jeudi 14 février 2008 par Le Jour

Le Soudan, le plus vaste pays d'Afrique traverse une crise sans précédent. Celle-ci, s'intensifie dans la région du Darfour et suscite de plus en plus de vives inquiétudes. Malgré plusieurs tentatives de résolution de ce conflit, il continue de prendre des proportions inquiétantes. Quelle est l'origine de ce conflit ? Quelle est sa nature ? En quoi constitue t-elle une menace pour la région ? Que faire pour restaurer une paix durale au Darfour et dans la sous-région ? Selon les rapports d'ONG et de l'ONU, la lenteur dans le progrès des négociations a abouti à des tristes réalités. Car la crise de Darfour qui avait en 2007 provoqué plus de 300.000 morts, de 1 million de déplacés et plus de 2,2 millions de personnes sans nourritures, ni médicaments continue de causer des dégâts au sein des populations. Aujourd'hui,on assiste à une crise humanitaire qui est fortement soutenue par les conflits politiques longtemps ignorés. En effet, la crise du Soudan a ses origines dans l'Indépendance en 1960 du Soudan. De fait, les Britanniques et les Egyptiens avaient ouvert la voie aux hostilités en entretenant de fragrantes injustices entre les régions du pays et les différents groupes ethniques, en privilégiant les habitants du nord, d'origine arabe, au détriment des africains .Conséquence, les institutions et des ressources, dont le pétrole du pays ont été gracieusement confiées aux arabes du nord du Soudan de la région musulmane. Du coup, les tribus africaines, notamment celles des régions méridionales, occidentales et orientales du pays se sont vues marginalisées socialement. De plus, ils sont victimes d'oppression politique et d'exploitation économique .Pour autant, ils devront rester pauvres durant toute leur vie, si la tendance n'est pas inversée. De ces tractations coloniales et post coloniales, est née une crise de confiance qui va aiguiser les sentiments de révolte en vue de sa liberté. Les peuples mécontents du sud, en majorité chrétiens et animistes, africains d'origine se sont élevés contre ce déséquilibre en mettant en place des mouvements armés. L'Armée Populaire de Libération du Soudan (APLS) en est une parfaite illustration. De 1972 à 1983, temporairement résorbé à la faveur d'un accord de paix qui accordait une autonomie régionale au sud, le président d'alors a dissout des gouvernements régionaux et instauré, voire imposé la charia, la loi Islamique dans tout le pays. Du coup, l'APLS a repris la tête des hostilités. En 2002, les efforts des pays voisins, en vue d'un cessez-le-feu entretenu depuis 1994 a abouti à une entente de principe. Cela devra aboutir à des dispositions assurant la sécurité et l'entente pour le partage des revenus pétroliers en parts égales entre le Nord et le Sud. .Toutefois, certains détails, les plus importants ont été occultés et ont fait l'objet de tractations continues dans le cadre des pourparlers de paix : il s'agit de la question des statuts des trois régions contestées d'Abyei (riche en pétrole) du Nil bleu et du mont Nouba, et d'autre part, la question de savoir si la charia doit continuer de s'appliquer dans la capitale Khartoum. Cette insuffisance a provoqué la problématique Est-Ouest. Ainsi, dans ces régions, où la majorité des groupes ethniques sont des musulmans africains, les groupes armés se sont formés et ont réagi vigoureusement contre cette injustice du régime en place en raison de la marginassion dont ils étaient l'objet. Il s'en suit alors une prolifération de groupes rebelles et de groupes opposants. Avec pour corollaire l'intensification de la crise. Ces derniers écartés n'ayant pas vu la satisfaction de leur revendication ont protesté pour un accès direct aux pourparlers entre le gouvernement et l'Alliance Nationale Démocratique (AND), une coalition de groupes dissidents dans lequel l'APLS joue un rôle déterminant. Le gouvernement fatigué a rompu les pourparlers parallèles dans les provinces occidentales du Darfour. Résultat, les combats se sont intensifiés et le gouvernement a été accusé d'avoir bombardé la population civile et même les réfugiés du Tchad voisin. Chose curieuse, on a accusé le gouvernement d'avoir armé les milices arabes pour combattre les rebelles, même en dehors du Darfour. Ces milices se sont servies des armes pour, terroriser la population et soutenir des crimes de guerre et de graves violations de droits humains. Bien que ces atrocités aient fait l'objet d'enquête internationale par les observateurs de l'Union Africaine. La suite on la connaît. Pourtant, cette crise est très dangereuse pour toute l'Afrique en général et pour la région en particulier. En effet,pays le plus vaste de l'Afrique, le Soudan partage ses frontières avec 9 pays et ses secousses éclaboussent les voisins et toute l'Afrique. Car pendant, la crise du Darfour, ce sont des centaines de personnes qui se réfugient au Kenya, en Ouganda, dans la République Démocratique du Congo et du Tchad. Mais, ces migrations sont sources de déstabilisation croissante de ces pays hôtes ; car des groupes armés y introduisent des armes non contrôlées. La plupart de ces pays hôtes sont aujourd'hui en situation de turbulence et de troubles. On le voit, ils ont connu une circulation abondante d'armes et de munition de façon illicite .Au demeurant, l'ensemble du développement économique et le tissu social de ces pays sont aujourd'hui fragilisés par la contre bande de guerre et la décrépitude des infrastructures.


Par Denis Zodo

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