même, j'ai eu à sillonner les villes de l'intérieur, les zones assiégées, notamment. Je répète encore que ce n'est pas facile. Parce qu'après la guerre, tout a été dévasté. Ce n'est pas facile pour une victime aujourd'hui de retourner chez elle les mains vides. Nous demandons à l'Etat de nous donner les mesures d'accompagnement pour que ces victimes de guerre puissent repartir. Car, lorsqu'elles repartent, elles sont obligées de revenir. C'est donc pour vous dire qu'il y a problème. Le gouvernement a pourtant indiqué que toutes les dispositions sont prises pour faciliter ces retours. Nous attendons ces dispositions qui sont prises au niveau du ministère des Victimes de guerre. Nous attendons nos indemnités, et le projet de loi pour que la victime puisse se prendre en charge. Est-ce que vos membres pensent à retourner un jour chez eux ?
Oui. Beaucoup de membres pensent à ce retour. A mon niveau, je leur demande de s'organiser jusqu'à ce que le gouvernement leur fasse un clin d'?il. Mais Dieu merci, cette micro-finance essaie de nous tendre la main. Qu'est-ce que cette structure vous apporte ?
La micro-finance, après discussion, prend en compte chaque membre à hauteur de 60.000 francs pour lui permettre de s'installer. Il y a des femmes que nous avons déjà installées dans les marchés qui vendent, soit du charbon, soit du poisson. Des jeunes gens qui font des cabines. Cette micro-finance vient donc à point nommé.
Interview réalisée par Djè KM

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