jeudi 14 février 2008 par Autre presse

Après 1957, 1959, 1986, 1998 et 2006, l'Égypte vient de remporter sa sixième Coupe d'Afrique des Nations, prenant le large sur les poursuivants que sont le Cameroun et le Ghana, couronnés à quatre reprises.

Plus qu'en 2006 où les Pharaons étaient les hôtes de la compétition, Ghana 2008 représente l'aboutissement d'un projet de jeu, qui s'articule autour des valeurs comme la discipline, le collectif, le mental et le jeu.

En 2006, le sacre à la maison avait été suivi de nombreuses critiques, qui expliquaient ce dénouement heureux du fait d'un environnement et d'un arbitrage favorables. En conclusion, la domination n'avait pas convaincu.

Ce n'est pas le cas lors de cette 26e édition, où la démonstration ne souffre d'aucune réserve. L'Égypte par rapport aux autres prétendants (Cameroun, le Ghana et la Côte d'Ivoire), est la seule équipe ayant affiché un équilibre total sur toutes les lignes durant toute la compétition, et qui méritait par ce fait de l'emporter.

Que cache concrètement cette réussite, pour une équipe composée essentiellement de joueurs évoluant dans le championnat égyptien, et qui ne faisait pas partie des favoris de la compétition ?

l'homogénéité et la cohésion comme leitmotiv

Annoncés en baisse de régime suite à une campagne qualificative pour la CAN poussive, les Pharaons n'ont pas mis du temps à changer les pronostics de la compétition, en étrillant le Cameroun dès le match d'ouverture du groupe C, sur le score de 4-2.

Une performance rééditée par les hommes du sélectionneur Hassan Shehata face au Soudan (3-0), et qui ont assuré la qualification contre la Zambie (1-1).

Opposés en quart de finale à l'équipe révélation du tournoi l'Angola, les Égyptiens n'ont pas réalisé leur meilleure partie, mais ont assuré l'essentiel en obtenant la qualification sur le score de 2-1.

Une performance moyenne, qui a été balayée lors de la demi-finale contre le grand favori de la compétition la Côte d'Ivoire (4-1). Ce jour-là, les Pharaons avaient tout simplement sorti leur tenue d'apparat, et renvoyé toute la constellation de stars des Éléphants à leur propre turpitude. Mieux que la finale de l'édition 2006, où ils avaient patienté jusqu'à la séance de tirs aux buts pour sortir vainqueurs de l'opposition face au même adversaire, les Égyptiens ont eu besoin de 90 minutes, pour mettre fin au rêve de Didier Drogba de gagner son premier titre continental.

Cette performance est la synthèse de tout le potentiel de cette équipe. Une technique collective assimilée, une organisation de jeu à l'ancienne (3 défenseurs centraux) mais efficace, une cohésion de jeu parfaite, une solidarité quasi militaire. Quand nous entrons sur le terrain, nous avons une idée bien précise de ce que nous voulons faire. Nous jouons avec la tête explique l'assistant-coach de l'Égypte, Shawky Gharib. Une analyse qui rend compte de l'ampleur de la performance que vient de réaliser ce groupe, dans une compétition où les conditions de jeu (la chaleur et l'état des terrains) ont souvent imposé la victoire des équipes qui étaient les mieux armées sur le plan physique.

L'exploit du sélectionneur le professeur Shehata et ses hommes, vient du fait qu'ils ont su imposer leur jeu en dépit des conditions défavorables, et surtout afficher un mental conquérant à chacune de leur sortie C'est un groupe fort, solide et solidaire. Il n'y a pas un héros, mais 23 dans cette équipe. Cette victoire appartient à tous. Par rapport à l'équipe de 2006, j'ajouterai que le groupe est plus mûr, plus expérimenté avec l'apport de joueurs comme Mohamed Zidan. Nos joueurs importants donnent un maximum de confiance au reste du groupe. On pratique un beau football, et l'entente avec le staff technique est excellente. C'est fondamental, cela nous place dans des conditions parfaites pour évoluer. .

Mohamed Abou Treika le meneur de jeu égyptien, a raison d'insister sur l'apport des joueurs importants dans cette équipe, car l'homogénéité tellement parfaite dont elle fait preuve n'est pas favorable à la mise en perspective de certains joueurs au détriment d'autres.

Le talent individuel au service de l'expression collective

Les vedettes du football international étaient présentes dans cette CAN, notamment du côté de la Côte d'Ivoire, qui pouvait se permettre d'aligner Didier Drogba (Chelsea) Yaya Touré (Barcelone) Kolo Touré (Arsenal)... et même s'offrir le luxe de laisser sur le banc Boubacar Sanogo (Werder Brême). Et pourtant, la juxtaposition de tous ces talents individuels n'a pas résisté à la marée égyptienne en demi-finale. C'est la preuve que le succès se conjugue avec d'autres ingrédients.

En fin connaisseur, l'ex-entraîneur de Chelsea José Mourinho consultant à l'occasion pour Eurosport, interrogé sur les chances de la Côte d'Ivoire de remporter la compétition, indiquait Si c'était un championnat elle l'emporterait, mais la victoire dans une phase finale d'une grande compétition nécessite de prendre en compte d'autres paramètres .

L'un d'eux étant la longue préparation d'un mois suivie par l'Égypte avant la compétition, une formule que ne pouvait appliquer les autres équipes, composées de joueurs évoluant la plupart à l'étranger. Avec un groupe composé essentiellement de joueurs locaux, dont la majorité est issue d'Alhy, du Zamalek et d'Ismaili, le sélectionneur égyptien a donc pris le temps de peaufiner le style de son équipe. Un mélange de rigueur tactique à l'italienne, et de technique collective néerlandaise. Le tout animé par des acteurs au talent affirmé, à l'image du stratège Abou Treika (29 ans), remarquable de technique, et qui aurait sans doute sa place dans les meilleures formations européennes.

On pourrait également le dire pour Essam El-Hadary le gardien de but (35 ans Al Alhy), Hosny Abd Rabou le milieu de terrain défensif auteur de 4 buts (Ismaili 23 ans), Amr Zaky l'attaquant également buteur à 4 reprises (Zamalek 24 ans). Mais les joueurs Égyptiens n'aspirent pas pour la majorité à une carrière à l'étranger, et quand certains franchissent le pas, cela ne se passe pas toujours bien. C'est l'exemple d'Hosny à Strasbourg de 2005 à 2007, ou encore Zaky transféré pour deux millions de dollars en janvier 2006 au Lokomotiv Moscou, mais qui est rentré 6 mois plus tard en Égypte.

Il faut dire que les clubs égyptiens offrent des conditions de vie royales à leurs joueurs, qui jouissent par ailleurs d'un statut privilégié dans leur pays. Ils ne trouvent donc aucune raison de s'expatrier.

La donne pourrait néanmoins évoluer, car Abou Treika a décidé de faire le grand saut, en précisant que la Liga espagnole avait ses préférences (Abou Trika, le stratège égyptien se sent prêt pour la Liga), on ne peut pas dire qu'il ne recherche pas le soleil. Sa décision pourrait néanmoins faire des émules. Exposés comme ils l'ont été au Ghana, les clubs vont sans doute faire le pressing pour les convaincre de rejoindre les championnats européens.

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